Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 10

  • Jean-Philippe Rameau, le chant des anges avant la tempête

     
     
    Sur le vif - Jeudi 04.09.25 - 11.26h
     
     
     
    Aussi loin que remontent mes souvenirs, la musique de Jean-Philippe Rameau a enchanté ma vie.
     
    J’aurais tant à dire sur cet immense musicien, sur son œuvre, son évolution musicale au cours des décennies, l’évolution des instruments aussi, dans ce dix-huitième siècle où la musique éclate de mille feux, se réinvente continuellement, jusqu’à nous livrer la magie de Mozart, puis la révolution beethovénienne. Rien que sur Rameau, son importance capitale dans le siècle de Louis XV, je pourrais écrire un livre.
     
    Hier, sur Mezzo, c’était Hippolyte et Aricie (1733). Je connais cette œuvre, je me suis dit : « Bon, cette fois, tu ne te laisses pas prendre ! ». Deux heures plus tard, rideau, j’étais resté là, skotché, comme un éphémère sur un phare.
     
    Ici, je ne veux pas être technique. Mais depuis des décennies, je tente d’établir ce qui, très concrètement, m’attire tant dans la musique de Rameau, contemporain des géants que furent Bach et Haendel. La réponse est complexe : ça tient à la nature des instruments, à la basse continue, aux saisissantes variations de tempo, à l’alternance entre danses chorales et solos bouleversants, à la sublimation de la voix féminine (comme chez Haendel), et à tant d’autres facteurs, très précis.
     
    Tant attaqué, a posteriori, par la tradition des Lumières, puis par l’historiographie révolutionnaire, le siècle de Louis XV fut une période d’intense activité littéraire et musicale, une éclosion incroyable des arts et des métiers, un moment de sublime répit en attendant le formidable fracas de la Révolution.
     
    Dans cet arrêt du monde face à son ineffable beauté, il y eut, comme un chant des anges avant la tempête, la musique exceptionnelle de Jean-Philippe Rameau.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La République l'emporte sur la Communauté

     
     
    Sur le vif - Mardi 02.09.25 - 09.41h
     
     
    Proche-Orient : ne nous déchirons pas entre citoyens suisses, il y a déjà assez d’horreurs et de violence là-bas, sur place, avec le massacre, chaque jour recommencé, de Gaza.
     
    Vous connaissez ma position, elle est celle de toute ma vie : amitié pour le peuple israélien, amitié pour le peuple palestinien. Absolues symétries de ces deux amitiés. Soutien total à un État palestinien, aux côtés d’un État d’Israël. Concernant Gaza : condamnation sans appel du massacre commis depuis deux ans par l’actuel gouvernement israélien.
     
    Faire cesser le carnage. Faire cesser la famine. Et nous, Suisses, œuvrer pour la paix. Comme nous le fîmes, avec efficacité et discrétion, en accueillant des pourparlers France-FLN, dans les dernières années de la guerre d’Algérie, j’ai étudié cela à fond.
     
    Tout cela, nous pouvons - et nous devons - le faire sans nous déchirer nous-mêmes, entre Suisses. Soutenir le peuple palestinien, qui vit les pires heures de son Histoire, sans pour autant instaurer en Suisse un climat de guerre civile entre un camp et l’autre.
     
    La grandeur de la Suisse, c’est de soutenir le droit de chaque peuple à l’autodétermination. Se battre pour la paix. Condamner le colonialisme, l’impérialisme, d’où qu’ils viennent. Panser les plaies du monde, par des actions humanitaires. À Gaza, en proie à la famine, elles sont d’une urgence vitale.
     
    Mais le destin de la Suisse n’est pas de nous déchirer, à l’intérieur de nos frontières, entre citoyens partisans d’un belligérant ou d’un autre. Nous devons aussi penser à notre propre cohésion nationale.
     
    À cet égard, la tentative récente d’un groupe communautaire, à Genève, de museler la parole d’un élu du peuple (ou, plus simplement, de n’importe quel citoyen suisse), est tout simplement ahurissante.
     
    Cette tentative, d’une maladresse inouïe, est un acte contraire aux fondements mêmes de la Suisse. Tout citoyen, toute citoyenne, a droit à sa liberté d’expression, dans les limites bien sûr de la loi. Un député, pas davantage qu’un citoyen non-élu. Mais, jusqu’à nouvel ordre, pas moins non plus.
     
    En un mot comme en mille, j’accorde mon plein soutien au citoyen Thévoz.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Les Gueux ont vingt ans. Et toutes leurs dents !

     
     
    Sur le vif - Lundi 01.09.25 - 16.31h
     
     
     
    Le MCG fête ses vingt ans. Et mon émission, GAC, a entamé sa vingtième année. A quelques mois près, le même âge.
     
    Je les ai vus naître (lors de leurs premiers jours, j'étais encore producteur de Forum, à la RSR), puis grandir. Je les ai vus mûrir. Je les ai vus s'étriper parfois, entre eux, mais pas trop, pas plus qu'ailleurs. Moins qu'au pays des fatigues patriciennes.
     
    Je les ai vus se battre, comme des lions. Je les ai vus se faire insulter, railler, vilipender, par les partis installés depuis la Restauration, n'en pouvant plus de roter leur éternité putative, entre rue des Granges et Bastions.
     
    Je les ai vus se faire mépriser, eux et l'UDC genevoise, par un magistrat tout heureux de sa saillie, jouissant de son exploit verbal, en parodiant à la TSR "Nouvelle Force" en "Nouvelle Farce". Lui, s'est éclipsé de la vie politique, et continue de trottiner dans ses réseaux. Eux, demeurent.
     
    Je les ai vus progresser, de façon incroyable. Dans les urnes, dès l'époque héroïque des Stauffer, Golay, Cerutti, je ne puis tous les citer. Mais aussi, dans les consciences : ainsi, ces deux mots, "préférence cantonale", que les notables partisans de Tocqueville et Benjamin Constant, entre Cercle et Terrasse, qualifiaient de scélérat au tout début, et qui maintenant sont entrés dans les pratiques à Genève, tout au moins à l'Etat.
     
    Je les ai vus arroser l'adversaire, au sens propre, oh juste un peu d'eau, mais ça ne se faisait pas. Je les ai vus conquérir les quartiers populaires, se battre, se battre, et encore se battre.
     
    Vingt ans après, comme chez Dumas, ils sont encore là. Mousquetaires ne craignant ni le combat,, ni la solitude, ni l'odeur de la poudre.
     
    Chacun pensera d'eux ce qu'il voudra. Pour ma part, citoyen de Genève et de ce pays que nous aimons, la Suisse, avec amitié et cordialité, je leur souhaite simplement un excellent anniversaire.
     
     
    Pascal Décaillet