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Liberté

  • Vive la Commune !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.01.25

     

    J’ai décidé de m’impliquer comme un malade dans la couverture des élections municipales, les 23 mars et 13 avril prochains, dans les 45 Communes de notre Canton. La Commune, c’est l’échelon premier, c’est la vie des gens. Et ceux qui s’impliquent dans les Conseils municipaux (délibératifs) ou administratifs (exécutifs) méritent notre respect : la tâche est souvent ingrate, il faut sacrifier des soirées, les sujets sont parfois austères, bref il faut avoir le moral, et une vraie flamme citoyenne.

     

    Je ne traiterai pas les problèmes spécifiques de toutes les Communes, ni de tous les partis, c’est impossible. Mais je propose quelques échantillonnages mêlés, cinq partis, cinq candidats, cinq Communes, où nous tentons ensemble de dégager les grandes lignes de l’engagement municipal. Mais aussi, la dignité de la Commune, son autonomie, sa spécificité face au Canton, autorité de tutelle parfois arrogante, trop jacobine, et surtout pas assez à l’écoute.

     

    Les Communes genevoises, c’est évidemment la Ville de Genève, deux cinquièmes de la population cantonale. Mais ce sont aussi les 44 autres, et pas seulement les grandes de la ceinture urbaine ! Alors voilà, je vais tenter de puiser ici et là des frissons de passions communales. A tous les candidats (ils sont des centaines), dans toutes les Communes, je souhaite bonne chance ! Vive la politique, quand elle concerne la vie des gens !

     

    Pascal Décaillet

  • Les réseaux sociaux ? Mais c'est la vie qui vole !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.01.25

     

    Je suis un défenseur acharné des réseaux sociaux. Et je combats de toutes mes forces le mépris dont font preuve les « médias traditionnels » à l’égard de ces nouveaux canaux de communication, dont ils sont manifestement jaloux. Dès l’apparition de la radio, au début des années 1920, la presse écrite avait affiché la même méfiance condescendante. Puis, au début des années 1950, la radio (devenue institutionnelle) s’était alliée aux journaux pour conspuer la télévision, et maintenant ce sont les trois précédents qui pestent ensemble contre les réseaux. Ces derniers survivront, comme la radio, puis la TV, avaient survécu aux attaques. Les anciens médias continueront d’exister, mais autrement, redimensionnés à des besoins plus spécifiques, et ce sera très bien ainsi. Il serait vivifiant, pour un romancier, d’imaginer une violente manifestation du syndicat des moines copistes, à la fin du quinzième siècle, contre cette diabolique invention d’un certain Gutenberg, l’imprimerie.

     

    Je suis un homme de médias : presse écrite, radio, télévision. Lorsque je me suis mis sur un réseau social (un seul me suffit largement), il y a quatorze ans, je m’y suis immédiatement senti à l’aise. Pour promouvoir mes émissions, diffuser mes idées, publier mes chroniques ou éditos, ainsi que la Série en 144 épisodes que je prépare sur l’Histoire allemande.  Que d’autres publient leurs photos de chats, de plats cuisinés ou de vacances, ne me pose aucun problème. Chacun est libre, je ne suis pas moraliste, et tant mieux si les gens peuvent se faire plaisir en communiquant ce qui leur plaît. De quel droit aurions-nous à les juger ? Et pour tout vous dire, je les trouve totalement craquants, ces chats, ces chiens, et lorsque je me promène sur le « fil », il ne me gêne pas du tout de rencontrer leurs minois. Les réseaux, c’est la vie, la vie qui va, la vie qui court, la vie qui miaule, la vie qui vole. Et la vie, j’aime ça, Pas vous ?

     

    Restent les leçons traditionnelles sur les « fausses nouvelles » (voyez, on peut le dire en français !). Bien sûr qu’il faut les combattre ! Mais les réseaux n’en détiennent nullement le monopole. Croyez-vous sincèrement que nos chers « médias traditionnels » n’en colportent pas ? Qu’ils soient épargnés par la manipulation ? Eux qui n’ont appréhendé la question ukrainienne (pour prendre un exemple) que sous l’angle de l’Otan, avec les mots de l’Otan, l’approche de l’Otan, la vision du monde imposée par l’Otan, donc par les Etats-Unis d’Amérique. Eux qui ne nous racontent la Seconde Guerre mondiale qu’avec le narratif des vainqueurs à l’Ouest, sous-estimant totalement le rôle essentiel des Soviétiques dans la victoire finale, ne connaissant rien à la Guerre à l’Est (22 mai 1941 – 8 mai 1945). A vrai dire, les « médias traditionnels » sont autant prisonniers de biais idéologiques, que les réseaux, et que nous tous, si nous n’exerçons pas notre sens critique. Et surtout, ils n’ont strictement aucune légitimité pour administrer à la terre entière leurs leçons de morale.

