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Liberté - Page 947

  • Série Allemagne - No 13 - Sanary : l'exil bleuté des écrivains

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    L’Histoire allemande en 144 tableaux – No 13 – De 1933, date de l’arrivée de Hitler au pouvoir,  jusqu’à 1940, défaite de la France face à l’Allemagne, voire plus tard encore dans la guerre (1942, occupation de la zone sud), des dizaines d’écrivains allemands, en exil, se sont regroupés à Sanary-sur-Mer, petit village de pêcheurs sur la côte varoise. Parmi eux, les plus grands noms de la littérature allemande ou autrichienne au vingtième siècle : Bertolt Brecht, Thomas Mann, Stefan Zweig. Si un jour, vous passez par Sanary, pensez à eux.

     

    Lorsque l’exil prend la parure du bleu, celui de mer, celui d’azur, sous la tranquille compagnie des palmiers, dans un village de pêcheurs de la côte varoise, à quoi donc peut bien penser l’exilé ? La douceur du paysage vient-elle atténuer sa douleur ? Ou l’Allemagne natale l’occupe-t-elle tout entier ? Je me suis fait cette réflexion il y a quelques années, en arpentant les rues si douces de Sanary-sur-Mer, dont tout le monde, peut-être, ne sait pas qu’elle fut, de 1933 à 1940, la « capitale de la littérature allemande », selon l’expression de Ludwig Marcuse (1894-1971), l’un des exilés, justement, parmi les plus célèbres.

     

    Capitale de quoi ? De la douleur ? De la nostalgie ? De la tristesse, loin du pays ? La splendeur de la carte postale, l’îlot de quiétude, la qualité des rencontres, dans les villas privées ou sur les terrasses des cafés, quelle espèce de rôle tout cela peut-il bien tenir dans l’âme d’un écrivain de génie, arraché à sa patrie ? L’âme d’un Thomas Mann, d’un Bertolt Brecht, d’un Stefan Zweig ? D’ailleurs, la patrie d’un écrivain, où est-elle ? Là où il réside ? Là d’où il vient ? Là où il va ? Je crois qu’à Sanary, Thomas Mann devait se sentir plus que jamais de Lübeck, et Brecht, rêver dans les mots souabes de son enfance, lui le surdoué de la syllabe : il paraît qu’à la guitare, à Sanary, il entonnait des chansons contre Hitler.

     

    Cette histoire-là, c’est celle de la crème de la littérature allemande qui, dès l’année 1933, pas directement après le 30 janvier (accession de Hitler au pouvoir), mais après les autodafés du 10 mai, prend le chemin de l’exil. Ce jour-là, dans une mise en scène orchestrée au niveau national par le pouvoir nazi, on avait  jeté au bûcher tous les livres dont l’esprit était jugé anti-allemand. On allait réaliser l’éclatante prophétie du poète Heinrich Heine (1797-1856), « Là où on brûle les livres, on finira par brûler des hommes ». Alors, les plus grands écrivains allemands se sont mis à partir.

     

    Mais pourquoi diable Sanary ? Une affaire de filière : un ou deux commencent par s’y installer, cela se sait, les autres affluent à leur tour. Parmi les premiers, il y eut Lion Feuchtwanger (1884-1958), qui y demeurera de 1933 à 1940. Mais aussi, Thomas Mann, qui s’établit dès le 12 juin à la Villa Tranquille. Autour de lui, gravitera toute la dynastie dans la station varoise : son épouse Katja, son frère Heinrich (cf. notre dernier épisode, no 12), ses enfants Erika, Klaus, Golo. Et très vite, Sanary-sur-Mer deviendra « la capitale de la littérature allemande » en exil.

     

    Mais l’Histoire est toujours là, qui rattrape les rêves d’azur. Septembre 39, la guerre. Mai-juin 40, la vraie, pour la France, et au bout de six semaines, la plus grande défaite de son Histoire. Les exilés de Sanary prennent le chemin d’un exil plus lointain, Espagne, Portugal, États-Unis. Certains sont internés. L’écrivain Hans Arno Joachim finira à Auschwitz, et n’en reviendra pas. La France, celle de la Drôle de Guerre (septembre 39 - mai 40), se méfie des Allemands : qu’ils soient de grands esprits exilés, opposants au régime, ne compte guère ; l’internement est la règle. Et puis, de toute façon, en novembre 1942, la zone libre est occupée, les Allemands fortifient Sanary contre un éventuel débarquement. Il n’y a plus ni rêve, ni villégiature, il n’y a plus que la guerre.

