Sur le vif - Lundi 17.11.25 - 13.42h
J'ai dit hier, ici même, la forfaiture que représentait pour les CFF l'achat allemand de rames régionales, pour 2,1 milliards, chez Siemens, plutôt que chez le Suisse Stadler. Je n'y retranche pas une virgule, et j'ouvre le débat ce soir à GAC.
Les CFF sont une régie publique, appartenant à 100% à la Confédération, donc au peuple suisse. En aucun cas, ils n'ont à se comporter avec la volatilité apatride d'un opérateur privé, ou d'une multinationale. Ils représentent la mémoire ferroviaire du peuple suisse. La fierté du peuple suisse.
Les CFF sont l'un des emblèmes de la Suisse. Celle des radicaux, qui ont fait le pays. Celle des socialistes, qui ont longtemps défendu le service public. Celle de la démocratie chrétienne des cantons périphériques, patriote, conservatrice, férocement attachée au patrimoine. Celle, enfin, de l'UDC, souverainiste, farouche sur l'indépendance.
Ce statut de régie nationale donne des obligations. Celle de privilégier le marché intérieur. De refuser de se soumettre à un géant économique allemand que je suis certes le premier à admirer depuis mon enfance, et mes visites d'usines avec mon père, ingénieur, mais qui n'en est pas moins, par rapport à notre petit pays, arrogant et vorace. On l'a vu, notamment, en matière aérienne. Ou en matière d'assurances.
Les décisions des CFF sont des décisions politiques. Elles doivent l'être. Elles ne relèvent pas de la simple pesée privée d'une soumission au meilleur marché, mais d'autres critères, qui exigent des décideurs une vision d'ensemble, et surtout un patriotisme économique, un sens de l'Etat, de la cohésion nationale, bref d'autres valeurs que celles inculquées, depuis la chute du Mur, par la misérable idéologie mondialiste du libre-échange.
Quant aux lois sur les marchés publics, qui suintent l'inféodation face au dogme du libre-échange, il convient d'urgence que le législateur suisse les modifie. Elles méritent le panier, rien d'autre. Les commandes d'une régie fédérale, au service du peuple suisse, n'ont pas à jouer ce petit jeu de traders surexcités, et de l'idéologie des privatisations.
Le front, dans cette affaire, n'est pas droite-gauche. Il est entre partis d'Etat, régaliens, comme le sont les radicaux et les socialistes, ou l'aile protectionniste de l'UDC, et d'autres partis, flasques, insensibles à la patrie, aux frontières, à l'idée même de nation, tout juste bons à se jeter dans les bras de la première toile multilatérale venue, pourvu qu'elle fasse moderne.
Je ne lâcherai pas ce sujet. Citoyen suisse, petit entrepreneur, fils et petit-fils d'entrepreneurs, je défends l'Etat, le patriotisme économique, la préférence nationale, la cohésion sociale, l'aide aux plus démunis. Les lois ultra-libérales sur les marchés publics, dont on a vu le résultat avec le CEVA à Genève, je les rejette, du plus profond de ma colère.
Pascal Décaillet