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Sur le vif - Page 2

  • La cause palestinienne a besoin des lumières de l'esprit

     
     
    Sur le vif - Samedi 08.11.25 - 10.21h
     
     
     
    Je l’écris depuis des années : La défense, totalement légitime, du peuple palestinien exige des interventions guidées par les forces de la raison dialectique.
     
    Des arguments, pas des hurlements. Des phrases articulées, pas des slogans répétés de façon moutonnière dans les mêmes liturgies de rue, toujours recommencées. Quelle que soit la cause. D’ailleurs, elles y sont toutes mêlées, dans un joyeux capharnaüm.
     
    Empêcher un conseiller fédéral de s’exprimer est contreproductif. À l’Université, on ne scande pas, ou alors des vers. On ne scande pas, on élucide une situation, on la formule, on présente une vision argumentée, travaillée, en la confrontant à des pairs.
     
    Le défense du peuple palestinien est l’une des causes les plus nobles aujourd’hui. Mais elle doit s’articuler sur une connaissance en profondeur de l’Histoire, des textes fondateurs, de la complexité politique du domino, y compris dans les factions internes et rivales entre combattants pour la Palestine. Bref, il faut connaître le dossier. Qui n’est pas simple.
     
    La cause palestinienne a besoin de nos cœurs, pour l’aide d’urgence, sur place. Mais elle a, plus encore, tant cette dimension fait aujourd’hui défaut, besoin de nos cerveaux. De nos arguments. De nos compétences.
     
    Aujourd’hui, on ne voit que les excès, les débordements, les instrumentalisations. Mais les arguments de la raison, pourtant puissants sur cette cause-là, on ne les entend pas. Ou trop peu.
     
    Les lumières de l’argument se seraient-elles, sur ce coup, rangées du côté des puissants et des oppresseurs ? Ce ne serait de loin pas la première fois. Les excité de rue, au moins, ont, eux, cette qualité humaine si rare chez les intellectuels : le courage.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Aimer la Suisse, par le coeur et par la raison

     
     
    Sur le vif - Mardi 04.11.25 - 15.50h
     
     
     
    L'opposition frontale entre le Freisinn, pro-européen au nom de la Raison économique, et la Vieille Suisse tellurique, celle de la souveraineté et du refus des juges étrangers, m'amène à vous donner deux rendez-vous demain, mercredi 5 novembre 2025.
     
    1) Dans GHI, à paraître demain, je raconte l'année folle 1992, j'étais journaliste parlementaire au Palais fédéral pour la RSR, j'ai couvert à fond, avec mes collègues, la campagne homérique en vue de la votation historique du 6 décembre, sur l'EEE. Je montre comment, dans les deux derniers mois, septembre et octobre, absolument décisifs, de la campagne, la Vieille Suisse l'a emporté sur le Freisinn, sur la Vernunft, sur toute l'Aufklärung, incarnés par Delamuraz. J'y dévoile aussi l'influence exercée sur moi par le radical vaudois, son amour de la vie, ses excès, son humour, son charme. Eh oui, mais c'est Blocher qui a gagné, le 6 décembre à 15.22h.
     
    2) Demain soir, GAC direct 19h : "Le Freisinn face à la Suisse tellurique". Suite des mes angles de traitements en vue des Bilatérales III. Avec, comme invité, Cyril Aellen, vice-président du PLR suisse. C'est un homme très sensible au sujet, très renseigné aussi. Il défend la Raison dialectique, chère aux commentaires de la rubrique Inland de la NZZ, mais il est loin, TRÈS LOIN, de demeurer impénétrable aux charmes magiques, ensorcelants, de la Suisse profonde. Celle des campagnes. Celle des traditions. Celle des dialectes, si riches dans leur diversité.
     
    Il m'apparaît comme l'un des meilleurs interlocuteurs sur la dichotomie Freisinn / Sehnsucht. Les rationnels purs, tout à leur géométrie démonstrative, me fatiguent. Les allumés du terroir, sans un minimum de travail conceptuel et cérébral, aussi.
     
    Toute la magie de la Suisse, depuis 1848, tient dans cette dichotomie. Aimons notre pays avec notre coeur, mais aussi avec les outils de la raison.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le Jour des Morts

     
     
    Sur le vif - Dimanche 02.11.25 - 15.23h
     
     
     
    Je n'ai jamais perçu les morts comme vivant dans un monde à part. Dans un "séjour des morts", comme celui que traverse Ulysse, dans l'un des plus saisissants passages de l'Odyssée. Quand il y rencontre l'ombre de sa mère, Anticlée, je pleure.
     
    Non. Pour moi, les morts sont parmi nous. Il sont en nous. Chaque vivant porte la présence de ses morts, et chaque mort porte en lui les vivants. On dit qu'ils "veillent sur nous". J'aime cette expression : veiller, c'est vivre dans la nuit. Survivre, dans l'oubli.
     
    Je crois aux forces de l'esprit. N'entendez par là, surtout, aucune forme de superstition, ni de spiritisme, ni de surnaturel. Non, juste la présence de nos morts, chacun de nous, dans le silence de ce jour si puissant, le 2 novembre. Nous les humains, les vivants, nos frères et soeurs dans l'ordre si provisoire de la vie, n'avons nul besoin de nous accrocher au monde du fantastique pour percevoir, au plus profond de nous, la présence de nos morts.
     
    Les forces de l'esprit. La mémoire, première qualité humaine. Le souvenir. L'âme ouverte à la présence de l'autre, vivant ou mort. Tous, enfants d'un même terreau. Tous, nourris les uns des autres. Un seul corps. Et l'universalité d'un esprit.
     
    Les forces de l'esprit. Pourquoi l'opposer à la matière ? J'écoute la musique de l'un de mes compositeurs préférés, l'Estonien Arvo Pärt, 90 ans révolus, bien vivant. C'est une musique de la matière. Une musique du minéral. Une musique des stalactites, l'eau dans la grotte. Une musique de la transformation chimique. Et c'est, justement par là, une musique éminemment spirituelle.
     
    Et si la matière, c'était l'esprit ? Et si l'esprit, c'étaient des vibrations de matière. Et si la mort, c'était la vie. L'autre vie. La vie, tout court.
     
     
    Pascal Décaillet