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Sur le vif

  • Sauver l'aciérie de Gerlafingen, à tout prix !

     
    Sur le vif - Lundi 21.10.24 - 18.06h
     
     
    En aucun cas, la Suisse ne doit lâcher la production d'acier à Gerlafingen, dans le Canton de Soleure ! Vous m'entendez ? EN AUCUN CAS !
     
    En aucun cas, notre pays, déjà devenu un désert industriel ces dernières décennies, ne doit commettre les erreurs qui avaient été celles de l'Allemagne, dans la Ruhr, à la fin du vingtième siècle. Je viens de me rendre à deux reprises, l'été (2023, puis 2024), dans la Ruhr, j'ai visité de nombreux sites de production : cette région fascinante est aujourd'hui davantage un musée, avec certes le charme des friches industrielles, mais elle a perdu son exceptionnelle capacité de performance. Et cette perte est le fruit d'une VOLONTÉ POLITIQUE, en Allemagne.
     
    Mais l'Allemagne, malgré ces erreurs historiques, demeure la première puissance industrielle d'Europe ! La pauvre petite Suisse, quant à elle, déjà peu lotie, dans son Histoire, en capacités de productions propres (à part l'hydraulique), doit non seulement maintenir sa production d'acier, mais elle doit surtout réinventer, en profondeur, une POLITIQUE INDUSTRIELLE qui semble hélas, aujourd'hui, le cadet des soucis du Conseil fédéral. J'ai déjà dénoncé maintes fois, ici, ce scandale. Mais Gerlafingen, c'est la goutte d'eau, le vase déborde !
     
    Ca suffit, maintenant, le cirque des snobinards lausannois qui, tout exaltés par la proximité d'une grande école, se gargarisent du mot "innovation", mais ne font RIEN DE CONCRET pour sauver les fondamentaux d'un secteur secondaire déjà bien précaire, en Suisse. On a laissé tomber la production de verre à Saint-Prex, et maintenant on semble se désintéresser du seul joyau encore vivant de l'aciérie en Suisse.
     
    Il nous faut réinventer le radicalisme industriel des décennies ayant suivi 1848. Réintéresser les jeunes aux métiers de la métallurgie. Encourager les ingénieurs qui se lancent dans cette voie. Il faut une volonté politique, une vision industrielle pour la Suisse du 21ème siècle. C'est une part inaliénable de notre souveraineté.
     
    Pascal Décaillet

  • La musique, la poésie, l'Histoire

     
    Sur le vif - Dimanche 20.10.24 - 16.03h
     
     
    La musique, la poésie, l'Histoire. Depuis l'enfance, ce sont là, dans l'ordre, mes trois passions les plus dévorantes. Je n'en ai pas dévié, d'un seul millimètre.
     
    A cela s'ajoute évidemment la politique, je crois l'avoir prouvé, depuis quatre décennies, dans mes choix professionnels. Et ma lutte, à l'intérieur de mon métier, pour que vive le débat citoyen. Il a fallu se battre, croyez-moi, contre la mode "sujets de société", et contre le mirage libéral, qui méprise l'ordre politique. Et voudrait le reléguer.
     
    A cela s'ajoute le cinéma. Italien et américain, mais pas seulement !
     
    A cela s'ajoute l'Histoire industrielle, allemande notamment, l'industrie en général, le génie industriel, les friches industrielles. L'industrie, comme mémoire, comme nostalgie des rêves de réinvention du monde (DDR), avant qu'ils ne devinssent eux-mêmes des bribes du passé. J'aime le monde des ingénieurs. J'ai, à cela, des raisons personnelles. Puissantes.
     
    A cela s'ajoutent l'Allemagne, la Grèce, le Proche-Orient, le monde arabe. Les langues. Les grammaires. Les forme verbales complexes. La musique des syllabes. La langue grecque. La langue allemande. Les correspondances, troublantes, métriques et musicales, de l'une à l'autre. J'ai travaillé sur cela, il y a si longtemps, avec un grand Monsieur, aujourd'hui disparu, Bernhard Böschenstein.
     
