Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 946

  • Veyrier : quand le Conseil d'Etat règle ses comptes

     

    Sur le vif - Mercredi 22.04.15 - 17.40h

     

    Le Conseil d’Etat qui annonce publiquement, en plein dans l’entre-deux-tours des élections municipales, l’ouverture d’une « enquête disciplinaire » contre l’exécutif d’une commune, celle de Veyrier : il y a là quelque chose qui ne va pas. Ni dans la démarche. Ni dans le moment choisi. Ni dans la sèche publicité, roide, jacobine comme un couperet, donnée à la chose, dans ce petit chef d’œuvre de constipation rhétorique, pudiquement appelé « communiqué hebdomadaire du Conseil d’Etat ».

     

    Il s’agit du conflit entre Thomas Barth, le bouillant et vibrionnant Maire de Veyrier, et le Conseil d’Etat, notamment le ministre Vert, sur l’affaire des Grands-Esserts. Un véritable roman russe, avec rebondissements, roulette, salades et sans doute aussi quelques poupées : une sorte de « Guerre et Paix », sans la paix.

     

    On nous permettra ici de ne pas entrer en matière sur le fond : d’innombrables aspirines ne suffiraient pas à atténuer la douleur immédiatement contractée par nos périssables neurones, tant l’affaire est complexe.

     

    Nous demeurerons sur le seul plan qui vaille, le seul réel enjeu sous le paravent du juridique : la politique. Annoncer, sur ce son pète-sec de sous-préfet commis aux affaires disciplinaires, une procédure contre trois élus exécutifs, le faire alors que rugit le légitime débat politique en vue du second tour veyrite, tout cela, de la part du Conseil d’Etat, ou tout au moins d’un ou deux ministres, fleure le règlement de comptes.

     

    Il fallait attendre l’issue des élections, donc le lundi 11 mai 2015, pour rouvrir ce dossier dont l’état de pourriture rappelle la pomme du grand Newton, à l’extrême orée de sa chute, aussi révélatrice que fatale.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le chemin de Damas passe-t-il par Lancy ?

     

    Sur le vif - Mercredi 22.04.15 - 13.13h

     

    Le PDC de Lancy a bien sûr le droit de s’allier avec qui il veut pour faire passer son candidat, Stéphane Lorenzini, qui apparaît d’ailleurs comme solide et compétent, à l’exécutif de la ville. Pour faire barrage à Roger Golay, il s’alliera donc cette fois avec la gauche, les socialistes et les Verts. Il s’agit, clairement, d’une entente de circonstance : une alliance objective entre camps normalement adverses pour mettre en minorité un adversaire commun. Soit. Nous sommes à l’échelon communal, cela se fait, ne change pas la face du monde.

     

    Laissons donc les Lancéens à leur cuisine. Après tout, le corps électoral est adulte et vacciné, il jugera si cette alliance lui convient ou non. Mais de grâce, merci de ne pas nous faire le coup des « valeurs communes », ou des grands principes républicains. Le PDC est un parti de la droite genevoise, l’une des composantes (avec le PLR) de l’Entente. Les Verts et les socialistes sont la gauche. En 99% d’autres circonstances, ces deux camps se combattent. Et, loin de brandir des « valeurs communes », ils nous répètent à satiété à quel point leurs projets de société diffèrent. La politique doit être lisible, c’est l’une des clefs d’une citoyenneté saine et active.

     

    Laissons les Lancéens, oui. Et interrogeons-nous plutôt sur la cohérence sémantique du président cantonal du PDC, Sébastien Desfayes, une personne au demeurant que j’apprécie beaucoup. M. Desfayes nous dit, depuis des mois, que le PDC ne doit pas transiger sur ses valeurs, et qu’en vertu de cela, il ne saurait conclure d’alliance avec le MCG. Soit. Mais alors, s’il « ne transige pas sur ses valeurs », comment justifier, au niveau de la cohérence cantonale, une alliance avec la gauche ? Car enfin, si le MCG ne fait pas partie des « valeurs » du PDC, il me semble que la gauche non plus.