     

    Reste que, pendant sept ans, les pins et les palmiers de Sanary, les murs de pierre des villas de maîtres, les terrasses des cafés du bord de mer ont dû entendre d’époustouflantes conversations. Des auteurs comme Feuchtwanger ont vécu sur la côte varoise des moments prolifiques de leur carrière. Au cours de ces années trente, on y aura vu défiler le plus grand dramaturge du vingtième siècle (Brecht), l’un des plus grands romanciers de la littérature mondiale (Thomas Mann), le bouleversant Stefan Zweig, mais aussi Joseph Roth, Franz Werfel et Alma Mahler, et tant d’autres. Sanary, c’est comme si l’âme profonde de l’Allemagne, quelques années, était venue s’accrocher aux rives de la mer bleue.

     

    Mais Thomas Mann, le soir, de blanc vêtu, l’été, se laissait-il prendre par la magie de cet azur ? Ou son esprit, plus que jamais, ne revenait-il pas sur une autre côte ? Celle, lointaine, de Lübeck. Celle de sa Baltique natale. Celles des Buddenbrooks ? Cela, le saurons-nous jamais ? Seuls les arbres centenaires de Sanary, peut-être, en conserveront le secret.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

    *** L'Histoire allemande en 144 tableaux, c'est une série non chronologique, revenant sur 144 moments forts entre la traduction de la Bible par Luther (1522-1534) et aujourd'hui.

     

    Prochain épisode : Blücher, le Maréchal Vorwärts !

     

     

     

  • Série Allemagne - Sommaire des 12 premiers épisodes

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    L'Histoire allemande en 144 tableaux – Récapitulatif des 12 premiers épisodes, avec les Intermezzos. Il suffit à chaque fois, pour retrouver l’épisode désiré, de cliquer sur le lien. A noter qu’au début, la Série était prévue sur 12 tableaux, juste le temps d’un été. En cours de route, le 2 août 2015, je me suis ravisé, et suis parti pour 144 tableaux. Je me donne deux ans.

     

    Mon principe éditorial est de proposer 144 épisodes de l'Histoire allemande, de la traduction de la Bible par Luther (1522) jusqu'à aujourd'hui. La Série, volontairement, n'est pas chronologique : entre 1522 et 2015, je me donne toute liberté pour naviguer par associations, affinités, d'un sujet à l'autre. Je suis persuadé que le "fil conducteur" apparaîtra de lui-même, au fil des mois, à l'instar d'une lente révélation photographique, en chambre noire.

     

    Bien entendu, lorsque les 144 épisodes auront été publiés, une édition dans l'ordre chronologique sera proposée au lecteur. Mais nous n'en sommes pas là !

     

    Enfin, j'entrecoupe mes épisodes de textes intitulés "Intermezzos", dans lesquels je m'exprime en direct, à vif, sur l'état de mon chemin. A prendre comme des notes de bas de page, où je prends le lecteur comme témoin de mon chantier.

     

     

    SOMMAIRE DES 12 PREMIERS ÉPISODES, AVEC LES TROIS PREMIERS INTERMEZZOS

     

    1) 16 juillet 2015 – L’Histoire allemande en douze tableaux – Série d’été – Présentation générale du projet.

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/16/l-histoire-allemande-en-douze-tableaux-serie-d-ete-268802.html

     

     

    2) 20 juillet 2015 – Série Allemagne – No 1 – Rastenburg, 20 juillet 1944 (publié le jour de l’anniversaire de l’attentat contre Hitler)

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/20/serie-allemagne-no-1-rastenburg-20-juillet-1944-268871.html

     

     

    3) 21 juillet 2015 Série Allemagne – No 2 – Les Discours à la Nation allemande, de Fichte (1807)

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/21/serie-allemagne-no-2-les-discours-a-la-nation-allemande-1807-268897.html

     

     

    4) 22 juillet 2015 – Série Allemagne – No 3 – Tannenberg, août 1914 : naissance du mythe Hindenburg

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/22/serie-allemagne-no-3-tannenberg-aout-1914-naissance-du-mythe-268920.html

     

     

     

    5) 23 juillet 2015 – Série Allemagne – No 4 – Bad-Godesberg, 1959 : Marx et Engels au vestiaire !

