Sur le vif - Vendredi 11.09.25
Le problème no 1 de la Suisse, à propos de Gaza, s'appelle Ignazio Cassis, je l'ai maintes fois souligné. Systématiquement pro-Israël, ancien vice-président d'un groupe d'amitié entre la Suisse et ce pays, il n'a aucune idée des enjeux du conflit entre Israël et les Palestiniens.
Il ne connaît pas le monde arabe, pas plus d'ailleurs que le monde persan. Il colporte une idéologie importée des Etats-Unis, tout pour Israël, rien pour les Palestiniens. Elle est loin, l'époque d'un Carter ou d'un Clinton, qui au moins parvenaient à réunir les antagonistes, d'un côté Sadate et Begin, de l'autre Arafat et Rabin. Dans les Etats-Unis d'aujourd'hui, non seulement le Président, mais un puissant courant conservateur évangélique pro-Israël mènent le bal.
En Suisse, le problème Cassis est donc identifié. Mais il faut aller plus loin : l'insensibilité à la cause palestinienne, y compris sous l'angle élémentaire de l'urgence humanitaire, est le fait d'une majorité du Conseil fédéral. Aucune voix ne semble s'élever, au sein du collège, pour faire entendre une autre tonalité que l'alignement derrière l'actuelle politique d'Israël. C'est le règne du silence. Et lorsque l'on délègue à Guy Parmelin (mais pourquoi lui !) la tâche de répondre au Parlement, on n'obtient qu'un non-dit malhabile, indigne de la gravité de la situation.
Le Parlement vient de refuser d'aider les Palestiniens, en leur reconnaissant, même symboliquement, le statut d'Etat, que pour ma part je réclame depuis un demi-siècle. Mais au moins, il en aura débattu. Le Conseil fédéral, lui, laisse rugir le fracas de l'Histoire. Et il se tait.
Il n'y a donc, pour l'heure, rien à attendre de la Suisse officielle, luxueusement incarcérée dans sa molasse fédérale. Restent les voix des hommes et des femmes que nous sommes, citoyennes et citoyens. Pour ma part, l'un d'entre eux parmi des millions et n'ayant jamais revendiqué d'autre titre que celui-là, je dis et répète aux Palestiniens mon amitié et mon soutien pour qu'il accèdent un jour à la condition d'Etat. Je veux être un ami du peuple d'Israël, assurément pas du gouvernement actuel. Mais je serai toujours, aussi, un ami de celui de Palestine.
Aucun extrême, de l'un ou l'autre de ces deux camps, ne me détournera de cette volonté de paix pour nos frères et soeurs, toutes ethnies, nationalités ou religions confondues, de ce Proche-Orient qui nous est si cher, dont nous fascinent les langues et les représentations du monde, qu'elles soient hébraïques, arabophones, coptes, syriaques, araméennes. La paix, ce seul mot, nous les Suisses, doit nous guider.
Pascal Décaillet