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Sur le vif - Page 8

  • Le colonel oraculaire de l'armée israélienne

     
     
    Sur le vif - Mardi 14.10.25 - 10.18h
     
     
     
    Les chaînes privées parisiennes, qui se couvrent de ridicule - et manifestent leurs vraies obédiences - depuis deux ans dans la couverture du Proche-Orient, vont-elles longtemps donner du "Mon Colonel" au propagandiste de langue française de l'armée israélienne ? Vont-elles longtemps boire ses paroles comme eau du Jourdain, pure et baptismale ?
     
    Soyons clairs. Je ne reproche rien à ce colonel. Toutes les armées du monde ont des propagandistes. Celle d'Israël, depuis longtemps, est particulièrement redoutable dans le choix de ceux qu'elle affecte à cette mission. Elle choisit des gens intelligents, cultivés, remarquablement polyglottes, aimables. C'est tellement plus efficace qu'une brute épaisse. Bref, ce colonel, qui porte uniforme de l'armée israélienne, fait son boulot.
     
    Mais les journalistes, en face ? Ils boivent ses paroles ! Il les avalent. Ils s'en imprègnent. Sans compter ceux qui, ouvertement partie prenante pro-Israël, en surajoutent dans son sens. Cette partie de lèche est totalement insupportable. Il y a eu au moins 67'000 morts à Gaza en deux ans, sans doute beaucoup plus, on les insulte en leur infligeant une telle allégeance.
     
    Les journalistes d'une certaine chaîne privée parisienne sont tous pro-Israël. En faveur du gouvernement actuel. Ils sont ouvertement hostiles à la cause palestinienne, qu'ils ramènent immédiatement au seul Hamas, comme si le peuple de Palestine n'était pas pluriel, divisé en factions rivales, complexes, comme le sont tous les peuples du monde.
     
    Ces chaînes privées parisiennes ne font que hurler, à longueur de soirées, contre les Français qui soutiennent la cause palestinienne. Elles sont, elles-mêmes, les propagandistes actives de l'actuel gouvernement israélien. Ces gens-là n'auraient, au fond, même pas besoin du "colonel" chargé de diffuser la bonne parole de l'armée israélienne. Ils sont eux-mêmes les propagandistes. Ils sont eux-mêmes les colonels.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Proche-Orient : la lucidité ne conduit pas à l'optimisme

     
     
    Sur le vif - Lundi 13.10.25 - 16.47h
     
     
    Elle est belle, elle est humaine, elle est infiniment respectable, la lueur d'espoir, dans un camp comme dans l'autre, au Proche-Orient. Pour ma part, j'ai toujours souhaité la paix, la concorde, la dignité d'Etat pour tous, dans cette région du monde si chère à mon coeur. Puisse cette lueur d'espoir déboucher sur quelque chose de fort, où les mots remplaceraient les armes, la main tendue remplacerait la main qui tue, la passion de comprendre remplacerait l'ignorance et les préjugés, la connaissance des langues, comme dans le feu d'une Pentecôte, remplacerait le fracas de Babel.
     
    Mais hélas, la lucidité n'incite pas à l'optimisme. C'est peu dire que cet espoir de paix, aussi légitime soit-il chez les belligérants, leurs familles, est d'une immense fragilité. Soyons francs : il n'y a, pour l'heure, ni chemin de paix sincère, comme avait pu l'être celui d'un Yitzhak Rabin, ni pulsion des cœurs à se rapprocher. Toute l'immense violence de ces deux dernières années est encore là, son fracas, ses cicatrices, l'empire de cette souffrance. Nous ne pouvons, en l'état, qu'espérer un cessez-le-feu qui tienne, ce serait déjà extraordinaire pour les populations civiles. Mais le mot "paix" est prématuré. Il faudra tellement de temps pour y parvenir, un jour, peut-être.
     
    Et puis, pourquoi le taire, nulle paix durable ne peut provenir d'un deus ex machina, venu d'un Nouveau Monde, dix mille kilomètres à l'Ouest de Jérusalem ou de Gaza. La paix exige lenteur, écoute, travail de réconciliation, réouverture des âmes fermées, des cœurs endurcis, laisser la place aux mots, à la langue, mais aussi à un long silence de cicatrisation. La paix, la vraie, ne se décrète pas à la Maison-Blanche, elle n'est pas là pour servir le blason de son locataire du moment. Elle doit surgir des antagonistes eux-mêmes, à commencer par les plus extrêmes d'entre eux, dans les deux bords.
     
    La passion pour le Proche-Orient exige, de la part des observateurs que nous sommes, l'élan des cœurs. Mais elle exige, tout autant, la plus implacable des lucidités. L'exercice de cette dernière, pour ma part, ne m'amène pas ce soir à l'optimisme.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Pour un Panthéon sans Président

     
     
    Sur le vif - Vendredi 10.10.25 - 13.06h
     
     
    Entre la profanation d'une tombe, qui est immonde, et l'insupportable unanimisme, il aurait pu, tout de même, exister hier le seul espace qui vaille : celui du respect, certes, pour un homme, encore plus pour un mort, mais n'empêchant en aucune manière l'exercice de la lucidité critique sur son oeuvre, son legs à la Place Vendôme.
     
    Hélas, cela ne fut pas le cas, ou beaucoup trop peu. Liturgie présidentielle comme paravent d'une perdition. Obédience, génuflexion, de la Macronie médiatique. Sanctification béate, là où aurait dû s'appliquer la nuance. Bref, à peu d'exceptions près, tous derrière l’instrumentalisation de Macron.
     
    S'il doit exister un Panthéon, alors il est immensément malsain que le grand-prêtre en soit le chef d'Etat en exercice. Au moins, en 64, pour Jean Moulin, Charles de Gaulle "menhir dans sa longue capote battue par le vent glacé", avait laissé parler Malraux. Mais le Président à la fois maître de cérémonie, metteur en scène, hagiographie officiel, moraliste en chef, récupérateur, il y a quelque chose de l'ordre d'une dérive.
     
    Quelle dérive ? Celle de Macron ? Oui. Mais la dérive de tout pouvoir, d'où qu'il vienne, lorsqu'il prétend, en plus de régir la Cité, organiser et orienter la mémoire.
     
    L'exercice de la fonction critique, si chère à Robert Badinter, ne lui a paradoxalement pas été appliqué. On l'a juste sanctifié, non pour lui, mais pour accorder un sursis de crédit à un pouvoir prêt à tout pour ne pas voir sa propre fin.
     
     
    Pascal Décaillet