Sur le vif - Mercredi 07.05.25 - 16.23h
Il y a quelques semaines, juste à la fin du marathon des municipales, j'annonçais une période de deux ans et demi (jusqu'aux fédérales d'octobre 2027) sans élections. Et je m'en félicitais. J'ajoutais toutefois : "Sauf élection complémentaire, qui n'est jamais à exclure" !
Eh bien, nous y voilà. Nous élirons un nouveau membre du Conseil d'Etat le 28 septembre, deuxième tour le 19 octobre. Une complémentaire, à Genève, nous connaissons : départ de Mark Müller en 2012, puis de Pierre Maudet en 2022. Mais là, c'étaient des scénarios de crise. Nous sommes, cette fois, face à un départ de sang froid, apparemment pour lassitude. Fort bien, envisageons la suite.
Une complémentaire est une remise des bouliers à zéro. C'est une affaire du peuple face à des candidats, et en aucun cas une affaire des partis. Oh, ceux-là joueront leur rôle, présenteront des gens. Mais le peuple ne leur doit rien. Il ne doit rien à la configuration du septuor élu en 2023. Il est libre de choisir un candidat d'un autre parti que celui laissé vacant, ou même hors-partis. Il élit strictement qui il veut.
Oui, le peuple est libre. En aucun cas, il ne doit se sentir lié par la composition du Parlement en 2023, cette dernière n'était que la photographie d'un moment. En septembre 2025, nous serons dans un autre moment. Pour être clair, il n'y a strictement aucune obligation à élire un Vert. Le partant, d'ailleurs, a choisi de prendre ce risque, il l'assume, il insiste sur l'aspect personnel de sa démission.
Un mot encore, sur la droite genevoise. Avec cette complémentaire, elle a l'occasion unique de renforcer d'un membre sa présence au gouvernement. Elle est majoritaire dans le Canton, majoritaire au Grand Conseil, elle a les moyens de placer l'un des siens. Mais pour cela, elle doit tenter l'impossible : nous prouver qu'elle n'est pas la plus bête du monde. Cette preuve, ce printemps, avec la non-élection de l'excellente candidate Natacha Buffet-Desfayes, l'une des meilleures de ces dernières années, a pour le moins fait défaut. Une droite unie, dès le départ, avait la possibilité d'arracher un siège à l'exécutif de la Ville. Une droite unie a celle d'en occuper un supplémentaire au Conseil d'Etat.
Il serait tout de même hallucinant, dans un Canton où la droite représente près des deux tiers de l'électorat, que la gauche réussisse à s'imposer dans une complémentaire. Hallucinant, mais pas impossible, tant sont vives les rivalités de chapelles. Et tant est ardente, dans le marais centriste, l'éternelle tentation d'intelligence avec l'ennemi.
J'ai parlé ici de la gauche et de la droite. Mais une complémentaire, c'est avant tout une affaire de personnes. Une candidature puissante, hors-partis, de la part d'une individualité forte, pourrait aussi avoir ses chances. Bref, tout est ouvert. Y compris le dilemme de chacun d'entre nous, juste avant de prendre le volant : "Un Vert, ou pas du tout ?".
Pascal Décaillet