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Sur le vif - Page 9

  • Jean-Philippe Rameau : délivrance et résurrection

     
    Sur le vif - Lundi 12.02.24 - 14.12h
     
     
    Me fascinent encore, et m'habitent physiquement, les images et les sons du reportage d'exception que j'ai suivi hier, aux alentours de minuit, sur Arte.
     
    La genèse, la patiente mise en place, dans toute sa complexité, des Indes Galantes (1735), de Jean-Philippe Rameau, l'une des plus grandes oeuvres de la musique française, à l'Opéra National de Paris, sous la direction musicale de Leonardo Garcia Alarcon.
     
    Les semaines, les jours qui précèdent la Première. Sur l'une des plus belles musiques jamais composées, le travail époustouflant des danseurs. Ces jeunes hommes et femmes, venus de tous pays, sont délirants de précision, d'inventivité, de folie dans l'incorporation de l'oeuvre musicale. Des danseurs de rue, d'une technique à couper le souffle, ils dansent sur les mains, ils volent au ras du sol, ils s'arrachent à la pesanteur.
     
    Ca tombe à merveille. Si par hasard, un jour, le poids de l'existence devait poindre sur vos âmes, branchez-vous sur la musique de Jean-Philippe Rameau. Les Indes Galantes. Les Sauvages. C'est une musique de la délivrance. Et de la résurrection.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Ukraine : l'inconnue allemande

     
    Sur le vif - Lundi 12.02.24 - 10.50h
     
     
    Depuis le premier jour de la guerre en Ukraine, j'appelle à décrypter les événements en fonction du mouvement lent de l'Histoire, et non de l'émotion, ou de la morale.
     
    La guerre n'a pas commencé en février 2022, même si la réalité de l'agression russe est un fait indéniable. Le conflit doit être inscrit dans une longue perspective historique, remontant non seulement à 2014, mais à 1991 (l'éclatement de l'Union soviétique). Puis, bien antérieurement, à la complexité séculaire des relations entre Ukraine et Russie. Permanence d'un double tropisme, une partie de l'Est tournée vers la Russie, l'Ouest vers des pays comme la Pologne ou la Hongrie. C'est cela, aujourd'hui encore, qui se joue.
     
    A cela s'ajoute, je l'ai dit maintes fois, le jeu impérialiste de l'Otan vers l'Est, depuis la chute du Mur. Pologne, Pays Baltes, Tchéquie, etc.
     
    Depuis le premier jour aussi, j'invite à scruter l'attitude d'un pays qui sera décisif, un jour ou l'autre, dans l'évolution de cette crise. Ce pays, c'est l'Allemagne, 90 millions d'habitants, première puissance économique d'Europe, quatrième du monde. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'Allemagne, pour ne remonter qu'au vingtième siècle, a une solide équation historique avec l'Ukraine. Faut-il rappeler ici les événements de juin 1941 à mai 1945 ?
     
    Depuis le début de la guerre actuelle, l'Allemagne se comporte en véritable vassal des Etats-Unis d'Amérique. Gouvernée pas un Chancelier faible, sans vision historique, elle veut absolument apparaître comme l'élève modèle dans l'aide à l'Ukraine, en finances et en armement. Bref, Washington délègue le job à Berlin. Pendant que l'Allemagne n'en finit plus de dépenser pour l'Ukraine, elle sombre elle-même dans la crise économique et sociale la plus importante depuis la guerre.
     
    Quant à l'Histoire, elle évolue. Les Etats-Unis ne manqueront pas de se lasser de l'aide militaire à l'Ukraine, ils ont d'autres théâtres d'opérations à occuper, et dans le pays l''isolationnisme monte. L'Allemagne, elle, demeurera l'Allemagne, là où elle est, au coeur de l'Europe, avec à l'Est les appétits économiques et commerciaux qui sont les siens, le Drang nach Osten, à commencer par le marché ukrainien. Doucement, l'Ukraine pourrait cesser d'être une affaire américaine, pour devenir non une affaire européenne (l'Europe n'existe pas, politiquement), mais une affaire allemande. Dès que les choses deviennent sérieuses, les conglomérats multilatéraux s'évaporent, les nations demeurent.
     
    Alors, il y aura l'Allemagne. Il y aura la Russie. Et entre ces deux géants, il y aura toujours l'Ukraine. Avec ce double tropisme Occident/Russie, en place depuis des siècles. Avec toujours la question du Donbass. Avec l'accès à la mer Noire. Avec la concurrence agricole sur les produits céréaliers. Et dans ces intérêts économiques immenses, l'Allemagne commencera gentiment à fourrer son nez. Et Moscou s'en offusquera.
     
    Et l'Histoire, dans sa tectonique patience, continuera. Avec, cette fois, les vrais acteurs.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Le Quintet du Culot, en si bémol majeur

     
    Sur le vif - Mercredi 07.02.24 - 16.31h
     
     
    La palme de l'indécence. Palme d'or, Cannes, grand escalier, tenues légères, photographes en délire, rien sous les robes, juste la caresse du Mistral.
     
    La palme, inégalée. Attribuée, à l'unanimité du jury, aux cinq anciens conseillers fédéraux Adolf Ogi, Doris Leuthard, Johann Schneider-Ammann, Pascal Couchepin, Joseph Deiss.
     
    Ils roulent pour le NON à la treizième rente. Et ils font Croisade de le faire savoir. Le Quintet du Culot, en si bémol majeur.
     
    Nous sommes le pays du monde où les retraites des ministres, fédéraux ou cantonaux d'ailleurs, sont les plus délirantes. Un Suisse moyen doit cotiser toute sa vie professionnelle, plus de quarante ans, pour toucher une rente encore malingre. Eux, c'est le pactole, en quelques années. Sous prétexte qu'il prennent des risques. Et l'entrepreneur indépendant, qui finance lui-même le 100% de ses retraites, et crève de trouille de tomber malade, il n'en prend pas, des risques ?
     
    Que chacun de ces anciens conseillers fédéraux vote NON, c'est leur affaire, chacun est libre. Mais désolé, la petite musique de ce Quintet, c'est la plus ahurissante fausse note de leur carrière.
     
    Je ne me fais pas des amis ? Rien à cirer. Excellente soirée à tous !
     
     
    Pascal Décaillet