Sur le vif - Dimanche 16.06.24 - 16.04h
Une surexcitation générale, depuis des mois. Une mise en scène d'opéra géant, signée Ignazio Cassis. Un ballet de Super-Pumas qui vaut mille résiliations de l'Accord de Paris sur le climat. Un demi-millier de journalistes, le cirque des accréditations, des dizaines de milliers de selfies, des sourires entre ministres, des accolades entre chefs d'Etat et de gouvernement. C'est fou ce qu'on peut s'aimer, entre puissants, ou feindre de s'aimer.
Un opéra géant. Le livret pourrait être de Thomas Mann, présence majestueuse de la Montagne, unité de lieu en huis-clos, invisible gangrène du pouvoir, maladie du monde, veille de cataclysme, tout y est.
De la Conférence du Bürgenstock, rien de concret n'est sorti. On n'avait pas invité les Russes, on est demeuré entre-soi, entre gentils Occidentaux, sous le parapluie atlantiste. Nulle percée dans l'émergence du seul dialogue qui vaille : celui qui s'établit, non entre gens d'accord les uns avec les autres, mais entre antagonistes.
Alors certes, pour la carte postale, la Suisse a joué à merveille la carte de l'hôtellerie. Elle a montré qu'elle pouvait donner dans le gigantisme pseudo-diplomatique. Mais de concret, rien. Le néant.
Oh, ils vont tous dire que c'était formidable. M. Cassis et Mme Amherd assureront le service après-vente, les médias atlantistes pourront dire "J'y étais". Mais où est le fond ? Où est la Russie, où est sa voix, où est sa position ? On a dialogué seuls, entre-soi, entre gens bien, présentables. On dira : "J'y étais, j'ai tournoyé dans le Palais des Glaces". En omettant juste un détail : d'un miroir l'autre, il ne s'est rien passé.
Pascal Décaillet