     

    Pascal Décaillet

       

     

  • René Ledrappier (1933-2025), l'homme qui m'a ouvert toutes les fenêtres

     
    Sur le vif - Vendredi 17.01.25 - 17.04h
     
     
    René Ledrappier est mort, j'ai appris hier la nouvelle par son fils aîné Bertrand, mon très vieil ami d'école (septembre 1965), elle m'a littéralement soufflé. Ma première pensée va à lui, Bertrand, mais aussi à ses frères et soeurs, Laurence, Claude, Bruno, leurs conjoints, enfants, et tous les proches. Je suis sous le coup, je m'en veux de ne pas l'avoir revu depuis longtemps, le ressac de la mémoire ne fait que commencer à s'emparer de moi. C'est quelque chose, la mémoire.
     
    René Ledrappier était né le même jour que ma mère, mais treize ans après elle, le 8 septembre 1933. C'est le jour de la Nativité de la Vierge. Il est décédé avant-hier, 15 janvier 2025, et laisse ceux qui l'ont connu, et admiré, face à l'immensité du souvenir.
     
    Je me souviens de sa première apparition dans ma vie, comme si c'était hier. Septembre 1965, j'avais sept ans, j'entrais dans une école, l'Institut Florimont, dont je ne suis sorti qu'à dix-sept ans et demi, en avril 1976, lors de l'obtention de ma Maturité fédérale, type A, latin-grec. Bertrand, quelques semaines après, passait son Bac C (maths et physique, hyper-poussés). Onze ans dans la même école !
     
    Septembre 65, oui, je vois cet homme grand, mince, élancé, père de Bertrand mon camarade de classe, mais beaucoup plus jeune que mes parents à moi. Il aborde ma mère, avec douceur et courtoisie. "Je vois que vous faites les trajets à pied, nous sommes voisins, je suis professeur au secondaire ici même, j'ai une voiture, je véhicule volontiers votre fils, si ça peut vous arranger". Quelque chose commençait, une fenêtre s'ouvrait. J'ignorais encore, à sept ans, l'intensité du vent.
     
    Monsieur Ledrappier a été, de 1969 à 1973, mon prof de maths, pour les quatre premières années de l'école secondaire. Il était d'une intelligence éclatante, il nous a tous marqués, à un point que nul ne peut imaginer. Il avait de la tenue, du verbe, du courage, il était comme ces hussards noirs dont parle si bien Péguy dans ses Cahiers de la Quinzaine, mais flamboyant comme un Mousquetaire. Début novembre 1970, il s'était absenté pour un jour, le temps de se rendre à Colombey-les-Deux-Eglises, pour les funérailles de Charles de Gaulle. Quand on est un garçon de douze ans, ça marque.
     
    René Ledrappier, fils d'un officier de l'armée française mort au combat, dans sa colonne de chars, face aux Panzers de la Wehrmacht, lors de la foudroyante offensive allemande de mai 40, était un homme hors-normes. Âpre et généreux, gaulliste de l'aile sociale, passionné viscéral de musique, notamment de Haendel, grand lecteur, inconditionnel de Malraux, il avait la passion solaire et indivisible, il avait quelque chose des grands Romantiques allemands. Pour l'avoir connu comme enfant, puis comme ado, puis comme adulte, tout cet univers m'a imprégné, accompagné, angoissé parfois, mais tellement enrichi. Mon premier sentiment, en écrivant ces lignes, est celui de la reconnaissance. Comme pour le Père Collomb, le lumineux aumônier du primaire. Comme pour Rolf Kühn, exceptionnel prof d'allemand, qui m'a initié à Kleist avant même l'âge de quinze ans. Comme pour le grand Bernhard Boeschenstein, mon prof de littérature allemande moderne à l'Uni.
     
    Gratitude, oui. Pour les fenêtres innombrables qu'il m'a ouvertes. Pour l'exemple de rigueur qu'il fut. Pour son courage. Pour son panache. Pour son rapport au verbe et à la musique. Pour son exigence d'intelligence. Pour sa sensibilité, lorsqu'il nous lisait Victor Hugo, ou Malraux.
     
    Oui, toute mon immense sympathie pour les siens. Et pour moi, la puissance intacte de son souvenir. Pour toujours.
     
     
    Pascal Décaillet