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Liberté

  • Brûlante d'actualité

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.05.26

     

    Rerum Novarum, l’Encyclique de 1891, est un écrit politique. Au sens le plus large, le plus noble, celui de la Cité. Elle est, au fond, une réflexion sur ce qui nous lie. Que vous en partagiez ou non les fondements spirituels, que vous soyez ou non habités par la foi, peu importe : je vous invite, comme citoyens, à prendre connaissance de ce texte, parce qu’il articule une réflexion, en profondeur, sur la nature même du travail, sa finalité. C’est cela qui compte. A l’époque de la Révolution industrielle, mais tout autant aujourd’hui, en mai 2025.

     

    Au fond, si ce texte nous parle tant, c’est parce qu’il pourrait être d’aujourd’hui. Toute la pensée de Léon XIII tente de définir ce que doit être le travail, dans une vie humaine. Elle en reconnaît la nécessité, et même la haute valeur, possiblement libératrice, mais insiste pour que toute activité professionnelle, y compris dans les fonctions les plus modestes, soit émancipatrice. Plutôt que dévorante, aliénante. C’est cela, l’essentiel à retenir.

     

    Et cela qui brûle d’actualité. Nous avons tous à mener une réflexion sur notre relation avec le profit. Sur les errances du capitalisme, du libéralisme sauvage. Sur la robotisation. Sur notre inféodation à des monstres technologiques planétaires. En cela, le choix d’un prénom est évidemment tout, sauf gratuit : le nouveau Pape nous donne, par ce seul acte symbolique, des pistes majeures. A nous tous de nous en emparer.

     

    Pascal Décaillet

  • Léon XIV : mais quel magnifique prénom !

     

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 14.05.25

     

    A l’instant même où j’ai entendu, en latin, le nom de ce nouveau Pape, « Léon XIV », j’ai été pris d’une émotion. Je ne parlais plus du tout de Papes, ni d’Eglise, pas un seul mot, depuis exactement douze ans, mais là, ce jeudi 8 mai 2025, jour du 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, sur le coup de 19.15h, sur l’évocation d’un seul prénom, quelque chose en moi s’est produit. Pour être franc, voilà des décennies que j’attendais un Léon XIV. Parce que le prénom choisi, on le sait bien, est tout sauf gratuit, il porte sens, il s’inscrit dans un champ de références. Or, il se trouve que, depuis des décennies, ici comme ailleurs, je vous parle d’un certain Vincenzo Gioacchino Pecci (1810-1903), Pape de 1878 à 1903, sous le nom de Léon XIII.

     

    Pourquoi je vous en parle tant, de ce souverain, dont le règne s’inscrit entre les très conservateurs Pie IX (1846-1878) et Pie X (1903-1914) ? Pour une seule et grande raison : son Encyclique Rerum Novarum, publiée en 1891. Il faut absolument lire ce document, il est un témoignage de lumière sur la cruauté du monde du travail en pleine Révolution industrielle, une époque où les enfants, un peu partout en Europe, travaillent encore dans des mines. Il n’y a ni vacances, ni congés payés (un autre Léon, Blum, et son Front populaire de 1936 sont encore si loin !), ni protection sociale, sauf dans l’Allemagne bismarckienne, pionnière des premières conventions collectives. En 1891, le patron est roi, l’ouvrier n’a pas de droits, les travailleurs des mines meurent jeunes, rongés par la tuberculose et autres maladies pulmonaires.

     

    Dans ce contexte, Rerum Novarum apporte une tentative, hautement élaborée, de réponse chrétienne à l’inhumanité du monde du travail. Rome se devait d’agir : une autre famille politique, le monde marxiste, avait empoigné depuis longtemps le problème, déjà évoqué avec une incroyable précision dans les œuvres du Rhénan Karl Marx. Mais elle proposait, elle, une solution politique révolutionnaire, là où Léon XIII, soucieux d’unifier le corps social, donnera plutôt naissance, chez ses épigones, à une conception corporatiste de la société. Faut-il rappeler tout ce que les premières organisations internationales du travail, sous l’impulsion notamment du Français Albert Thomas, sises à Genève dès la fin de la Grande Guerre, doivent à la pensée de Léon XIII ?

