Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 4

  • La chienlit de 2003 à Genève: NON, NON et NON !

     
     
    Sur le vif - Mercredi 18.06.25 - 15.13h
     
     
     
    Il n'est absolument pas question que Genève laisse s'installer l'absolue chienlit de 2003 l'an prochain, en marge de la réunion des puissants et des ploutocrates du monde, à Évian.
     
    Producteur responsable de Forum, à la RSR, à l'époque, j'ai couvert sur place, dans une Genève livrée à la vindicte des extrémistes, au saccage des magasins, aux briseurs de vitrines, au pillage, des scènes de honte absolue pour la République. Au plus haut niveau, en 2003, Genève a failli. Et de loin pas la seule ministre de la police de l'époque, une femme courageuse, mais abandonnée par les siens, laissée seule face au chaos.
     
    Alors, non. Les snobinards de la "Genève internationâââle", c'est fini. Genève ne doit en aucun cas devenir le théâtre d'émeutes. Elle doit avertir impitoyablement Macron, qu'on voit déjà se pavaner avec ses pairs, les tutoyer, les embrasser dans les jardins Évian. Elle doit lui dire : "Ce club de puissants n'est pas le nôtre. Vous assumez la sécurité aux alentours d'Evian. Vous endossez la responsabilité des débordements. Ce Sommet n'est pas le bienvenu à Genève. Il n'est pas le bienvenu en Suisse. Vous ne venez pas importer chez nous vos saloperies, votre fracture sociale, votre échec total à assumer la cohésion et solidarité en France".
     
    Surtout, Genève devra verrouiller ses frontières. Aucun officiel suisse, encore moins genevois, ne doit se pavaner sur le tarmac, pour la simple gloriole de figurer sur la photo avec les puissants de la planète. Genève doit se montrer glaciale, face à ce club autoproclamé de ceux qui dominent.
     
    Rien de plus beau que l'Histoire sociale suisse, en tout cas depuis 1848. Nous avons une paix sociale, un respect entre nous, un principe de cohésion interne et de solidarité. Tout ce que Macron, Trump, dans leur pays, foutent à la poubelle. Alors, votre merde, Messieurs les arrogants du monde, vous allez la transporter directement à Évian si ça vous chante, mais VOUS FOUTEZ LA PAIX À GENÈVE ! Je ne suis même pas sûr qu'il faille laisser notre aéroport accueillir les irresponsables de la planète. Ils n'ont qu'à atterrir à Lyon, et la France, qui veut tant jouer dans la cour des grands, leur affrètera bien les hélicos nécessaires pour se transporter à Évian.
     
    Une chose est certaine : nous, les citoyens de Genève, nous exigeons du Conseil d'Etat qu'il se montre glacial avec ce Sommet, qu'il renonce aux mondanités d'usage avec les potentats de passage, qu'il ferme les frontières, qu'il verrouille totalement Genève pendant ces quelques jours.
     
    La merde de 2003, c'est NON, NON, et NON. Le Conseil d'Etat est pleinement responsable de la sécurité de nos citoyens, de nos commerçants, des personnes et des biens. Si la chienlit de 2003 devait se répéter, alors le gouvernement genevois IN CORPORE devrait être viré. Sans le moindre ménagement. Dans une telle hypothèse, le peuple devra montrer sa colère.
     
    Le peuple de Genève, oui. Celui qui bosse, n'en peut plus de payer des impôts, ne reçoit jamais la moindre subvention, ne la réclame d'ailleurs pas. Et qui en a PLUS QUE MARRE des amitiés horizontales de certain(e)s de nos magistrat(e)s, plus sensibles aux cocktails de la "Genève internationââââle" qu'à la souffrance des Genevois.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La grâce

     
     
    Sur le vif - Mercredi 18.06.25 - 10.20h
     
     
     
    Parmi tant de moments inoubliables, je viens de réécouter le troisième mouvement du Concerto pour piano no 3 en ut mineur, opus 37, de Beethoven. Au piano : Brendel. Au pupitre : Abbado.
     
