Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 8

  • Les gentils soldats du PLR face aux forces de l'esprit

     
     
    Sur le vif - Lundi 17.02.25 - 15.36h
     
     
     
    Laissons M. Vance, il s'est comporté comme un Yankee familier des ingérences, nous avons l'habitude. Le problème de l'arrogance américaine en Europe, depuis 80 ans, dépasse de loin les régimes, la césure entre Démocrates et Républicains. Il concerne le sentiment d'infériorité des Européens, l'écriture de l'Histoire par les vainqueurs, Côté Ouest, de la Seconde Guerre mondiale, comme on rédige le scénario d'un western, avec un shérif, des bons, des méchants, des vrais vainqueurs (ceux de l'Est) dont on parle à peine, et qu'on s'apprête sans doute à oublier d'inviter, le 8 mai prochain. Laissons les Américains. Nous ne les referons pas.
     
    Autrement importante, pour un citoyen suisse, est la réaction de Mme Keller-Sutter. Car là, il s'agit d'une prise de position de la Présidente de la Confédération. Je l'ai déjà dit hier, elle n'a réagi qu'au texte de M. Vance (dont je partage bien des propos), et n'a pas soupesé le contexte, tissé d'ingérences, de provocations, de paternalisme américain de la pire espèce, le Vice-Président ayant parlé aux Européens comme à des enfants.
     
    Mais il y a plus grave, dans la réaction de Mme Keller-Sutter : sa conception, tellement saint-galloise, du "libéralisme". "Le discours Vance est bon, car il est libéral", nous dit en substance Mme KKS. "Il est très suisse, car il est libéral". Comme si le choix libéral était le seul possible pour un citoyen suisse. Comme si ce dernier ne pouvait être souverainiste, anti-libéral, protectionniste. Ou socialiste, étatiste. Ou membre d'une gauche radicale. Ou centriste, d'inspiration corporatiste. Bref, la Présidente de la Confédération, membre d'un parti appelé "PLR", laisse entendre que le libéralisme serait la vertu intrinsèque des Suisses. L'équivalent, en pur dogmatisme libéral, de l'équation maurrassienne "Je suis Romain, je suis humain" (Dilemme de Marc Sangnier, 1906). La Présidente ne rassemble pas. Elle disperse. Elle ne dit pas l'unité de notre pays. Elle prône le sectaire.
     
    Alors, hier, le PLR a délégué ses huiles les plus essentielles, le Président du groupe M. Cottier, puis le vice-président du parti, l'excellent Cyril Aellen, un homme à qui je voue estime et respect. L'un et l'autre, sur toutes sortes d'ondes, ont fait le job. Mais enfin, si chaque fois que la Présidente prend la parole, il faut une version canonique de la traduction de ses propos par les grands Clerc du parti, ça va être un peu compliqué.
     
    A part ces deux Messieurs, qui furent mesurés, toute la triste armada des PLR dogmatiques. Ceux qui se crispent, ne supportent pas que l'une des leurs soit critiquée. Ceux qui avaient, en 2007, sans état d'âme voté pour l'orléaniste Sarkozy. Ceux qui étouffent tout débat sur le Proche-Orient. Ceux qui avaient applaudi béatement, au lendemain du 9 novembre 1989, au phagocytage pur et simple de la DDR par Kohl. Ceux qui ont laissé faire, depuis 35 ans, l'ultra-libéralisme le plus éhonté. Ceux qui ont voté tous les accords de libre-échange. Ceux qui ont laissé dépérir notre agriculture et notre industrie. Ceux qui voudraient nous embarquer dans l'Otan. Ceux qui n'ont jamais mis en oeuvre l'initiative du 9 février 2014 sur l'immigration de masse.
     
    Les voilà, vos supporters, Mme KKS. Derrière l'intelligence humaniste d'un Cyril Aellen, d'une Natacha Buffet-Desfayes, et Dieu merci de quelques autres, combien de gentils soldats du dogme libéral, atlantistes à souhait, éblouis par l'Oncle Sam ! De la grande et noble notion de Freisinn, nous attendons autre chose. Une autre clairvoyance. Une autre liberté intérieure. Une autre place accordée aux forces de l'esprit.
     
     
    Pascal Décaillet

  • J'attendais mieux d'une Conseillère fédérale, Mme KKS !

     
     
    Sur le vif - Dimanche 16.02.25 - 15.50h
     
     
     
    Catastrophique, le mot est faible pour commenter la réaction de Karin Keller-Sutter aux propos délirants du Vice-Président américain Vance, à Munich.
     
    Comme je l'ai exposé ici même avant-hier soir, au moment même du discours, M. Vance n'a certainement pas tort sur le fond. Il vise même juste, lorsqu'il déclare tabou tout débat sur l'immigration en Europe, lorsqu'il évoque une liberté d'expression muselée par la bien-pensance, ou encore lorsqu'il brandit l'exemple roumain : on conteste l'élection d'un profil qui ne plaît pas.
     
