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Sur le vif - Page 3

  • Un ordre du monde se meurt : il n'appartient pas à Genève de le ressusciter !

     
     
    Sur le vif - Lundi 10.03.25 - 15.43h
     
     
     
    La "Genève internationale" n'est pas un but en soi. Elle est l'instrument d'une éventuelle volonté des nations du monde d'avoir chez nous des instances de discussion.
     
    Nous entrons dans une ère - on peut s'en réjouir ou le déplorer - où cette volonté faiblit. La toile multilatérale, ce vieux rêve wilsonien de 1919, s'était déjà fracassé sur la montée des nationalismes dans les années trente. Il a repris du poil de la bête dès 1946, sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, il s'essouffle.
     
    Il n'appartient en aucune manière à nos autorités cantonales genevoises, encore moins municipales (dans ce second cas, ça tutoie le ridicule), de se donner comme mission sacrée d'inverser la vapeur.
     
    Que Genève accueille des lieux de rencontres internationales, c'est fort bien. Mais notre Canton, encore moins la Ville, n'ont pas à s'activer pour condamner le retour aux relations bilatérales, ni tenter de rétablir un ordre du monde qui n'a plus lieu d'être aujourd'hui.
     
    On notera, en passant, le nombre hallucinant de guerres, dans le monde, depuis 1945. On s'échinera vainement à en trouver une seule - je dis bien une - que le ballet des diplomates multilatéraux, à Genève ou ailleurs, ait réussi à empêcher.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le monde, tel qu'il est

     

    Sur le vif - Samedi 08.03.25 - 11.02h

     


    Les 800 milliards de l'Union européenne, c'est du vent. Il n'existe, concrètement, ni ces milliards, ni Europe politique, ni Défense européenne.

    Les milliards, d'abord. L'Europe est endettée jusqu'au cou. Et cette fois, ça n'est pas la Grèce ! La France, pays fondateur en 1957, est exsangue financièrement. L'Allemagne, fondatrice aussi, si elle a des milliards, doit les investir impérativement dans la relance de son industrie et la rénovation de ses infrastructures. Les réseaux routiers et ferroviaires, en Allemagne, naguère si exemplaires, périclitent à en donner le vertige, je puis en témoigner pour me rendre si souvent dans ce pays, depuis l'enfance.

    Le pire, c'est la France. Défait, sur le continent, de façon irréversible, il y a 85 ans, ce voisin que nous aimons ne s'est jamais relevé de cette catastrophe, qui n'était pas seulement militaire, mais morale. Bien sûr, il y a toute la geste gaullienne, et Dieu sait si j'y ai adhéré, cette illusion de pouvoir reconquis, cette "place à la table des vainqueurs" en 45, qui est une fiction totale. Sur le continent européen, la France est stratégiquement déclassée. Quant à sa "dissuasion nucléaire", joyau du Général, que vaut-elle VRAIMENT aujourd'hui, hors des belles paroles ?

    Macron ? Il a ruiné le pays. Il l'a endetté pour des générations. Le joyau nucléaire, il veut maintenant le "partager" avec ses voisins européens ! Tant qu'il y est, il pourrait faire une visite officielle à Peennemünde, sur la Baltique, un 14 juillet, et y lancer quelques feux d'artifice. Cet homme est dangereux pour la France, il ne l'aime pas, il aime l'Europe. L'idée même de nation, lancée par la Révolution et défendue superbement par les Soldats de l'An II, sur tous les champs de bataille d'Europe, face aux puissances coalisées qui voulaient rétablir de force l'Ancien Régime en France, lui est étrangère. Il manque de culture historique. Le tragique de l'Histoire ne l'habite pas.

    Alors, il détourne les attentions, De la stratégie, il a au moins retenu le principe de diversion, cher à Hannibal. La fosse des Mariannes de la dette, il tente de la faire oublier en brandissant au peuple un Grand Satan à l'Est. En nous annonçant pour dans 72 heures, comme en 81, l'arrivée des chars russes sur les Champs-Élysées. Nul n'y croit. Le roi est nu. Le roi parle encore, il n'en finit plus de parler. Pendant ce temps, d'autres agissent. La France est affaiblie. L'Europe politique est une fiction. Celle de la Défense, une chimère. Seules existent les nations. C'est tragique. C'est le monde, tel qu'il est, non tel qu'on aurait voulu qu'il fût.



    Pascal Décaillet

  • L'ascèse de l'Histoire, face aux enragés du Jugement dernier

     
     
    Sur le vif - Jeudi 06.03.25 - 17.08h
     
     
     
    La question, pour moi, n'a jamais été d'être pour l'Ukraine ou pour la Russie. Pas plus qu'elle n'était, pendant les Guerres balkaniques (années 1990), d'être pour la Serbie ou pour le Kosovo. Je me suis rendu au Kosovo, en 1998, pour un reportage. Et en Ukraine, en 2004, au moment de la Révolution orange. Dès qu'on rencontre les gens, on voit les choses différemment, et on a très vite tendance à embrasser leur cause. Il faut d'ailleurs se méfier de cette sympathie, quand on est sur le terrain.
     
    Non, la ligne de démarcation, dans l'approche intellectuelle, se situe entre ceux qui analysent l'Histoire, en commençant PAR EN PRENDRE CONNAISSANCE (avec les longues années d'ascèse que cela implique), et ceux qui veulent immédiatement désigner des bons et des méchants. Ceux-là ne sont pas des observateurs, mais d'éternels moralistes. Les mêmes, dans les années 1990, diabolisaient le Serbe, et aujourd'hui n'en peuvent plus de vitupérer le Russe. Les mêmes ! Exactement les mêmes !
     
    Pour ma part, je ne juge jamais un Etat, ni les relations qu'on doit avoir avec lui, en fonction de son régime du moment. Les régimes passent, les Etats demeurent. On me dira cynique. J'accepte l'adjectif. Je ne suis pas un moraliste, j'observe l'Histoire, je tente de reconstituer la chaîne de causes et de conséquences. Mon héros, tout sauf un moraliste, c'est Thucydide. J'ai commencé, dès l'âge de quinze ans, à lire dans le texte original sa Guerre du Péloponnèse, rédigée il y a 25 siècles. Il y analyse, avec un génie glacé et une lucidité époustouflante, les impérialismes rivaux, sur mer et dans les îles, de Sparte et Athènes. Il y dévoile les vraies raisons du conflit, qui sont évidemment économiques. C'est Marx, avant l'heure.
     
    Pour moi, l'Ukraine est l'exemple même de conflit qui doit être analysé froidement. Décrypter la propagande des Russes, mais aussi celle des Ukrainiens, celle des atlantistes, celle des Européens en croisade pour le réarmement. Et, chez ces derniers, les vraies raisons, qui sont évidemment de politique intérieure. Une bonne expédition guerrière, au service du Bien, avec un bon Satan à abattre, ça détourne à merveille les attentions, alors qu'on est en train, par exemple, de pulvériser, dans son propre pays, le record de l'endettement. N'est-ce pas, M. Macron ?
     
     
    Pascal Décaillet