Sur le vif - Mercredi 17.12.25
Une Suisse à dix millions d'habitants, pas plus. C'est une initiative de l'UDC, nous voterons bientôt, ce sera un thème majeur de 2026. Un vaste débat national sur les questions migratoires, mais aussi, plus simplement, sur la démographie de ce petit pays que nous aimons, où nous sommes nés, à la prospérité duquel nous avons consacré tous nos efforts, nos vies professionnelles, nos énergies citoyennes, nos cœurs de patriotes. Et, pour ma part, quarante années de journalisme politique, à faire vivre la Cité, à Berne, puis partout en Suisse, organiser le débat, commenter les enjeux. Bref, la Suisse, nous les citoyennes et citoyens, ça nous concerne !
Et c'est bien nous, le corps électoral, qui sommes concernés. Nous, et pas les élus. En tout cas eux, pas plus que n'importe quel citoyen. C'est à nous, le suffrage universel, que s'adresse une initiative. A nous, et pas au Parlement ! Ce dernier s'exprime, très bien, mais son avis, au fond, n'a ni importance, ni intérêt. Il ne devrait même pas être reproduit dans la brochure, c'est lui donner beaucoup trop de poids. Un initiative est un défi du peuple au peuple. Le pari, au début, d'une poignée de citoyens, pour convaincre, un beau dimanche, à l'issue d'un vaste débat national, l'ensemble des citoyens de ce pays. Du moins ceux qui voudront bien voter, ce dimanche-là, sur ce sujet-là, et qui constituent le corps électoral. Plusieurs millions de citoyens qui votent, c'est tout de même autrement légitime, tellement plus tellurique, que 246, à Berne. Notre démocratie directe est un outil merveilleux. Le monde nous l'envie.
Bref, débattons. Nous avons devant nous un champ ouvert pour nous expliquer, entre citoyens, sur ce que nous voulons, en termes de régulation de l'immigration (l'initiative du 9 février 2014 n'a toujours pas été mise en oeuvre, c'est un absolu scandale), mais aussi en termes de démographie, par rapport au relief très particulier de notre pays, ce plateau étroit coincé entre Jura et Alpes, ces infrastructures qui ne suivent pas, ce sentiment du peuple d'étouffer sous la masse.
Le peuple, oui. C'est lui qui veut réguler les flux migratoires. Lui, et pas les élites. Lui, et pas le petit monde de Berne. Lui, et pas les partis. Lui, et pas les médias. Lui, et pas la SSR. Lui, et pas la RTS. Lui, et pas le Temps. Lui, et pas le patronat. Lui, et pas la gauche sans frontières, internationaliste, volatile, méprisant les racines patriotes. C'est lui, le peuple, qui, le 9 février 2014, a exigé une régulation massive des flux migratoires, Lui, le peuple, qui n'a pas été écouté. Lui, le peuple, qui a été méprisé. Trahi par les clercs.
Lui, le peuple, à l'issue du vaste débat national qui s'ouvre à nous, se prononcera sur cette Suisse à dix millions, maximum. Et il s'agira, cette fois, d'exécuter sa décision. Une nouvelle trahison des clercs, douze ans après, serait dévastatrice.
Pascal Décaillet