    Mais l'essentiel n'est pas là. Le scandale, c'est qu'un Vice-Président américain, peu importe qu'il soit celui de Trump, de Biden ou d'un autre, se permette de venir moraliser la Vieille Europe, lui dire ce qu'elle doit faire, sans être immédiatement congédié de la Salle des Conférences à Munich. C'est à nous, Européens, de régler entre nous ces questions-là, y compris en s'engueulant très fort entre nous, s'il le faut. Et ça n'est certainement pas à un shérif planétaire no 2 de venir nous faire la leçon du haut de son arrogance impérialiste !
     
    Et c'est là le problème de Mme Keller-Sutter. Ne voir dans dans ce discours que son contenu, sans avoir l'élémentaire sens politique d'en soupeser le contexte, en termes de dignité d'un Vieux Continent dont la Suisse, Union européenne ou pas, est partie prenante. Nous sommes Européens ! Je suis Européen ! Jusqu'à la moelle ! Pas de l'Europe de Bruxelles, mais de cette stratification continentale qui, culturellement, religieusement, linguistiquement, musicalement, poétiquement, nous a, au fil des siècles, soudés les uns aux autres ! Je suis Allemand, jusqu'aux tréfonds ! Je suis Italien ! Je suis Grec !
     
    Mme Keller-Sutter n'a absolument pas pris la mesure de cette dimension-là, pourtant essentielle, et supérieure à toute autre considération. Tout au plus, elle s'est ébahie face au "libéralisme" de M. Vance. Comme si le "libéralisme", dont la version ultra a fait tant de dégâts depuis la chute du Mur, était un but en soi ! Petitesse d'appréciation, Madame la Conseillère fédérale ! Et puis, quoi, vous voulez une Suisse-Singapour, une Suisse-Monaco, qui abandonne sa dimension européenne pour s'en aller négocier directement avec les bons boursicoteurs du moment, tel Dragon d'Asie, telle principauté aux attraits fiscaux ! Non, Mme Keller-Sutter ! Je suis Suisse comme vous, je suis contre l'inféodation de mon pays à l'Europe de Bruxelles, mais je veux une Suisse européenne, amie de tous sur ce continent, une Suisse où règnent la culture allemande, la culture italienne, la culture grecque. Une Suisse des langues et des textes.
     
    Au lieu de cela, je n'ai senti dans vos propos sur M. Vance que récupération apeurée pour ne surtout pas froisser le Yankee dominant. J'attendais mieux d'une Conseillère fédérale.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Munich n'est pas un dominion yankee, M. Vance !

     
     
    Sur le vif - Vendredi 14.02.25 - 19.36h
     
     
    Quoi qu’on puisse penser du fond, il n’appartient en aucune manière à un vice-président américain de venir tenir, à Munich, capitale de la Bavière, fleuron de l’Allemagne, ville qui incarne la culture et l’Histoire européenne, les propos qui viennent d’être ceux de M. Vance.
     
    Il était à Munich. Il était en Allemagne. Il était au cœur de l’Europe. Il était venu pour parler Ukraine, pas pour s’ingérer comme il l’a fait dans nos problèmes continentaux européens. Je dis « nos », parce que là, il n’est pas question d’Union européenne. Il est question de cette vieille Europe, deux fois millénaire, que nous aimons, et dont la Suisse est le cœur battant.
     
    Monsieur le Yankee, même si sur le fond vous n’avez pas tort, notamment sur le contrôle de l'immigration, vous n’avez pas à venir chez nous, au cœur de l’Europe, nous faire la leçon. Il nous appartient à nous, continentaux européens, de nous bagarrer entre nous, y compris pour ma part en partageant vos arguments. Mais c’est notre affaire, pas la vôtre !
     
    En écoutant le compte-rendu de votre hallucinante ingérence dans nos affaires continentales, je me suis senti puissamment européen. Pas de l’Union européenne, surtout pas ! Mais européen, par la culture, par les langues que je pratique, par l’Histoire. Et jusqu’à ma passion totale, viscérale, pour le plus célèbre natif de Munich, un certain Richard Strauss. L’auteur du Rosenkavalier.
     
    Écoutez cet opéra, M. Vance ! Écoutez-le mille fois. Écoutez cet air inoubliable, directement inspiré de celui de la Comtesse, dans les Noces de Mozart. Écoutez-le, et vous verrez ce que la Vieille Europe, ce que l’Allemagne, ce que Munich sont capables de produire.
     
    Informez-vous sur les trésors de la culture allemande, si puissants dans la capitale du Freistaat Bayern, l’Etat libre de Bavière. Et ne venez plus jamais à Munich avec cette insupportable arrogance d’un shérif qui se croit en tournée d'inspection, dans un dominion.
     
     
    Pascal Décaillet