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Sur le vif

  • La jeunesse allemande en quête de récit national

     
     
    Sur le vif - Lundi 15.09.25 - 16.06h
     
     
    De toutes les nouvelles du week-end, la plus importante est évidemment le triplement du score de l'AfD dans le Land, longtemps tenu par le SPD, de Nordrhein-Westfalen, dont fait partie la prodigieuse région de la Ruhr.
     
    J'y reviendrai. Ici, et sûrement à GAC. Il y a quelque chose, Land par Land, friche industrielle par friche industrielle, déception après déception, déconvenue, effondrement d'une industrie et d'une sidérurgie naguère uniques au monde, qui est en train de se construire dans les Allemagnes. Quelque chose de fort, autrement plus puissant, en termes de renouveau de l'idée nationale, que le rattachement, par étiquettes, à telle portion droitière du curseur.
     
    La plupart des gens, y compris chez des journalistes autorisés dans des quotidiens "de référence", qui nous parlent de l'Allemagne, n'y connaissent absolument rien. Ils n'ont pas la profondeur historique. Ils n'ont pas la culture littéraire, voire musicale. Ils n'ont pas les lectures. Ils n'ont pas les témoignages hors des bornes imposées par les vainqueurs à l'Ouest, en 1945. Leur esprit manque de liberté, tout simplement.
     
    La montée de l'AfD a un sens profond. Elle répond à une insatisfaction tellurique. Mais aussi, elle dessine les aspirations des générations nouvelles. L'ancrage dans un roman national intégrant toutes les grandes périodes de l'Histoire allemande, Réforme, invention de langue allemande par Martin Luther, horreur de la Guerre de Trente Ans, relèvement extraordinaire au 18ème, sous Frédéric II de Prusse, occupation de la Prusse par les Français (1806-1813), Aufklärung, Sturm und Drang, Romantisme, Révolution industrielle, sidérurgie, charbon, deux guerres mondiales, relèvement, encore et toujours.
     
    Les jeunes Allemands ont besoin qu'on leur raconte leur Histoire. L'horreur de la Shoah, dont leurs ancêtres furent responsables, avec six millions de morts. Mais aussi, les moments d'exceptionnelle lumière de l'Histoire et de la culture allemandes. Ils ont en marre du lessivage par les standards américains, y compris musicaux. Ils aspirent à être eux-mêmes, tout simplement. C'est l'une des clefs du succès de l'AfD.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Lui est mort. Et nous, nous sommes vivants

     
     
    Sur le vif - Dimanche 14.09.25 - 10.39h
     
     
    Les idées de Charlie Kirk n'étaient pas les miennes. Mais bon sang, ce Monsieur a été assassiné. Fauché dans sa jeunesse. Il avait, nous dit-on, la passion de convaincre, par les mots, le dialogue. Il allait au contact. Il n'avait pas peur. Ce sont là des vertus, au sens le plus fort du mot, le sens latin.
     
    Ce Monsieur a été assassiné. Lui est mort, et nous, nous sommes vivants. Ce qu'il y a de plus profond en moi, dans mes adhésions spirituelles les plus inaltérables, est le respect d'une personne emportée par la mort. Quelle que soit cette personne. Que, vivante, elle vous fût amie ou ennemie. Tout cela, pour moi, s'efface. La mort est notre lot à tous. Un humain qui meurt, c'est le rappel de notre condition universelle.
     
    Cette règle, par d'innombrables adversaires de Charlie Kirk, se trouve, depuis quelques jours, largement bafouée. Jusqu'en Suisse romande, d'aucuns ne manquent pas, en mentionnant son assassinat, de le noircir post mortem. Qu'ils aillent jusqu'au bout de leur pensée, qu'ils aient au moins ce courage : le tyrannicide était justifié, c'est cela qu'ils laissent poindre ?
     
    Nausée. Perte de repères. Dans ce tournoiement de vautours autour d'un cadavre, il y a un recul d'humanité. Je ne dis pas qu'il faut aimer Charlie Kirk. Ni partager ses idées. Je dis que face à la mort, un seul mot s'impose : la décence.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Gaza : le sidérant silence du Conseil fédéral

     
     
    Sur le vif - Vendredi 11.09.25
     
     
     
    Le problème no 1 de la Suisse, à propos de Gaza, s'appelle Ignazio Cassis, je l'ai maintes fois souligné. Systématiquement pro-Israël, ancien vice-président d'un groupe d'amitié entre la Suisse et ce pays, il n'a aucune idée des enjeux du conflit entre Israël et les Palestiniens.
     
    Il ne connaît pas le monde arabe, pas plus d'ailleurs que le monde persan. Il colporte une idéologie importée des Etats-Unis, tout pour Israël, rien pour les Palestiniens. Elle est loin, l'époque d'un Carter ou d'un Clinton, qui au moins parvenaient à réunir les antagonistes, d'un côté Sadate et Begin, de l'autre Arafat et Rabin. Dans les Etats-Unis d'aujourd'hui, non seulement le Président, mais un puissant courant conservateur évangélique pro-Israël mènent le bal.
     
    En Suisse, le problème Cassis est donc identifié. Mais il faut aller plus loin : l'insensibilité à la cause palestinienne, y compris sous l'angle élémentaire de l'urgence humanitaire, est le fait d'une majorité du Conseil fédéral. Aucune voix ne semble s'élever, au sein du collège, pour faire entendre une autre tonalité que l'alignement derrière l'actuelle politique d'Israël. C'est le règne du silence. Et lorsque l'on délègue à Guy Parmelin (mais pourquoi lui !) la tâche de répondre au Parlement, on n'obtient qu'un non-dit malhabile, indigne de la gravité de la situation.
     
    Le Parlement vient de refuser d'aider les Palestiniens, en leur reconnaissant, même symboliquement, le statut d'Etat, que pour ma part je réclame depuis un demi-siècle. Mais au moins, il en aura débattu. Le Conseil fédéral, lui, laisse rugir le fracas de l'Histoire. Et il se tait.
     
    Il n'y a donc, pour l'heure, rien à attendre de la Suisse officielle, luxueusement incarcérée dans sa molasse fédérale. Restent les voix des hommes et des femmes que nous sommes, citoyennes et citoyens. Pour ma part, l'un d'entre eux parmi des millions et n'ayant jamais revendiqué d'autre titre que celui-là, je dis et répète aux Palestiniens mon amitié et mon soutien pour qu'il accèdent un jour à la condition d'Etat. Je veux être un ami du peuple d'Israël, assurément pas du gouvernement actuel. Mais je serai toujours, aussi, un ami de celui de Palestine.
     
    Aucun extrême, de l'un ou l'autre de ces deux camps, ne me détournera de cette volonté de paix pour nos frères et soeurs, toutes ethnies, nationalités ou religions confondues, de ce Proche-Orient qui nous est si cher, dont nous fascinent les langues et les représentations du monde, qu'elles soient hébraïques, arabophones, coptes, syriaques, araméennes. La paix, ce seul mot, nous les Suisses, doit nous guider.
     
     
    Pascal Décaillet