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  • Nous étions donc à ce point des vassaux ?

     
     
    Sur le vif - Dimanche 06.04.25 - 15.09h
     
     
     
    Le choc des tarifs douaniers, décrétés avec un arbitraire ubuesque par Trump, déboussole la Suisse. A vrai dire, il en révèle davantage sur nous, nos orientations économiques depuis la Seconde Guerre mondiale. Et surtout, notre absence cruelle, hallucinante, de politique économique cohérente, depuis la chute du Mur et le fléau ultra-libéral qui déferle sur l'Europe.
     
    Prenez un entrepreneur. Leçon no 1 : diversifier sa clientèle. De façon à survivre, même si un très gros partenaire vous laisse tomber. Pour cela, il faut apprendre à compter sur soi-même, et soi-même seulement, sur sa propre capacité de réinvention en cas de coup dur. C'est valable pour toute entreprise. C'est valable aussi pour une nation.
     
    Soyons clairs. La Suisse a fondé sa prospérité sur les exportations. Ca lui a plutôt bien réussi. Mais les temps changent, et le trumpisme économique n'est certainement pas une parenthèse. Nous entrons dans une ère de protectionnisme. Elle était prévisible depuis des années, déjà d'ailleurs sous Biden. La Suisse ne s'y est absolument pas préparée. Nos conseillers fédéraux responsables de l'économie, infiltrés jusqu'à la moelle par l'idéologie du libre-échange, n'ont rien vu venir. Ou plutôt, rien voulu voir venir. Leur responsabilité, dans cette impéritie, est écrasante.
     
    La Suisse a besoin d'une politique économique. Jusqu'ici, elle n'en avait pas ! Au nom de la liberté des entreprises, elle s'interdisait même d'en avoir ! C'est une absurdité. Liberté d'entreprendre oui, mais dans des cadres nationaux, où la politique économique doit être définie en fonction des intérêts supérieurs de chaque peuple, et non pour huiler, encore et toujours, la machine financière mondialisée.
     
    La Suisse, Trump ou pas Trump, doit réorienter son économie vers son propre marché intérieur. Et cesser de sacraliser l'exportation, en faisant à Berne tous les caprices de son puissant lobby. Elle devait le faire depuis des années. Nos gouvernants se sont accrochés aux ultimes profits que pouvait encore générer un ultra-libéralisme destructeur de cohésions sociales.
     
    Enfin, où est la "neutralité", quand un immense client, Outre-Atlantique, au demeurant la première puissance impérialiste du monde, est capable, par une chiquenaude mentale de son Président, de désorienter à ce point nos esprits ? Nous étions à ce point vassal, dominion, et finalement sujet de l'Oncle Sam ?
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Pour une économie vivante, au service du peuple suisse !

     
     
    Sur le vif - Jeudi 03.04.25 - 16.07h
     
     
    Depuis des années, ici même, je plaide pour une économie suisse pleine, bien sûr, d'invention et de vitalité, mais recentrée sur le marché intérieur. Sur les besoins vitaux du peuple suisse ! Vous connaissez ma passion pour l'industrie, qui doit être forte, avec ses centres de production en Suisse, et non délocalisés en Asie. Vous connaissez aussi ma défense farouche de l'agriculture suisse.
     
    Il ne sert strictement à rien de pester contre Trump. Ni de refaire le monde. Nous, Suisses, attachés à notre patrie, nous devons prendre les réalités du monde, telles qu'elles sont. Aujourd'hui, nous entrons dans une époque de retour au protectionnisme. Nous devons en prendre acte, j'appelle depuis des années à anticiper ce mouvement, l'arrogance ultra-libérale est restée de marbre. Depuis hier soir, elle est sonnée, déboussolée, au tapis. Elle ne l'a pas volé.
     
    Prendre le terrain, tel qu'il est. C'est la règle no 1 de toute bataille. Ne pas qualifier l'ennemi, ni l'étiqueter, c'est peine perdue, mais nous donner, à nous-mêmes, les forces vitales du combat. Et puis, avoir la lucidité (la seule vertu qui vaille, dans la vie) de constater que l'économie suisse, toujours avide d'un profit financier augmenté, est allée beaucoup trop loin dans la sacralisation de l'industrie d'exportations. Et dans celle du libre-échange, érigé en dogme. En Arche Sainte, inattaquable.
     
    L'économie suisse doit se recentrer sur le marché intérieur. Pour cela, désolé, mais il faut, au plus haut niveau de la Confédération, la définition stratégique d'une politique économique. Je n'ai pas dit "plan quinquennal" ! J'ai dit stratégie, cela signifie définir des secteurs prioritaires, et, n'en déplaise à l'arrogance libérale, les protéger. La production d'acier en fait partie. Celle de médicaments aussi, pour ne prendre que deux exemples.
     
    Je plaide, depuis des années, pour une économie suisse recentrée sur le marché intérieur. Sur les besoins des Suisses. En matière d'alimentation, de chauffage, d'énergie, de génie civil (mon père était ingénieur, dans ce domaine), de constructions, d'infrastructures de santé, et bien sûr de sécurité. Une telle réorientation, qui aurait dû être anticipée depuis des années, n'abolit en rien notre savoir-faire dans l'exportation. Mais elle exige de ne plus considérer cette dernière comme une vache sacrée. Ni de continuer de faire, à Berne, tous les caprices du lobby des exportateurs.
     
    Une économie suisse vivante, chercheuse, réveillée. Mais au service du peuple suisse, y compris des plus défavorisés d'entre nous. Et non au service des marchés financiers mondiaux, et du gain en capital de quelques-uns, seulement.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Mortels, mais lucides

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.04.25

     

    Un parlement cantonal. Un délibératif municipal. Une émission politique à la télévision. Les colonnes d’un journal, comme celui que vous avec entre les mains. Un réseau social bien géré, où l’on s’exprime sur le fond, et non sur les personnes. Entre tout cela, un point commun : constituer un forum de discussion. Un lieu où des gens s’expriment, sur des sujets d’intérêt public. On n’est pas d’accord, on pose ses arguments, on s’explique, au besoin on s’engueule un bon coup, comme on le fait depuis 150 ans, dans les bistrots valaisans, entre radicaux et conservateurs. C’est vif, mais fraternel.

     

    Ce que nous devons conserver, c’est cela. Un lieu, peu importe où, peu importe le support, où puissent s’exercer les antagonismes de la Cité. La gauche contre la droite, les libéraux contre les étatistes, tout ce que vous voulez. Il ne s’agit pas d’être de gauche ou de droite. Il s’agit de maintenir, dans l’espace public, des aires de discussions, non sur l’intimité de l’individu, mais sur les enjeux qui nous sont communs. Pour cela, il faut des participants ayant un minimum de sens du collectif, de la République, de l’intérêt supérieur d’une communauté politique, tiens par exemple la nation. Et là, on pourra commencer à construire quelque chose.

     

    Le combat de ma vie, c’est cela. Parler, et faire parler, de la Cité. Celle d’Aristote. Notre lieu de vie, à nous, êtres sociaux. Mortels, mais assoiffés de lucidité.

     

    Pascal Décaillet