Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 28

  • "Chaque citoyen est nécessaire" : enfin, ces quatre mots !

     
    Sur le vif - Samedi 07.09.24 - 10.17h
     
     
    "Chaque citoyen est nécessaire" : il aura fallu tant de décennies, en France, pour entendre enfin un Premier ministre prononcer ces quatre mots simples, essentiels. Enfin, en France, est affirmé le respect, non des grands, non des princes, non des puissants, non des Guise et des Condé, mais de cette unité indivisible qui fonde la République : chaque citoyenne, chaque citoyen. Montesquieu, enfin, peut se réveiller. Et avec lui, les plus grandes âmes de la Révolution, qu'elles fussent pour le régime d'Assemblées ou, comme votre serviteur, pour la totalité citoyenne au pouvoir suprême.
     
    "Chaque citoyen est nécessaire". Et ces insupportables chaînes privées françaises, TOUTES TENDANCES CONFONDUES, qui ne parlent que de Macron, ou des chefaillons de partis, ou des aspirants au pouvoir, et JAMAIS DES CITOYENS ! C'est cela, le drame de la France, cette obsession pour les personnes, les corps intermédiaires, les "élus", tout ce cirque lamentable, cette faune recommencée.
     
    "Chaque citoyen est nécessaire". Il existe, en plein centre de l'Europe, un petit pays où ce principe est capital. Il s'appelle la Suisse. Dans ce pays, le personnage principal, ça n'est ni l'élu exécutif, ni l'élu législatif, ni le juge, ni le chef de parti. Non, c'est la citoyenne, le citoyen ! Et c'est le grand collège électoral des citoyens, qu'on appelle (pour faire court) "le peuple", qui constitue l'ultime pouvoir d'arbitrage.
     
    "Chaque citoyen est nécessaire". Il aura fallu un vétéran de 73 ans, Savoyard, ami de Jean-Claude Killy, gaulliste ouvert et social, fier de sa mère "chrétienne de gauche", pour que fussent enfin prononcés ces quatre mots. Ils sont la clef du renouveau.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'Allemagne n'a jamais été un pays libéral !

     
    Sur le vif - Mardi 03.09.24 - 16.04h
     
     
    Allemagne, années soixante. C'est l'époque où mon père, ingénieur, me fait visiter des usines, partout où il y en a. En Allemagne de l'Ouest, c'est le boum de l'après-guerre : la reconstruction est achevée, la prospérité est incroyable, de rutilantes limousines, de fabrication allemande, rivalisent de vitesse (non-limitée) sur les autoroutes. Ludwig Erhard, l'homme au cigare, l'homme du Miracle économique, a remplacé Konrad Adenauer le 16 octobre 1963. Le pays est un nain politique, mais un géant économique.
     
    Et c'est de ces années-là, voyez-vous, que date le grand malentendu : la santé économique allemande est telle qu'on l'attribue à un miracle libéral. C'est une erreur majeure ! Non seulement l'Allemagne, de toute son Histoire n'a jamais été libérale, en tout cas jamais au sens anglo-saxon, mais même dans ces années de vaches grasses, elle ne l'est pas ! L'Etat est là, puissant, il garantit la paix sociale, il pousse à la négociation contractuelle, il corrige les tentatives d'insolence capitaliste. Et puis, encore et toujours, il brandit Volkswagen comme le grand modèle de production industrielle à vocation sociale.
     
    Volkswagen ! J'ai eu la chance immense, en juillet 1972, de passer une journée entière à visiter ces prodigieuses usines de Wolfsburg, en Basse-Saxe, et d'en voir sortir des centaines de Coccinelles. J'en ai des pages entières, textes, photos et dessins, sur mon Tagebuch de l'époque. 52 ans après, je ne puis l'ouvrir à cette page sans une immense nostalgie.
     
    L'Allemagne n'est pas un pays libéral. Le capitalisme rhénan, étudié de si près, avec génie, par Karl Marx, dès ses premières années comme journaliste à la Rheinische Zeitung (Cologne), est investi d'une dimension sociale à des dizaine de milliers de lieues marines du modèle anglo-saxon. Pour comprendre de près ce phénomène, allez visiter les différents Musées sur les friches industrielle des charbonnages de la Ruhr, qui apparaissent dès la jeunesse de Marx, dans le sillage du Zollverein (1834). On vous y explique tout : l'investissement de capitaux prussiens sans lesquels rien n'aurait été possible, la défense des intérêts ouvriers par leurs propres corporations (avant même le socialisme et les syndicats de gauche), la création d'une totalité sociale et économique, au service de laquelle l'industrie doit se mettre.
     
    Ces quelques points, à eux-seuls, résument ce qui deviendra, codifié par les lois sociales bismarckiennes, à la fin du 19ème, le modèle allemand. Un modèle économique, certes. Mais indissoluble d'un modèle social.
     
    Dans ces conditions, la grande aventure de la DDR, entre 1949 et 1989, que l'arrogance ultra-libérale des années entourant la chute du Mur n'a cessé de nous décrire comme caduque, dépassée, s'inscrit au contraire, beaucoup plus que les errances ultra-capitalistes, dans un esprit profondément allemand. Nourri de Kant. De Hegel, avec son approche systématique. Et, n'en déplaise aux anti-communistes primaires, de Marx.
     
    Je reviendrai sur tout cela, largement. Mais nous avons là des éléments d'approche historique profonde, de nature à mieux nous faire comprendre ce qui se passe dans l'Allemagne de septembre 2024. L'Allemagne des deux scrutins régionaux d'avant-hier, Saxe et Thuringe. L'Allemagne, dans son rapport aux finalités de la production industrielle. Nous sommes très loin d'un pays libéral, à l'Ouest comme en ex-DDR. Nous sommes dans un système mixte, équilibré, passionnant. Un système où la protection sociale est constante. C'est l'une des clefs de ce qui se passe dans les cinq Länder de l'Est. Mais aussi, dans les régions les moins favorisées de l'Ouest. Les voitures rutilantes, sur les autoroutes, sont toujours là. Mais la masse des gens modestes ne cesse de croître. C'est cette autre Allemagne qu'il nous faut comprendre. Pour sortir autre chose que des banalités sur la situation politique actuelle.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Parlementaires, la démocratie directe n'est pas votre affaire !

     
     
    Sur le vif - Mardi 03.09.24 - 14.07h
     
     
    S'il y a eu des abus massifs lors de récoltes de signatures, il faut évidemment sévir.
     
    Mais j'avertis : en aucun cas ces déviances, assurément condamnables, ne doivent remettre en cause notre démocratie directe. En aucun cas les adversaires de ce trésor si précieux de notre citoyenneté suisse ne doivent en profiter pour affaiblir les droits du peuple.
     
    Encore un mot : la démocratie directe est une affaire du peuple avec le peuple. En aucun cas, elle ne doit être censurée, ni même simplement amendée, par le Parlement. Oh, ils seraient si nombreux, parmi les 246, à saisir l'aubaine de cette affaire pour tenter de limiter les droits du peuple. Qu'il essaient seulement, et nous, le corps des citoyennes et citoyens de ce pays, seul souverain, nous aurons à nous faire entendre !
     
     
    Pascal Décaillet