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  • Dugerdil-Walder : que le meilleur gagne !

     
     
    Sur le vif - Dimanche 28.09.25 - 15.17h
     
     
    Depuis plus de quinze ans, je vous parle du curseur. C'est un thème que je partage depuis 2011 avec l'excellent conseiller national Cyril Aellen, et dont nous nous entretenons souvent.
     
    Le curseur, c'est quoi ? C'est la douce, mais constante évolution du PLR vers l'UDC. Non pour se fondre à elle, mais pour créer une dynamique de victoire, et surtout un programme cohérent des droites genevoises.
     
    Oh, le curseur a subi des revers. Longtemps, la rue des Granges a tenu pour des Gueux l'aile genevoise du premier parti de Suisse, ainsi que le MCG. Les radicaux, plus soucieux de maintenir leurs rites initiatiques que de construire une unité dynamique de la droite, n'ont pas fait mieux. J'entends encore l'un de leurs conseillers d'Etat, sommet d'arrogance, qualifier à la TSR de "Nouvelle Farce" une alliance UDC-MCG en vue d'élections.
     
    Ce magistrat est passé, il oeuvre aujourd’hui à ses réseaux. La  droite populaire genevoise, patriote, attachée au canton et au pays, demeure. Et elle se renforce.
     
    Deux personnes ont travaillé avec succès à la montée de l'UDC genevoise. Céline Amaudruz, deux fois présidente, très bonne conseillère nationale, a renforcé le crédit du parti. Mais le second, vilipendé à l'interne, à ses débuts, par un pronunciamiento d'opérette, a fait encore plus : cet homme, c'est Lionel Dugerdil.
     
    Dugerdil, c'est le renouveau de l'UDC. Et c'est un espoir unitaire pour l'ensemble de la droite genevoise. Ses chances de passer, le 19 octobre, face à Nicolas Walder, sont réelles. La campagne, pour l'un comme pour l'autre de ces deux candidats de valeur, sera serrée. Rien n'est joué.
     
    Dugerdil, c'est l'autre droite, enfin. Une droite populaire, souverainiste, attachée à l'agriculture et à l'industrie suisses, parfaitement ouverte à la collaboration avec le PLR sur les sujets cantonaux. C'est, surtout, une droite moins arrogante que celle des banquiers, moins cérémonielle que celle des ultimes épigones de Fazy. Dugerdil est un patriote joyeux, toujours de bonne humeur, aimant la terre, aimant la vie, aimant les gens. Son style n'a rien à voir avec celui des fatigues patriciennes, qui a beaucoup trop longtemps dominé la droite genevoise.
     
    Nicolas Walder, Lionel Dugerdil : deux hommes de valeur. Mais assurément, deux programmes opposés. N'est-ce pas le moins, en République, que d'opposer fraternellement des idées antagonistes ? La lumière vient de l'étincelle de deux silex frottés l'un à l'autre. La République, c'est la clarté. Que le meilleur gagne.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Dans dix mille ans

     

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.09.25

     

    J’ai eu la chance de me rendre maintes fois au Proche-Orient, la première fois en 1966 (jusqu’à la Mosquées des Omeyyades, à Damas), puis la plupart du temps pour mon métier. Jérusalem est pour moi une ville de lumières, de chiffres et de lettres, de codes, de prières, de mélange de civilisations. La langue hébraïque, bien sûr. Mais aussi, l’araméen, le copte, le grec orthodoxe, le byzantin, l’arménien, le géorgien. Forêt de signes.

     

    Chaque fois que je m’y suis rendu, je m’y suis senti au cœur du monde. Le judaïsme, dans toute la complexité de son Histoire. Le christianisme, incroyablement présent, dans ses versions orientales. Et puis, l’Islam. Jamais, une seule seconde, dans ma vie, je n’ai tenté d’ériger ces trois immenses courants en opposition les uns avec les autres.

