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Sur le vif - Page 17

  • Pour Trump, c'est une nouvelle campagne qui commence

     
    Sur le vif - Lundi 22.07.24 - 11.47h
     
     
    Le retrait de Joe Biden n'est pas une bonne nouvelle pour la candidature de Trump. Si Biden s'était maintenu, Trump aurait triomphé en novembre. Mais maintenant, tout repart à zéro.
     
    Pourquoi, après tout, faudrait-il sous-estimer les Démocrates ? Leur boulet, c'était Biden. Il restera certes jusqu'au 20 janvier (encore six mois !), mais n'a plus son mot à dire dans la course à sa succession. Les Démocrates se sentent délivrés, légitimés à partir avec un autre candidat. Biden désigne Kamala Harris : il n'a aucune légitimité à le faire. Les Démocrates se sentiront libres. Et le lui feront savoir.
    Et ce candidat démocrate, Mme Harris ou un autre, pourquoi ne serait-il pas bon, dans cette campagne-éclair (trois mois et demi !) qui s'ouvre ?
     
    Tout cela, Trump l'a évidemment compris. Il sait qu'il va devoir réorienter sa campagne, en fonction de son adversaire, X ou Y. Pour lui, c'est une nouvelle campagne qui s'ouvre.
     
    Il conserve certes toutes ses chances, et demeure hyper-favori, après l'incroyable alignement d'étoiles que vient de lui offrir le destin. Mais en politique, comme dans toute bataille, rien n'est jamais gagné avant la fin.
     
    Le 18 juin 1815, en milieu de journée, Napoléon était encore donné gagnant, à Waterloo. Nul d'entre nous, en ce 22 juillet, ne peut prévoir avec certitude le futur locataire de la Maison-Blanche.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La France s'helvétise, et elle a bien raison !

     

    Sur le vif - Jeudi 18.07.24 - 17.40h

     



    Je suis en train de suivre l'élection du Président, ou de la Présidente, de l'Assemblée Nationale française. Et je suis pris d'une émotion. Celle de retrouver des souvenirs de jeunesse, parmi les plus beaux de ma carrière journalistique.

    Pourquoi ? Mais pour une raison toute simple : le temps d'une journée d'élection, le législatif, en France, est enfin roi. Il ne l'a plus été depuis 1958, c'est très vieux : l'année de ma naissance !

    Le temps d'une élection, tous les projecteurs sont braqués sur l'Assemblée Nationale ! Et plus aucun sur l'Elysée. Ca fait du bien : les héros de ces élections législatives ne sont ni le Jupiter d'opérette qui les a voulues, dans un geste de marionnettiste, ni les ministres, ni les stars des plateaux TV. Non, les héros, ce sont les 577 élus légitimes, jaillis de la volonté tellurique du peuple de France : les députés.

    C'est leur jour de gloire. Et ça fait du bien ! l'Assemblée, sous la Cinquième, a toujours été maltraitée. Elle ne l'a jamais été autant que sous Macron, qui a transformé les députés en godillots.

    D'ici une, deux ou trois heures, l'Assemblée aura un Président, ou une Présidente. Nous verrons bien qui. Pour l'heure, apprécions de la voir resurgir, revivre, comme aux temps sublimes de la Constituante, de la Législative,et surtout de la Convention. Lisez Michelet, Histoire de la Révolution française, c'est un chef d’œuvre.

    Quant à moi, je suis ému, nostalgique. Pour la raison suivante : les TV françaises qui couvrent l'événement appliquent exactement la répartition des rôles qui était celle de mes heures si chères comme correspondant au Palais fédéral, puis comme chef de la rubrique nationale, puis comme producteur de Forum. Tous ces rôles, je les ai tenus, à l'époque : soit (le plus souvent) meneur général de l'émission spéciale dans la Salle des Pas perdus, soit "œil" de la rédaction (on est en radio !) qui décrit en chuchotant tout ce qu'il voit comme anecdotes, soit comme meneur de débats, en direct, au milieu de la faune politique. Que de souvenirs, avec mes collègues, journalistes et techniciens ! Parmi les plus beaux de ma carrière.

    Une pensée, particulièrement, pour tous les techniciens qui m'accompagnaient dans ces marathons radiophoniques en direct. Certains d'entre eux nous ont quittés : le souvenir de ces frères d'armes demeure en moi, pour toujours.

    Je dis : "La France s'helvétise", merci de n'y voir aucun paternalisme suisse à l'égard de nos amis d'Outre-Jura. Chaque pays a son génie propre, nul ne peut être calqué sur un autre. Mais tout de même, une Assemblée vivante, imprévisible, une Assemblée qui ourdit, qui vit sa vie, qui ne doit rien au Prince. Pour moi, peu importe l'élu(e) (oh, et et puis si, j'avoue un faible pour le communiste !). Mais l'essentiel c'est ce législatif enfin vivant, au pays de Mirabeau, et du Serment du Jeu de Paume, ça fait immensément plaisir à voir !



    Pascal Décaillet

  • Gauche française : on se calme un peu !

     
    Sur le vif - Mardi 09.07.24 - 16.26h
     
     
    En quel honneur "impose-t-on" au Président de la République française un Premier ministre ? D'où sort cette aberration ? De quel esprit égocentrique a-t-elle été engendrée ?
     
    La gauche française crie victoire depuis dimanche soir. Elle n'a rien gagné du tout. Le premier parti au Palais-Bourbon est le RN. Le "Front populaire" n'est qu'une coalition. Au sein de laquelle l'amour du prochain ne flambe guère comme une vertu première.
     
    Alors oui, cette coalition est arrivée première. Mais elle n'a pas la majorité absolue, personne ne l'a ! Constitutionnellement, le Président de la République choisit qui il veut comme locataire de Matignon. Après une élection, il est d'usage qu'il choisisse dans la majorité gagnante, mais IL N'Y A PAS DE MAJORITÉ !
     
    Alors, quoi ? Alors, on se calme un peu ! Il faut laisser cette Assemblée se constituer (eh oui, comme aux premiers mois de la Révolution), dessiner d'éventuelles alliances, et on y verra plus clair. Ces alliances pourront inclure la gauche, mais elles peuvent tout autant l'exclure. Surtout, s'il choisit le Premier ministre à gauche, le Président n'est nullement tenu de le prendre dans la France insoumise : le PS, par exemple, en pleine phase de reconstruction, pourrait offrir un chef du gouvernement à la France.
     
    Dans tous les cas, une chose est sûre : sous la Cinquième, le Président seul choisit le Premier ministre. Nul n'a à lui dicter son choix. Et entendre les Insoumis hurler, à longueur de journées : "Nous allons désigner, d'ici la fin de la semaine, le futur Premier ministre", relève de la farce la plus sinistre. Et en dit long sur ces gens, leurs appétits dictatoriaux, au sein même d'une gauche dont ils n'ont en aucun cas le monopole.
     
    Peut-être, dans l'étourdissement de leur résultat de dimanche, ces hallucinés du Grand Soir confondent-ils la République française avec un Soviet local, dans une République des Conseils, où la Concorde aurait repris son ancien nom, "Place de Grève". Et réinstallé la joyeuse machine qui fonctionnait, lorsque les dieux avaient si soif, à plein régime.
     
     
    Pascal Décaillet