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  • La Suisse doit reconnaître l'Etat de Palestine

     
     
    Sur le vif - Vendredi 25.07.25 - 17.12h
     
     
    On peinerait à déceler en moi un partisan de Macron, mais sur la reconnaissance de l’Etat palestinien, il a raison.
     
    C’est un acte d’Etat. Il s’inscrit dans une très grande tradition, notamment gaullienne, mais tout autant mendésiste, de politique arabe de la France. Et de respect pour l’auto-détermination des peuples.
     
    C’est un tournant, ENFIN. Après d’interminables atermoiements, il fallait la clarté de cette rupture, fût-elle réduite à un simple acte de parole : cet État palestinien, que j’appelle de mes vœux depuis des décennies, À CÔTÉ DE L’ÉTAT D’ISRAËL, on n’en a, hélas, jamais été aussi loin.
     
    Et c’est justement pour cela, par la dimension apparemment impossible de ce vœu, qu’il faut aujourd’hui le prononcer, sans attendre. Là, Macron, si conventionnel à tant d’égards, si docile en atlantisme, si candide face à l’Europe, prend le contrepied des puissants. Il faut savoir le reconnaître. Et, sur ce coup-là, lui dire bravo.
     
    Et la Suisse ? Citoyen de ce pays que j’aime, je demande, à l’encontre de toute la politique de M. Cassis, une reconnaissance de l’Etat palestinien. Justement parce que ce peuple, à Gaza, atteint maintenant le sommet de la souffrance, c’est MAINTENANT qu’il faut le soutenir. Non plus seulement par le travail, souvent admirable, d’associations, mais À HAUTEUR D’ÉTAT.
     
     
    « À hauteur d’État » : ces mots ont un sens pour vous, M. Cassis ?
     
    Ma position, vous la connaissez, je ne dis que cela depuis tant d’années : amitié pour le peuple d’Israël, pour l’Etat d’Israël. Lutte contre tout antisémitisme. Mais, TOUT AUTANT, exactement au même niveau, amitié pour le peuple palestinien. Qui doit avoir, lui aussi, accès à la dignité d’Etat.
     
    Alors, lorsqu’elle aura retrouvé cet équilibre dans le respect des peuples, cette symétrie dans les attentions, cette ouverture au dialogue avec tous, dont elle avait fait preuve entre le FLN et la France, en pleine guerre d’Algérie, la Suisse redeviendra ce qu’elle a cessé d’être avec M. Cassis : une grande voix de la paix, écoutée, respectée dans le monde.
     
    Jérusalem, trois fois Sainte, où je me suis rendu maintes fois pour des reportages, n’est-elle pas la Ville de toutes les voix, de toutes les inflexions spirituelles, et finalement de toutes les lumières ?
     
     
    Pascal Décaillet

  • Jacques Neirynck : la part humaine qui doit rester première

     
     
    Sur le vif - Vendredi 25.07.25 - 10.54h
     
     
    Avec tristesse, j’apprends ce matin le décès de Jacques Neirynck. C’était un homme doux et lucide, d’une immense culture scientifique, très agréable à fréquenter, soucieux de la part humaine qui doit demeurer première. En un mot, un humaniste.
     
    J’avais connu Jacques lorsque je dirigeais la rubrique Nationale de la RSR, il y a trente ans. Avec lui, une foule de souvenirs, de débats en direct, dans les Pas perdus du Palais fédéral.
     
    En 2006, il m’avait magnifiquement reçu chez lui, avec son épouse, dans sa maison d’Ecublens, pour le tournage du Plan-Fixe, dans lequel je l’amenais à reconstituer sa vie.
     
    Il m’avait parlé de sa jeunesse en Belgique, il avait côtoyé Brel à l’école. Il avait vu les Allemands, un jour, venir chercher l’un de ses camarades juifs. Il ne l’a jamais oublié, sa gorge se serrait lorsqu’il évoquait cet événement.
     
    Il m’avait aussi parlé de ses premiers pas d’ingénieur en électricité dans un Congo encore belge, et de l’immense aventure qu’avait été pour lui la rédaction de son impressionnante Encyclopédie de l’Electricité. Fils d’ingénieur, j’écoutais ce chapitre de sa vie avec passion.
     
    Lors de la Première du film Plan-Fixe, à la Cinémathèque suisse, je lui avais présenté mon épouse. Depuis, lui et sa femme sont venus tant de fois la voir jouer, sur scène. Toujours aimables, chaleureux.
     
    Jacques Neirynck était un homme épris de culture, de science, de bien public. À tous ses proches, ma sympathie, et mon amitié.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Non la même langue, mais le même langage

     
     
    Sur le vif - Jeudi 24.07.25 - 12.13h
     
     
     
    La Suisse, plus que jamais, doit s'occuper d'elle-même. De son peuple. De sa souveraineté. De son industrie, qu'elle doit d'urgence relancer, réinventer. De son agriculture. De ses paysans, tellement indispensables à notre autonomie alimentaire. De ses retraités. De ses malades. De l'emploi de ses jeunes. De sa cohésion sociale, sans laquelle le pays n'existerait simplement pas.
     
    Qu'elle accomplisse, en absolue priorité, ces tâches primordiales, plutôt que se croire obligée de participer à l'universel caquetage sur l'état du monde. Il y a un pays que je ne supporte plus, et ce pays ça n'est pas la France, dont les provinces sont dotées de tant de qualités, non ce pays, comme le chante Joséphine, c'est Paris. Insupportables médias privés parisiens, TOUTES TENDANCES POLITIQUES CONFONDUES. Insupportables jacasseurs, démonstrateurs, ratiocineurs, beaux parleurs, ne connaissant, pour la plupart, aucun sujet en profondeur. A l'image de ces ineffables généraux de chez Darius, qui pérorent à n'en plus finir sur l'Ukraine ou sur le Proche-Orient : des tonnes de salive pour zéro message final. Le sommet de l'arrogance parisienne, celle qui synthétise tout, sans rien connaître vraiment.
     
    La connaissance, oui : c'est la clef de tout. Je vous encourage à cheminer vers la langue, en apprendre quelques-unes en plus de la vôtre, tenez je vous recommande le grec, l'allemand ou l'italien, idéalement l'arabe. Je vous encourage à la lecture. Je vous encourage à l'insatiable et universelle curiosité. Que votre esprit soit ouvert, que les musiques et les poèmes du monde vous emplissent.
     
    Faire chemin vers la connaissance, ça n'est pas s'égarer, encore moins se perdre. C'est demeurer sur l'essentiel. Et l'essentiel, pour moi, ne réside pas dans un universel abstrait. Mais dans la considération, en profondeur, et parfois même en immobile extase, de chaque fragment de vie, en particulier. Alors, peut-être, chacun de nous, acceptant ses différences et le fractionnement du monde en une infinité de particules, se mettra à parler, non la même langue, mais le même langage.
     
     
    Pascal Décaillet