Sur le vif - Dimanche 08.09.24 - 15.19h
Moins de trois jours, et déjà un style. L'autorité par la douceur. Le Savoyard Michel Barnier aurait-il lu ce très grand Saint et grand auteur, qu'était François de Sales ?
Premier exemple, la passation de pouvoirs. Gabriel Attal, que j'apprécie par ailleurs, nous livre un discours de sortie beaucoup trop long, il fait la leçon à son successeur, lui impose des tonnes de lectures : les projets de loi en attente, sur son nouveau bureau.
Que fait son aîné de 38 ans ? Il garde un calme impérial, et lui répond avec une infinie modération que son futur bureau lui a semblé bien vide, lorsqu'il l'a aperçu. Après le soliloque interminable de son prédécesseur, il demande juste s'il a le droit de "dire quelques mots". Puis, il le dézingue à tout rompre, sur un ton aussi paternel qu'amical. Du grand art.
Deuxième exemple, hier après-midi. Pour sa première sortie, le nouveau Premier ministre choisit d'aller s'entretenir avec le personnel hospitalier. Il s'attable avec eux, leur parle avec une douceur qui confine à la tendresse, les félicite de leur engagement. Mais il sait bien qu'il y a des micros et des caméras. Et, le plus gentiment du monde, sans élever la voix, il glisse simplement que, le budget étant ce qu'il est, il ne faudra pas s'attendre à des miracles. Il parle aux infirmières. Et il parle à la France. Ce qu'il avait à dire, il l'a adressé aux principaux intéressés, sur le terrain.
Un style. Une expérience. Une tonalité qui n'a rien à voir avec l'arrogance déracinée des énarques. Un homme d'âge mûr, qui aime la France. Plus s'écoulent les heures, plus je me dis, moi qui suis tout sauf macronien, que le Président, avec ce Premier ministre-là, pourrait bien avoir fait l'un des meilleurs choix de sa vie.
Pascal Décaillet