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/23/serie-allemagne-no-4-bad-godesberg-1959-marx-et-engels-au-ve-268935.html

     

     

     

    6) 23 juillet 2015 - Série Allemagne – Intermezzo no 1 – Premières esquisses sur la méthode et la structure

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/23/serie-allemagne-intermezzo-en-un-seul-paragraphe-268942.html

     

     

     

    7) 24 juillet 2015 – Série Allemagne – No 5 – Le Clavier bien tempéré (1722)

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/24/serie-allemagne-no-5-le-clavier-bien-tempere-1722-268957.html

     

     

     

    8) 25 juillet 2015 – Série Allemagne – No 6 – Allemagne, Année Zéro (1945)

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/25/serie-allemagne-no-6-allemagne-annee-zero-268966.html

     

     

     

    9) 26 juillet 2015 – Série Allemagne – No 7 – Weimar, 1850 : la Première de Lohengrin

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/26/serie-allemagne-no-7-weimar-1850-la-premiere-de-lohengrin-268981.html

     

     

     

    10) 29 juillet 2015 – Série Allemagne – No 8 – Le Sac du Palatinat – 1688, 1689

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/29/serie-allemagne-no-8-le-sac-du-palatinat-1688-1689-269035.html

     

     

    11) 30 juillet 2015 – Série Allemagne – Intermezzo no 2 – Accomplir l’essentiel

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/30/serie-allemagne-intermezzo-no-2-accomplir-l-essentiel-269055.html

     

     

    12) 31 juillet 2015 – Série Allemagne – No 9 – Leipzig, 1869 : Ein Deutsches Requiem

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/07/31/serie-allemagne-no-9-leipzig-1869-ein-deutsches-requiem-269083.html

     

     

     

    13) 1er août 2015 – Série Allemagne – No 10 – Weimar, 1804 : le Wilhelm Tell, de Schiller

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/08/01/serie-allemagne-no-10-weimar-1804-le-wilhelm-tell-de-schille-269106.html

     

     

     

    14) 2 août 2015 Série Allemagne - Intermezzo no 3 – Mes Années de Pèlerinage Dans ce texte, j’annonce ma décision de passer de 12 à 144 épisodes. Je me donne deux ans pour y parvenir.

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/08/02/serie-allemagne-intermezzo-no-3-144-episodes-mes-annees-de-p-269117.html

     

     

     

    15) 10 août 2015 – Série Allemagne – No 11 – Leipzig, 1813 : la Bataille des Nations

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/08/10/serie-allemagne-no-11-1813-lepizig-la-bataille-des-nations-269270.html

     

     

     

    16) 12 août 2015 – Série Allemagne – No 12 – Heinrich Mann, le vrai père de l’Ange Bleu

     

     

    http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2015/08/12/serie-allemagne-no-12-heinrich-mann-le-vrai-pere-de-l-ange-b-269308.html

     

     

  • Série Allemagne - No 12 - Heinrich Mann, le vrai père de l'Ange Bleu

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    L'Histoire allemande en 144 tableaux -  No 12 – La sublime Marlene Dietrich chantant dans l’Ange Bleu de von Sternberg en 1930, tout le monde connaît. Mais qui connaît Heinrich Mann (1871-1950), l’auteur en 1905 de « Professor Unrat », dont est tiré le film ?

     

     

    Il ne doit pas être facile, lorsqu’on est soi-même un grand écrivain, d’avoir un frère cadet qui vous éclipse pour l’éternité derrière la statue de son renom et de son génie. C’est ce qui est arrivé à Heinrich Mann, aîné de quatre ans du futur Prix Nobel Thomas Mann, né comme lui à Lübeck (en 1871, deux mois après la proclamation de l’Empire allemand dans la Galerie des Glaces de Versailles), fils comme lui d’un illustre marchand de grains, sénateur de la Ville de Lübeck en 1877, et d’une mère d’origine brésilienne. L’enfance de Heinrich et de Thomas à Lübeck, il faut lire les Buddenbrooks de Thomas Mann (1901), l’un des plus puissants romans de la littérature allemande, pour se plonger dans cette ambiance hanséatique et cette prodigieuse littérature de la décadence. La mère brésilienne, là, il faut absolument lire un roman beaucoup moins connu, mais déterminant : « Zwischen den Rassen » de Heinrich Mann (1907). Je l’ai lu pour la première fois en 1976-1977, en passant à côté des enjeux. Je l’ai redécouvert, beaucoup plus tard.

     

     

    Le monde entier connaît Thomas, peu de gens (à part en Allemagne) ont entendu parler de Heinrich. L’univers entier a honoré le Zauberberg et les Buddenbrooks, un cercle beaucoup plus restreint s’est passionné pour l’œuvre littéraire de Heinrich. On connaît mieux la géniale progéniture de Thomas (Klaus, Golo, Erika, Michael Thomas, une incroyable bande de surdoués) que l’oncle Heinrich. C’est une injustice. L’un des buts de cette chronique est de contribuer à la réparer. Car Heinrich Mann est un grand écrivain, trempé dans les enjeux de son époque, mais aussi un militant très courageux contre le nazisme. Sa vie, à cause du Troisième Reich, fut plongée dans l’exil. Il meurt à Santa Monica, en Californie, en 1950, honoré par la DDR, mais désargenté, sans avoir revu l’Allemagne. Non, il n’est pas facile d’être le frère d’un monstre sacré de la littérature universelle, alors qu’on a soi-même embrassé le métier d’écrire, et qu’on l’a fait avec un rare talent.

