Sur le vif - Mercredi 03.07.24 - 10.46h
"Cinq années de répit pour l'Ancien Monde". En ces termes, ici même, le dimanche de l'élection d'Emmanuel Macron, en mai 2017, à 20.02h, je commentais l'événement. Il fut réélu en 2022, ce furent donc finalement sept années de répit. Mais là, c'est fini.
Faire barrage : l'obsession des Français, en ce début juillet 2024. Elle ravive au mieux le système des forteresses de Vauban, au pire la Ligne Maginot, dont on a pu mesurer l'inutilité en mai-juin 40. Contre une stratégie de mouvement, audacieuse et imaginative, les fortins ne servent à rien.
Faire barrage : tout le macronisme se résume à ces deux mots. Emmanuel Macron est un homme intelligent, truffé de qualités. Mais toute sa stratégie, depuis 2017, est d'ordre défensif. Les idées qui montent, celles du RN sur la souveraineté et le contrôle de l'immigration, celles de la gauche sur la cohésion sociale, il cherche à tout prix à les contenir.
Un homme intelligent, mais maladivement imbu de son pouvoir. Crispé, autoritaire à souhait, dès que vient poindre la moindre contestation de sa majesté : on l'a vu face aux Gilets jaunes, auxquels il s'est montré sourd. On l'a vu dans la crise Covid. On le voit, depuis sept ans, dans sa politique européenne, son obédience atlantiste, son mépris du monde agricole, et avant tout sa délirante politique migratoire.
Faire barrage. Contre qui ? Contre le Pacifique ? Contre la volonté souveraine du peuple français ? Ce dernier, de plus en plus clairement, réclame le retour à la souveraineté nationale, industrielle et agricole, ainsi qu'un contrôle draconien des flux migratoires. A quoi s'ajoute un irrépressible besoin de sécurité intérieure. Il réclame aussi la cohésion sociale, la protection des plus faibles, le pouvoir d'achat pour les classes moyennes qui travaillent.
Le peuple français réclame cela, et rien d'autre. Vous pouvez lui brandir tous les barrages que vous voulez, toutes les évocations du fascisme, des années trente, tous les fantômes de Vichy, vous n'y pourrez rien, Macron n'y pourra rien. Que la majorité du 7 juillet soit relative ou absolue, le problème n'est même pas là. Contre la puissance d'une idée qui monte, on ne peut rien. Tout au plus, temporiser, nommer un "gouvernement technique", une sorte de Kerenski provisoire.
Tout cela, ce sont des expédients, pour permettre à l'actuelle classe politique de rester encore un peu au pouvoir. Face à l'Histoire, tout cela sera balayé. Contre la puissance d'une idée qui monte, on ne peut rien.
Pascal Décaillet