Sur le vif - Dimanche 21.12.25 - 15.32h
15.32h - Je suis un Suisse de 1848, je ne fais jamais référence à 1291. Mais avec mes compatriotes attachés aux mythes des origines, je partage le combat sans merci pour la souveraineté. L'existence de notre pays, comme nation indépendante, au milieu d'autres nations amies mais pas suzeraines, à l'écart de toute supranationalité, constitue à mes yeux l'objectif no 1 de la politique. En clair, je suis un radical, souverainiste, patriote, comme l'ont été tant d'autres, et pas seulement en Suisse alémanique, avant 1992.
Nos voisins, amis et non-suzerains. La France, amie mais pas suzeraine. L'Allemagne, amie, premier partenaire économique et commercial, si fascinante culturellement, mais en aucun cas suzeraine. Le conglomérat des 27, partenaire économique et commercial, mais en aucun cas suzerain. Nous n'en sommes même pas membres ! Et n'aspirons pas à le devenir.
Prenez un petit entrepreneur indépendant. Il n'est pas là pour se faire des ennemis. Mais, s'il veut garder sa liberté de décision sur son entreprise, il doit refuser toute tutelle de la part de ses partenaires. Il est ami de tous, courtois dans la République, citoyen actif et patriote, mais il n'est l'homme de personne. Il ne dépend de personne. Il n'est vassal de personne. Oh, ça exige une certaine capacité de travail, de distance physique et mentale, de solitude, c'est le prix à payer, c'est le jeu.
Pour un pays, c'est la même chose. Commerçons, bien sûr. En réduisant toutefois, d'urgence, l'hyper-dépendance à l'extérieur créée par la tyrannie de l'exportation dans notre système économique. Recentrons-nous sur le marché intérieur. Nous, Suisses, produisons et travaillons en priorité pour les Suisses. Pour la Suisse. Pour la cohésion nationale suisse. C'est valable pour l'agriculture. C'est valable pour notre industrie, qui se meurt par incurie, venue d'en-haut.
Avec les 27, discutons, tant qu'ils existent. A ce conglomérat improbable, les nations survivront, la Suisse survivra, la France survivra, l'Allemagne survivra. Mais pour l'heure, discutons. Avec, de notre part, une ligne rouge, intouchable : jamais la moindre subordination. Jamais de tutelle politique. Jamais de loi supérieure à notre loi nationale. Jamais de juge étranger. Si nous fléchissons, d'un seul cheveu, dans cette défense absolue de notre souveraineté, nous sommes perdus.
Dans le grand débat qui nous attend sur le nouvel accord avec l'Union européenne, une clause stipule, très clairement, notre inféodation, en ultime instance de décision, à un juge étranger, dans les litiges économiques. C'est déjà trop. Dire oui, c'est mettre le pied dans l'engrenage. La souveraineté ne se partage pas. Un pays est souverain, ou il ne l'est pas. Céder un pouce, un cheveu, c'est courir à sa perte.
Citoyen de ce pays, je combattrai à la fois les libéraux, aile patronale, qui prônent la libre-circulation pour engager sans entraves, jouer la sous-enchère, et la gauche internationaliste, qui n'a jamais rien compris à l'idée de frontière, de nation, de préférence pour les siens. En l'état, je dirai donc NON, le jour où le peuple sera consulté, à cet accord-là.
Simultanément à notre grand débat national sur l'accord avec Bruxelles, nous entamerons celui, non moins important, sur la Susse à dix millions d'habitants, maximum. Les deux votations se ressemblent. Elles s'entremêlent. Elles s'interpellent mutuellement, comme dans une grotte d'échos. Elles touchent à la souveraineté. Mais aussi, au-delà de l'immigration, à la démographie même de notre pays, comme il en allait de la passionnante initiative Ecopop, méprisée par les élites. Au refus de la tutelle étrangère, viendra se mêler, dans cette polyphonie, celui de "l'Überfremdung", vieux thème national depuis qu'existe (1891) notre droit d'initiative.
C'est peu dire que ces deux débats nationaux, ces deux dimanches de votations, seront capitaux pour l'avenir de notre pays. Beaucoup plus importants que les élections. La maîtrise directe du peuple sur les sujets, par la démocratie directe, est autrement plus vivifiante que le choix des personnes, fussent-elles parfois de qualité.
Mais désolé, le personnage principal, dans notre démocratie suisse, ça n'est pas l'élu. C'est le peuple.
Pascal Décaillet