     

    Il y a la guerre, bien sûr, pour la possession de territoires. Le contrôle de l’eau, denrée infiniment plus rare que chez nous. Mais je suis habité par l’idée que les grands courants spirituels convergent quelque part. En se promenant dans Jérusalem, « trois fois Sainte », du Mur des lamentations à l’Esplanade des Mosquées, de la Porte de Damas au Saint-Sépulcre, le premier sentiment qui vous envahit, d’une puissance inouïe, n’est pas celui de la différence. Mais celui de l’unité.

     

    On continuera longtemps, je le crains, à se battre pour le contrôle de territoires. Un jour, l’unité triomphera. Un jour, peut-être. Dans dix-mille ans.

     

    Pascal Décaillet

  • Proche-Orient : la passion de comprendre

     

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.09.25

     

    La semaine dernière, j’ai évoqué ici l’extrême violence dans la tonalité du débat politique français. J’ai fait allusion, notamment, au rôle irresponsable joué par les chaînes privées parisiennes, TOUTES TENDANCES CONFONDUES, dans la polarisation des échanges. Soyons clairs : il n’est absolument plus possible, en France, de poser sereinement, par exemple, les termes complexes de l’équation Israël-Palestine, sans sombrer, après quelques secondes, dans un torrent d’insultes, surgies d’un camp comme de l’autre. La France a importé chez elle la haine du conflit, comme si la situation, sur place, n’était pas assez dramatique. Comme si l’horreur, celle de Gaza, allait s’arranger en instillant, autour d’un conflit extérieur à la France, un parfum de guerre civile, au pays des Guerres de religion et de l’Affaire Dreyfus. En s’étripant autour du Proche-Orient, ce sont leurs propres fantômes que réveillent nos amis Français : la question coloniale, l’antisémitisme, et même Vichy.

     

    Nous, les Suisses, sommes mieux armés que la France pour aspirer à poser sereinement les éléments du conflit entre Israël et les Palestiniens. Nous n’avons pas eu de colonies, Nous n’avons pas opprimé le monde arabe. Nous n’avons, d’un autre côté, pas eu les poussées d’antisémitisme de la France au moment de l’Affaire Dreyfus (1894-1906), même si l’analyse de la presse suisse de l’époque (j’ai travaillé sur ce sujet, pour ma Série RSR de 1994 sur l’Affaire) laisse poindre des positions plus tranchées, d’un côté comme de l’autre, que vous ne l’imagineriez. Nous avons, en Suisse, la chance de pouvoir parler à toutes les parties en guerre, Israël comme les Palestiniens. Nous avons cette qualité d’ouverture qui nous avait été reconnue, dans les dernières années de la Guerre d’Algérie, par la France et le FLN, pour pouvoir accueillir chez nous des négociations secrètes, alors que les armes, en Algérie, parlaient encore.

     

    Poser sereinement les termes du débat. Parler au gouvernement d’Israël, y compris pour lui dire tout net notre condamnation sans appel de son action à Gaza. Parler aux Palestiniens. Être reconnus, par l’un et l’autre camp, comme un pays de dialogue, de sérénité dans les débats, de sérieux dans notre connaissance, en profondeur, du Proche-Orient. Pour cela, il nous faut des diplomates connaissant à fond le monde arabe, la complexité de son Histoire, ses grandes figures, de Nasser à Bourguiba, de Abdel Kader (1808-1883) aux pères de l’indépendance algérienne de 1962. Il nous faut des diplomates parlant arabe, dans toutes les saveurs de cette langue fascinante. Il nous en faut d’autres parlant persan, et connaissant l’Iran avec une autre profondeur historique et culturelle que les caricatures de la propagande américaine. Bref, il nous faut de l’ouverture, de l’amitié avec les deux peuples en conflit, celui d’Israël et celui de Palestine. Il nous faut la patience de comprendre. Tout le contraire des hurlements de haine, sur les chaînes privées parisiennes.

     

    Pascal Décaillet