     

    Dans l’estimable croisade de ce parti pour la défense de ses « valeurs », il y aurait donc deux poids, deux mesures. Avec une singulière marge d’adaptation, ou de concessions, à l’originelle pureté des « valeurs », lorsque, par hasard, surgit sur le chemin l’aubaine d’un poste à conquérir.

     

    Sur le chemin de Damas, il est convenu qu'un cavalier, frappé d'une intense lumière, tombe de cheval. Reste à savoir de quel côté.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Mediterranée : non au Cimetière marin !

    1290_cimetieremarin07.jpg 

    Sur le vif - Lundi 20.04.15 - 15.11h

     

    Il ne s’agit plus ici de savoir si nous sommes de gauche ou de droite. Nous somme des citoyens, des hommes et des femmes libres, responsables. Et puis, nous sommes des humains, reliés dans cet état par quelque chose de planétaire qui, parfois, transcende les clivages. Alors, dans la mystérieuse verticalité de cette double appartenance, comme humains et comme citoyens, nous ne pouvons laisser continuer ainsi les naufrages de migrants en Méditerranée.

     

    Je ne dis pas ici qu’il faille ouvrir les frontières. Mais il faut faire quelque chose. Non au seul niveau suisse, qui est bien modeste, mais cette fois, oui, à l’échelon du continent. Peu importe que nous ne soyons pas dans l’Union européenne. Nous devons faire partie, dans ce dossier-là, d’une solution d’urgence mise au point au niveau européen. Une décision politique, forte. Une décision d’exception. Appliquée sous le contrôle des élus, et non laissée à la jungle des administrations.

     

    Parce que l’Afrique, ça existe. L’humanité africaine, aussi. Elle n’a rien à envier à la nôtre. D’ailleurs, au nom de quoi l’une des appartenances humaines de la planète serait-elle moins importante que d’autres ? Simplement, une grande partie de l’humanité africaine se trouve dans des conditions sociales, économiques, où nulle autre issue ne s’impose que celle de la migration. Ajoutez à cela la transformation en clans tribaux, avec tout ce que cela implique de rançons, de trafics et de passeurs, de certains pays d’Afrique du Nord où l’Occident, croyant que chasser un dictateur allait tout résoudre, a démantelé l’Etat. Et a ainsi laissé, plus encore que naguère, s’installer dans ces pays des pratiques envers les migrants rappelant les pires époques.

     

    De grâce, ne laissons pas les horreurs de ces naufrages en Méditerranée s’engluer dans le seul débat suisse sur les questions d’asile. Depuis plus de trente ans que je m’occupe de politique fédérale, ce dossier, livré aux technocrates, empesé par un fédéralisme de complication et d’administration, incapable de faire émerger des choix politiques clairs, est géré de façon catastrophique. Illisible, de plus : personne, dans la population, ne comprend rien à cette jungle de « centres de requérants » qu’il faut ouvrir, ici ou là, avec chaque fois les recours de la population locale. Aucune vision d’ensemble, juste la bureaucratie à l’état pur.

     

    Je ne sais pas ce qu’il faut faire, mais je sais que les migrants africains sont nos frères humains. On n’est évidemment pas obligé de les accepter tous. Et chaque pays, cela demeure mon credo, a le droit de réguler ses flux migratoires. Mais laisser ainsi la Méditerranée, qui devrait justement être ce lien sacré, intime et sublime, archaïque et recommencé, entre le Nord et le Sud, devenir le Cimetière marin des espoirs migratoires de nos frères en humanité sur le continent africain, alors là je dis non. On peut être de gauche ou de droite, placer où l’on veut le curseur de l’accueil dans notre politique migratoire, cela se discute dans les aléas de la politique. Mais là, nous sommes au-delà de la politique. Et la lumière de cet « Ailleurs » doit nous inspirer des postures et des décisions d’exception. Au nom de l’humanité, une et indivisible.

     

    Pascal Décaillet