Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.05.24
Les chantiers, je connais, depuis l’aube de mon enfance. Mon père était ingénieur, génie civil, bâtiments, il m’emmenait tous les samedis sur ses rendez-vous de chantiers, j’adorais ça, ces baraques jaunes, ces casques suspendus à l’entrée, ces cirés, ces caisses de bière, ces plans (j’ai appris à les lire) dépliés sur la grande table, pour faire le point avec les chefs de chantiers.
J’ai accompagné mon père partout. Pendant la construction de la grande tour d’un célèbre constructeur de parfums, il y a soixante ans, je prenais le « Pater Noster », ainsi surnommait-on un ascenseur sans portes, destiné aux ouvriers pour le transport de matériel, il montait et descendait sans jamais s’arrêter, j’y passais tout mon temps.
Bref, les chantiers, je suis pour ! Le monde des ouvriers, du travail, est celui que je respecte le plus. Jusqu’à l’âge de 14 ans, je voulais étudier la mécanique à l’EPFZ, et aller passer ma vie professionnelle en Allemagne, dans la sidérurgie. On a les rêves qu’on peut ! Un certain attrait pour les livres semble m’avoir, dès l’adolescence, détourné de cette passion première.
Jamais je ne dirai de mal des chantiers, en soi. Ils sont une partie de mon enfance. Non, ce que je dénonce ici, c’est l’absence totale de coordination, à Genève, d’un chantier à l’autre. Aucune vision globale. Les ouvriers font leur boulot. Les politiques, eux, ferment les yeux, et laissent s’installer le capharnaüm et la chienlit.
Pascal Décaillet
Commentaires
Et bientôt, si nous ne réagissons pas, le prochain collisionneur du CERN. Imaginez, un chantier d'une douzaine d'années, du même ordre que celui du tunnel de base du Gothard ou du tunnel sous la Manche!
Ah, nostalgie quand tu nous tiens… J'ai eu le privilège de côtoyer le monde passionnant de la construction il y a bien longtemps.
Il fût un temps où les chantiers à Genève se déroulaient en parfaite coordination, cela dépendait tant du Conseiller d’Etat en charge des constructions (par exemple Christian Grobet, intransigeant, mais respecté) que des travaux menés par de grandes entreprises de construction, aujourd’hui disparues ou fusionnées, telles Zschokke avec Batigroup (Implenia). Ambrosetti, Induni, Fortis et tant d’autres. Grâce à des consortiums (promoteurs immobiliers visionnaires, entreprises de gros ou second œuvre) de magnifiques projets ont été concrétisés, dont le Parking du Mont-Blanc. Et oui, certains ouvrages-phare réalisés suscitaient l’intérêt de pays étrangers qui ont souvent fait appel à ce savoir-faire bien suisse.
Tout cela n’aurait aussi pas été possible sans de prestigieux bureaux d’architectes, les entreprises générales, les corps de métier spécialisés et surtout les travailleurs courageux provenant la plupart d'autres pays. C’est à eux surtout qu’il faut être reconnaissants, tant leurs conditions de travail quasi ancestrales étaient critiquables… mais l’eau a coulé sous les ponts depuis.
Bien sûr, il y a eu des couacs, décriés parfois par la population, tout n’a pas été parfait, mais qui s’en soucie aujourd’hui après des décennies ? Ah, c’était le bon vieux temps, tout semblait rouler sans problème.