    Je me suis ouvert à toutes ces passions dès mes premières années, avec un coup d'accélérateur en début d'adolescence : découverte de Wagner, de Richard Strauss, en Allemagne. Je n'ai pas dévié d'un millimètre.
     
    Dévier n'est ni dans mon style, ni dans mon tempérament.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Aimer les moulins. Dans la grande plaine de la Mancha

     
     
    Sur le vif - Mardi 15.10.24 - 15.56h
     
     
    J'observe la politique depuis plus d'un demi-siècle, et professionnellement depuis quarante ans. Et je vais vous dire une chose. La vraie césure, aujourd'hui, n'est pas entre la droite et la gauche, même si cette opposition demeure bien réelle et pertinente dans l'analyse des rapports de forces.
     
    Non. La vraie césure, c'est celle entre les gens, hélas minoritaires, qui, de gauche ou de droite, croient en l'action politique. Veulent y croire. Fondent leur vie sur ce volontarisme. Et, de l'autre côté, la masse des gens qui n'y croient guère, voire pas du tout.
     
    Dans ma jeunesse, jusqu'à la chute du Mur de Berlin, les gens étaient davantage politisés. J'avais dix ans en 68, vingt-trois en mai 81, trente-et-un lorsque la DDR a ouvert ses frontières. Je ne l'ai jamais caché : j'avais un immense respect pour ce pays (pas le régime, mais le pays, ses habitants, son rapport au social, à la culture, ses écrivains), j'ai vécu comme un choc l'absorption brutale de l'Allemagne de l'Est par Kohl et son capitalisme glouton. Je ne suis absolument pas un admirateur d'Helmut Kohl. Le grand Chancelier, pour moi, c'est Willy Brandt.
     
    A partir du 9 novembre 1989, tout a changé en Europe. Irruption d'un ultra-libéralisme sauvage, d'inspiration anglo-saxonne, je dirais californienne. Prétendue "victoire définitive du capitalisme", à laquelle je n'ai jamais cru une seule seconde. Mépris pour l'Etat. Mépris pour les aventures collectives. Mythe de l'individu triomphant. Pour un lecteur, comme moi, de la philosophie allemande, des grands Discours de Fichte en 1807 sous occupation française de la Prusse, mais aussi de Brecht et de Heiner Müller, il y avait quand même d'autres horizons à définir.
     
    Alors oui, plus de trois décennies d'un ultra-libéralisme saccageur du lien humain et des espérances collectives, tout cela nous a menés dans les décombres d'aujourd'hui. Une majorité de gens ne s'intéressent que lointainement à la politique, ou alors juste les histoires de querelles entre chefaillons de partis, bref l'anecdote. Ils se détournent de la politique, alors qu'elle les concerne au premier chef ! Quelle vie en commun ? Quelle éducation, pour nos enfants ? Quelle ambition culturelle ? Quelle cohésion, pour le corps social ?Quel système de santé, permettant à tous l'accès aux soins ? Quel volontarisme industriel ? Quel soutien à nos paysans ?
     
    D'un côté, une minorité qui veut encore croire en l'action publique. De l'autre, la masse de ceux qui, pour mille raisons, s'en détournent. Là est la vraie césure.
     
    La passion de toutes mes décennies d'engagement, radio ou TV, pour des débats citoyens, au coeur de la Cité, sur les sujets qui concernent le plus grand nombre, c'est cela : se battre non pour tel parti politique, mais pour la politique elle-même. Dans ce qu'elle a de plus noble : son combat contre les clans, les féodalités, les ferments de dispersion du corps social, les puissances de l'argent.
     
    Il faut aimer les moulins. La solitude. Et la désespérance. Dans la grande plaine de la Mancha.
     
     
    Pascal Décaillet