    La présence de ces deux hommes si rares, sans compter le Berliner Philharmoniker, la qualité de ces deux âmes, le sublime intrinsèque de l’œuvre, sa place dans l’évolution beethovenienne, m’amène, une fois de plus, à réfléchir à cette chose unique, indicible, fuyante comme le passage de l’Ange, qu’on appelle la grâce.
     
    Je ne parle pas ici de la grâce théologique, celle d’un Bernanos, celle d’une Simone Weil, celle d’un Maritain. Non, la grâce en musique. La grâce en poésie. La grâce dans les arts. Ce moment furtif, imprévisible, où la profondeur, libérée de toute gravité, s’en va déjà disparaissant dans l’éther.
     
    En musique, j’aime la profondeur, celle d’un Richard Strauss. Mais j’aime aussi la grâce : Mozart, Schubert, Schumann, Debussy, Schönberg, Bartók, et….. à nouveau Richard Strauss, celui du Rosenkavalier, scène finale, Sabine Devieilhe, juin 2025.
     
    Abbado, c’est la grâce. Brendel, comme Clara Haskil, comme Martha dans Schumann, c’est la grâce, à l’état pur. Harnoncourt, c’est la grâce.
     
    J’ai écrit « réfléchir à la grâce ». Ça n’est pas le bon verbe. Je ne «réfléchis» pas trop, dans la vie. Enfin, pas au sens d’un bonhomme qui, à froid, se proposerait tel thème à empoigner, avec des syllogismes et des consécutives.
     
    Mais « réfléchir », en musique, est peut-être au fond le bon terme. Si on entend par ce verbe, au sens premier, la capacité à laisser se mirer sur l’écran de notre être sensible ce moment d’arrachement à la pesanteur qui s’appelle la grâce. Cette disponibilité est question d’antennes, de vie intérieure, d’appétence au monde. Pas la mondanité, le monde !
     
    Alfred Brendel, dans la clarté de conception de l’œuvre comme dans l’infinie délicatesse du toucher pianistique, c’est la grâce. À l’état pur.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Dugerdil, face au carnaval des trahisons

     
     
    Sur le vif - Mardi 17.06.25 - 10.11h
     
     
    Bon, c'est plié. A moins d'un miracle, Nicolas Walder sera le prochain Conseiller d'Etat. Oh, c'est un homme compétent, intelligent, avec vision globale, six ans d'expérience à l'exécutif de Carouge, trois fois Maire. Genève survivra très bien avec M. Walder à la Tour Baudet, il n'y a pas péril en la demeure, ni même pour la majorité de droite, puisqu'elle demeurera à 4/3 si le candidat Vert est élu, ou passera à 5/2 si la droite l'emporte.
     
    Et c'est bien là le problème de cette complémentaire : il n'y a guère d'enjeu ! La majorité 2023-2028 est, dans tous les cas, assurée. Alors, dans les états-majors politiques, on peut se permettre de jouer. Le MCG lance M. Gerzner, en sachant qu'il n'a aucune chance, c'est juste pour assurer la visibilité du parti, et lui assurer un vent de fraîcheur avec un homme nouveau qui pourrait prendre date pour d'autres échéances. Beaucoup plus grave : le Marais centriste oublie (mais disons qu'il a l'omission facile) ses engagements de 2023, et lance Xavier Magnin, là aussi un homme d'expérience et de qualité.
     
    Soyons clairs : ni M. Gerzner, ni M. Magnin ne sont en cause. Chaque parti a le droit de lancer des candidats, chaque citoyen peut même tenter l'aventure. Ils auront évidemment toute leur place dans les débats de la campagne.
     
