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Sur le vif - Page 2

  • Le compromis : un acte de la guerre continuée

     
     
    Sur le vif - Mardi 24.09.24 - 10.05h
     
     
    Oui, la droite suisse a été arrogante, en 2021, et avant tout la droite libérale, en refusant un compromis dûment négocié et hautement acceptable sur la LPP. Oui, elle en a payé le prix dimanche. Tout cela est exact, mais ne décrypter le phénomène qu'en regrettant une prétendue inaptitude générale des politiques à "trouver des compromis" est un peu court.
     
    Le compromis n'est pas un but en soi. Il peut, dans l'infinité des choix pragmatiques offerts par la politique, s'avérer un outil efficace. Ca dépend du sujet. Ca dépend du moment. Ca dépend du rapport de forces. Il y a des moments, dans la vie, où il faut négocier. Et puis d'autres, majoritaires, où il faut faire la guerre. La vie est un combat, elle n'est pas un cocktail diplomatique.
     
    Ce qu'il faut reprocher à la droite suisse, dans le cas d'espèce de la LPP, n'est pas de s'être dérobée au dogme du compromis. Mais, sur ce coup précis, de n'avoir pas senti qu'il pouvait être la voie du salut. Croyez-vous qu'un Pierre-Yves Maillard, qui donne depuis dimanche des leçons de "compromis", ait lui-même été autre chose, le long de toute son admirable vie politique, qu'un formidable combattant ?
     
    Alors oui, la droite suisse doit faire son autocritique. Mais pas pour retomber dans les tiédeurs centristes du "compromis" comme but en soi. Elle doit mieux sentir les aspirations profondes du peuple suisse, comme commence à le faire le PLR suisse sur l'immigration. Elle doit faire la guerre quand c'est nécessaire, soit dans 90% des cas. Et puis, elle doit avoir l'instinct, la souplesse, la ductilité pragmatique, parfois, de monter un "compromis".
     
    Mais ne soyons pas dupes : le compromis, en politique, n'a rien de moral. Il est un acte de la guerre toujours continuée. Par d'autres moyens.
     
     
    Pascal Décaillet

     

     

  • De grâce, mes amis, choisissons de grandes querelles !

     
     
    Sur le vif - Dimanche 22.09.24 - 16.10h
     
     
    Je dispose du droit de vote depuis le jour de mes vingt ans, le 20 juin 1978. Mon premier vote fut pour dire OUI, du fond du coeur, en septembre 78, au nouveau Canton du Jura. En 46 ans d'exercice de mon droit, je crois bien n'avoir jamais manqué une votation. Une fois peut-être, pour raison de santé impérative sur laquelle je n'ai aucune envie de m'étendre. En plus, vous me connaissez : je suis un défenseur acharné du principe même de la démocratie directe, ces fameux droits populaires auxquels nous, Suisses, sommes tant attachés.
     
    On ne me soupçonnera pas, donc, d'hostilité au suffrage universel : j'en suis, en Suisse romande, l'un des plus intransigeants défenseurs.
     
    Pourtant, cette fois, je dois dire ma fatigue. Oh, j'ai fait mon boulot, quatre débats de GAC, sur les quatre objets soumis au peuple genevois, deux fédéraux, deux cantonaux. Avec mes invités, nous avons tout entrepris pour rendre simples, lisibles, concernants, des enjeux présentés dans un jargon abominablement technique par les brochures de votations. Depuis quarante ans, je fais cela : présenter au plus grand nombre les sujets les plus complexes, en m'efforçant d'être simple, accessible. Et je remercie mes invités, tous partis confondus : ils savent que cet impératif de lisibilité est la règle, dans mes émissions.
     
    Alors fatigue, pourquoi ? Mais parce que la plupart des sujets de ce dimanche 22 septembre 2024 étaient mal fagotés, pardi ! La droite suisse, aux Chambres, sur la LPP, par arrogance libérale, avait vidé de sa substance un compromis dûment négocié, et parfaitement acceptable. L'hyper-idéologie des Verts, sur la biodiversité, avait fait preuve de mépris pour une paysannerie suisse qui en fait déjà tant pour l'environnement. Dans la Genève cantonale, la réforme fiscale sur l'outil de travail apparaissait comme un cadeau aux nantis. Enfin, faire passer, contre l'avis des principaux intéressés, de quatre à trois ans la formation des maîtres du primaire était l'ultime avatar d'un irrédentisme né de la bataille (justifiée, et gagnée) de 2006 sur les notes à l'école, mais devenu à son tour une idéologie.
     
    Il fallait que toutes ces errances fussent sanctionnées. Aujourd'hui, elles le furent.
     
    Nous, citoyennes et citoyens de ce pays, faisons la politique, saisissons le suffrage universel, plus que jamais ! Mais de grâce, mes amis, choisissons de grandes querelles. Les paquets mal ficelés, les résultats d'arrogances, ne passent pas la rampe. Le peuple tranche, et c'est très bien.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Parlementaires, la démocratie directe n'est pas votre affaire !

     
    Sur le vif - Mardi 17.09.24 - 14.32h
     
     
    En aucun cas notre démocratie directe ne doit être l'affaire du Parlement.
     
    Le Parlement ? Il a trahi le peuple ! En inventant mille subterfuges pour ne surtout pas appliquer l'initiative du 9 février 2014, sur l'immigration de masse, acceptée par le peuple et les cantons. Il y a d'autres exemples, sur d'autres initiatives.
     
    Alors oui, l'affaire des signatures falsifiées doit être prise au sérieux. Mais en aucun cas il ne doit appartenir à ce corps de 246 personnes de statuer sur l'avenir de la démocratie directe suisse.
     
    Le suffrage universel, peuple et cantons, en Suisse, est souverain. C'est lui, le patron. Si une instance doit amender, ou réformer, la démocratie directe (ce qui n'est d'ailleurs nullement nécessaire, en l'état, sur le plan des grands principes constitutionnels), alors ce doit être le peuple et les cantons. Par voie d'initiative. Mais surtout pas le cénacle des 246 !
     
    Il est particulièrement écœurant, et je pèse mes mots, de voir des parlementaires s'étrangler, sous prétexte de cette affaire (en effet déplorable) de fausses signatures, prêts à tramer mille ficelles pour affaiblir cette démocratie directe qu'ils détestent, tant elle leur fait concurrence. Ils sont jaloux du peuple souverain, tout simplement !
     
    Je suis un défenseur acharné de notre démocratie directe suisse, de nos droits populaires, de la primauté du suffrage universel. Je dis : ce que le peuple fait, seul le peuple peut le défaire. Quant au Parlement, qu'il s'occupe de ses oignons, qu'il fasse des lois : il est là pour ça. Et nous, le peuple, si nous n'en sommes pas contents, attaquons-les sans état d'âme, par référendum.
     
     
    Pascal Décaillet