Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.09.25
La doxa libérale, depuis quatre décennies, tente de nous faire croire que le mot « protectionnisme » serait à bannir à tout prix. Il serait une sorte de repli, de recroquevillement de toutes les peurs. A le dépeindre ainsi, comme un fortin défensif en pleine guerre de mouvement, on le caricature, on le dénature.
Le protectionnisme ne s’oppose ni à la libre entreprise, ni aux PME, et encore moins aux tout petits entrepreneurs. Il ne combat pas le marché, mais l’inscrit dans le périmètre d’une communauté humaine organisée, notamment celle de la nation. Il promeut les circuits courts, protecteurs de l’environnement, le marché intérieur, la notion d’utilité publique des produits, au service de la prospérité des hommes et des femmes, à l’intérieur d’un espace géographique. Le protectionnisme n’est pas planétaire, il est éminemment national.
Le protectionnisme n’a de sens que s’il s’exerce en faveur du bien-être d’une communauté vivante. Il est d’essence politique, au sens le plus noble de ce mot : la vitalité de la Cité. Il exige un sens de l’intérêt public, une certaine conception du rôle de l’Etat, une idée supérieure des impératifs nationaux. Défini ainsi, il n’est pas un simple choix économique, mais une option politique et philosophique de l’économie au service de l’humain. Lisez Léon XIII, Rerum Novarum (1891), vous comprendrez tout.
Pascal Décaillet