     

     

    Heinrich Mann est un très grand esprit de son temps, ses Essais politiques en témoignent. En 1932, 1933, il se bat comme un fou, sur place, contre l’inéluctable arrivée de Hitler au pouvoir. Les nazis ont sa fiche. Aussitôt au pouvoir, ils brûlent ses livres, en tête de liste des autodafés, ils savent qu’ils ont affaire à un adversaire implacable. Dès lors, avant même l’incendie du Reichstag, Heinrich prend le chemin de l’exil : la France (le fameux séjour des Allemands exilés à Sanary), puis Paris, puis dès 1940, les Etats-Unis, via l’Espagne et le Portugal. Lui, qui avait si bien décrit le retour en Allemagne dans « Zwischen den Rassen », vit, dans sa vraie vie, l’expérience de l’exil. Lui, qui avait été honoré sous la République de Weimar, présidant en 1931 la section Poésie de l’Académie prussienne des Arts, vivra les dix-sept dernières années de sa vie hors d’Allemagne.

     

     

    Et puis, Heinrich Mann, c’est grâce à lui que avons tous pu découvrir les cuisses dénudées, le porte-jarretelles, et l’éclatante présence de Marlene Dietrich, en 1930, dans l’Angle Bleu, de Josef von Sternberg. Premier film parlant en Allemagne, le film qui lance la carrière de Marlene et inaugure ses fructueuses années de collaboration avec Sternberg. Heinrich Mann, que fait-il là ? Eh bien c’est de son livre, « Professor Unrat », publié en 1905, qu’est tiré le scénario du film. L’histoire d’Immanuel Rath, professeur de littérature anglaise, chahuté par ses étudiants, qui s’éprend jusqu’à la ruine de Lola-Lola, incarnée par Marlene dans le cabaret L’Ange Bleu. Il faut dire que lorsqu’elle croise les jambes, droite sur sa chaise, et qu’elle entonne « Ich bin von Kopf bis Fuss auf Liebe eingestellt », toute résistance paraît vaine, d’ailleurs à quoi bon résister ?

     

     

    Bien sûr, un quart de siècle plus tôt, le roman « Professor Unrat » (Professeur Déchet, surnom donné par les étudiants chahuteurs) charriait d’autres thèmes que celui de la seule perdition devant la chair, immortalisé par Marlene et Sternberg. Je reviendrai sans doute, dans une chronique ultérieure (il m’en reste, celle-ci finie, 132 à rédiger), sur le rapport des frères Mann, Thomas et Heinrich, puis celui de Klaus (fils de Thomas) avec les structures des sociétés allemandes qu’ils décrivent. Il faudrait plutôt dire « déstructuration », de l’univers bismarckien au Troisième Reich, en passant par la société wilhelmine (Guillaume II) et la République de Weimar (1919-1933). Je ne pourrai faire l’impasse sur « Der Untertan » (1918), l’un des grands textes de Heinrich. Ni sur son rapport à la France, dont il connaît remarquablement la littérature. Ni sur le courage de ses positions politiques. Ni sur l’aspect « esthétisant » d’une partie de son œuvre, rappelant son illustre contemporain Gabriele D’Annunzio.

     

     

    Mais là, cet après-midi, je voulais juste vous dire que le grand Thomas Mann avait un frère. Et que ce frère, ma foi, n’est pas n’importe qui. Ni dans ses options de vie. Ni dans l’extrême qualité de son œuvre littéraire. Encore moins, comme observateur politique, dans l’acuité de son regard sur l’époque. Ce frère magnifique, méconnu, je voulais ici, avec l’émotion qui remonte, celle du souvenir de mes premières lectures, lui rendre hommage. Oui, dans l’incroyable famille Mann, il y eut aussi Heinrich. Un destin un peu perdu, dans la lointaine Californie, une vie au milieu des livres. Une très grande conscience allemande, au vingtième siècle.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

    *** L'Histoire allemande en 144 tableaux, c'est une série non chronologique, revenant sur 144 moments forts entre la traduction de la Bible par Luther (1522-1534) et aujourd'hui.

     

    Prochain épisode : Sanary, l'exil bleuté des écrivains.