    Mais il faut maintenant parler franc. L'homme qui fait peur à la bonne droite libérale qui tient le Conseil d'Etat, représentée au premier plan par Mmes Fontanet et Bachmann (une vraie libérale, sur le plan économique), ça n'est aucun des spadassins ou francs-tireurs du MCG ou du Centre, mais évidemment Lionel Dugerdil. Il est l'homme à abattre par la gauche, mais ça c'est de bonne guerre. Et - osons le dire - il est l'homme à abattre par la droite libérale, la droite libre-échangiste, la droite en perpétuelle génuflexion devant les puissants de la finance mondialisée, devant les multinationales, devant les grandes banques.
     
    Osons en dire un peu plus. Depuis deux ans, la révélation politique à Genève, c'est Lionel Dugerdil. Parce qu'il incarne une autre droite. Protectionniste. Souverainiste. Agricole, mais il est aussi un ardent défenseur de l'industrie nationale suisse. Une droite environnementale, aussi, avec un discours de pointe sur l'aménagement du territoire, la protection des zones rurales, l'agriculture de proximité, les circuits courts, la production bio. On est loin, tellement loin, de l'UDC zurichoise des années Blocher, ultra-libérale en matière économique et financière.
     
    Alors, quoi ? Alors, dans cette majorité de droite de l'actuel Conseil d'Etat dominée par le dogme libéral et l'Arche Sainte du libre-échange, la perspective de voir débarquer le bulldozer protectionniste Dugerdil fait peur. Comme elle fait peur à un certain patronat, plus sensible aux dividendes et aux spéculations boursières qu'à nos magnifiques valeurs suisses, construites autour du travail et du mérite.
     
    Dugerdil fait peur, alors on organise le grand carnaval, la grande fête foraine, chacun peut prendre sa carabine, tirer dans une roulotte joyeusement colorée, tenter la peluche tellement affriolante octroyée à celui qui fait le meilleur carton. Et la cible, c'est Dugerdil. Alors, on lance Gerzner, alors on lance Magnin, on se détend un bon coup, on se laisse aller, on lâche les champions pour occuper le terrain, mais au fond on sait très bien qu'on roule pour Walder. On ne risque rien : la majorité de droite est acquise, jusqu'en 2028.
     
    Reste le pire. Non pas les ennemis de Dugerdil à droite, mais ceux qui, au sein même de son parti, depuis son avènement à la présidence, ont juré sa perte. Ca n'est pas une question de personne. C'est une affaire de ligne politique, et surtout économique. La branche libérale de l'UDC genevoise se fait progressivement minoriser par l'aile souverainiste, protectionniste, populaire, sociale et joyeuse. Et l'homme qui incarne cette tendance montante, c'est Dugerdil.
     
    Lionel Dugerdil fait peur à la gauche, incapable de comprendre qu'un homme de droite puisse être habité par une pensée sociale, dont elle revendique le monopole. Il fait peur à la droite libérale, accrochée au vent ultra, mondialiste et libre-échangiste qui souffle depuis 35 ans. Alors, on préfère Walder. Alors, on ouvre la chasse, avant la saison.
     
    Tels sont les enjeux de la complémentaire du 28 septembre. Internes à la galaxie de la droite genevoise. Internes, même, à l'UDC cantonale. Et surtout, profondément économiques et financiers. Une campagne à analyser avec, dans la méthode, un regard marxiste : ne pas trop s'attacher aux figurants, chercher les lames de fond, elles sont toujours dans les enjeux de pouvoir, de domination et d'intérêts économiques.
     
    Un électorat, enfin, détient la clef de l'avenir : celui du PLR genevois, qui doit être, lui, salué pour sa loyauté aux engagements de 2023. Regardez l'exemplaire Cyril Aellen : il est libéral, il n'est pas protectionniste, malgré cela il défend Dugerdil et le pacte signé. Un vote massif du PLR pour Dugerdil ne suffira peut-être pas à lui apporter la victoire. Mais il prendra date, pour l'avenir, et renforcera l'idée de droite unie pour d'autres échéances. La loyauté d'un Cyril Aellen, la fidélité à la parole donnée, voilà qui vaut tellement plus, devant l'Histoire, que le tournicotant carnaval des trahisons.
     
     
    Pascal Décaillet