Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.06.25
Weimar, en Thuringe, est l’une de mes villes préférées au monde. Ils y ont tous vécu, Goethe, Schiller, Bach, Wieland. Luther y a prêché. Thomas Mann y situe, en 1939, son merveilleux roman « Lotte in Weimar », où la vraie Charlotte qui avait inspiré l’héroïne du Werther, en 1774, retourne en 1816, pour tenter d’apercevoir l’immense écrivain qui l’avait aimée, 42 ans plus tôt.
C’est un peu une ville-musée, presque exagérément à mon goût, avec un véritable culte des noms de rues, des porches de maisons, pour rappeler que tel ou tel de ces immortels créateurs avait vécu là, séjourné. Il circule même, dans Weimar, d’excellents pastiches de cette dévotion, sous la forme d’écriteaux : « Hier hat Goethe nie gewohnt ».
Mais enfin, pour y avoir fait deux séjours décisifs, à plus de vingt ans d’intervalle, j’aime Weimar. Comme j’aime, avec passion, toute l’ex-DDR. Cette ville passionnante, demeurée calme et modeste, abrite, près de l’extraordinaire musée du Bauhaus, et aussi du cimetière militaire soviétique, un parc public, d’une troublante beauté.
Il règne, dans ce parc, une mélancolie presque angoissante, entre la majesté d’arbres séculaires et sublimes, et des ruines antiques reconstituées au dix-huitième. Des centaines d’étudiants y lisent, dans l’herbe. Mais surtout, c’est le parc du silence. Les Allemands respectent les lieux de culture et de mémoire. Et j’aime cela, passionnément.
Pascal Décaillet