     

    Cette démarche de Léon XIII, parallèle à la réflexion marxiste, mais surgissant évidemment d’une conception philosophique radicalement différente (imprégnée de spiritualité pour l’une, de matérialisme dialectique pour l’autre), doit absolument être enseignée dans les écoles. Pour peu qu’il existe encore des cours d’Histoire, des profs d’Histoire, des humains avides de connaître le passé, l’étudier dans toute sa polyphonie, toute sa complexité, cheminer sans  préjugés vers les témoignages de ceux qui nous ont précédés. Cela, oui, plutôt que l’ignorance, mère des jugements à l’emporte-pièce. Pour ma part, je souhaite le meilleur à Léon XIV. Et n’oublierai jamais son lumineux prédécesseur.

     

    Pascal Décaillet

  • La droite genevoise et la Flotte de Toulon

     
     
    Sur le vif - Lundi 12.05.25 - 15.09h
     
     
     
    Maryam Yunus, Nicolas Walder : deux candidatures solides à l'élection complémentaire du 28 septembre. J'ignore lequel des deux sera désigné par le parti, à moins d'une troisième personne, nous verrons bien.
     
    Mais une chose est sûre : tant Maryam Yunus que Nicolas Walder ont la carrure, les compétences, et surtout le savoir-faire politique, le savoir-être, pour accéder aux plus hautes fonctions.
     
    Les deux ont l'expérience de l'exécutif d'une ville : Mme Yunus est Maire d'Onex. Nicolas Walder, aujourd'hui Conseiller national, fut Maire de Carouge.
     
    Je dis "le savoir-être" : c'est capital. Maryam Yunus, Nicolas Walder, qui sont Verts et bien Verts sur le fond, ne suintent pas pour autant, dans leur rapport au langage, la liturgie apprise par coeur, avec les éternels mot d'usage, "crise climatique", "transition", "bilan carbone", "report modal". Non, ils parlent simple. Ils parlent clair. Ils ont, l'un comme l'autre, un discours de citoyenneté générale, dépassant heureusement les seuls mots-valises du dogme.
     
    Alors, quoi ? Alors, ce petit mot, ici, ne s'adresse pas aux Verts. Ni à la gauche, qui se montrera disciplinée cet automne, et qui aura bien raison. Non, c'est à la droite que je parle. Pour lui dire une chose : elle a beau représenter les deux tiers de l'électorat cantonal, elle n'a pour autant aucune garantie de victoire le 28 septembre, ou le 19 octobre. L'affaire n'est pas mathématique. Elle est question de pouvoir d'entraînement d'une personnalité puissante.
     
    La majorité de droite est, de toute façon, assurée pour la législature. Elle n'est pas mise en question par cette complémentaire. Une bonne partie de l'électorat, y compris à droite, pourra se montrer tentée de maintenir le seul siège Vert au Conseil d'Etat. Et voter Yunus, ou Walder. Ou Monsieur ou Madame X.
     
    Moralité : soit la droite arrive avec une candidature-canon, compétente, dynamique, rassembleuse. Et surtout, UNE CANDIDATURE UNIQUE, dès ce printemps, avec une discipline de vote de fer, celle dont la gauche est capable dans ce genre de moments. Soit, elle peut oublier.
     
    La moindre querelle de chapelle, le moindre coup bas, la moindre humectation dans les eaux de trahison du Marais centriste, et la bataille est perdue.
     
    Pour mémoire, la droite municipale genevoise disposait, ce printemps, avec Natacha Buffet-Desfayes, d'une candidature de rêve pour la Mairie de Genève. Par ses ferments de dispersion interne, alimentés par les puissants stratèges de la défaite, elle s'est sabordée elle-même, telle la Flotte française, à Toulon.
     
    Saura-t-elle, enfin, tirer les leçons ? Ou demeurera-t-elle dans ce fameux superlatif qui, mondialement, l'a rendue célèbre ?
     
     
    Pascal Décaillet