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Liberté - Page 951

  • Bravo les jeunes !

     

    Commentaire publié dans GHI - 25.03.15

     

    Ils s’appellent Sophie Buchs (Carouge), Darius Azarpey (Collonge-Bellerive), Nathalie Dal Busco (Confignon), Omar Azzabi, Marie-Agnés Bertinat, David Di Rosa (Ville de Genève), Nathalie Vergain (Lancy), Pierre Zacharias (Vandoeuvres), Prisca Tischler (Vernier) : ils font partie des 164 jeunes, entre 18 et 30 ans, à se présenter dans les 45 Conseils municipaux de nos communes genevoises. Auxquels il faut ajouter trois noms : Damien Guinchard (Carouge), Adrien Genecand (Genève), Jérôme Grand (Puplinge), qui n’hésitent pas à briguer les exécutifs de leurs communes.

     

    Moi, je leur dis « Chapeau ! ». Parce qu’à leur âge, on a souvent d’autres préoccupations. Eux, s’engagent. Se lancent à l’eau. Ils n’ont pas peur du risque, ils osent. J’avais dix ans en Mai 68, et déjà je détestais le discours générationnel des manifestants de l’époque. Rien de plus nul que d’ériger une classe d’âge contre une autre. Il ne s’agit donc pas d’encenser les jeunes, sous le seul prétexte qu’ils sont jeunes. Non. Mais simplement, leur dire merci de leur intérêt pour la Cité. Ils ne sont sans doute ni meilleurs, ni pires que les autres. Mais ils essayent. La République, c’est exactement cela : l’argument, le choc des idées, les visions du monde qui s’affrontent. Tenter de convaincre, sur le terrain, à la rencontre des gens. A ces 164 comme à tous les autres, tous partis confondus, toutes classes d’âge, toutes catégories sociales, je dis « Bravo » : la République, vous lui donnez sève et vie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ensemble à Gauche : courage et clarté

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.03.15

     

    Je vais faire ici l’éloge d’une formation dont il est connu que je ne partage pas les idées, ou en tout cas peu d’entre elles. Mais voilà : j’aime la politique, passionnément, la flamme militante de ceux qui s’engagent, tous partis confondus. Dans une Genève hélas infestée par le flou du compromis, voire les méandres de la compromission, j’apprécie la clarté. La politique est un combat d’idées : très bien, combattons. Mais de grâce, sur des bases lisibles, courageuses. C’est exactement ce que font, dans le canton de Genève, les gens d’Ensemble à Gauche. On apprécie ou non, mais on sait à qui on a affaire. Les positions sont données. Les idées, affichées. Le contact est pris directement avec le peuple. Bien loin des réseaux sociaux, des amicales virtuelles, des congratulations entre soi, à travers la toile. Eh oui, il existe encore, dans les Marges, des partis capables de s’adresser aux couches populaires. Étrange littérature, où la Marge est plus lisible que le texte, plus séduisante, plus chaude, plus fraternelle.

     

    La fraternité : la dernière fois que j’ai entendu ce mot, c’était dans la bouche du Maire socialiste (bien à gauche) de Bruxelles, Salle des Abeilles, à l’Athénée, avril 2009, alors que j’animais un colloque international sur Pierre Mendès France, mis sur pied par Manuel Tornare. Le Belge rougeaud avait hurlé ce mot, et nous avions tous eu l’impression que la Voix du Nord, celui des mines et de Zola, faisait une irruption d’enfer sous les lambris. Oui, la politique a besoin de chaleur. De charisme. De contacts directs. Elle a besoin que des êtres se touchent, s’embrassent, s’émeuvent ou s’émerveillent ensemble, éclatent de rire ou de colère, s’engueulent, s’écharpent, trinquent, se réconcilient. Elle a besoin de la vraie vie des vraies gens, du fracas sonore de la parole, alors que le réseau social ne suinte que de conspirations silencieuses. Sans tonalité. Sans la musique de la vie.

     

    Et puis, il y a des noms. Pardonnez-moi de n’en donner que quelques-uns. Magali Orsini, Salika Wenger, Maria Perez, Vera Figurek, Rémy Pagani, Pierre Gauthier, Christian Zaugg, Stéphane Guex-Pierre. Mais aussi Clarisse Margueron, qui sut parler au Lignon le langage du cœur, Henriette Stebler, infatigable militante carougeoise, avec laquelle nous nous battîmes naguère, pour la cause d’une famille de sans-papiers. Et puis, tous les autres. Certains sont pénibles, exaspérants, ils grognent, vocifèrent. Mais ils sont là, vivants, et dans l’ensemble, leur famille politique donne moins que d’autres (à droite, et même à gauche) la pâteuse impression de l’illisible, celle de l’éternel compromis pour le pouvoir, ou s’y maintenir.

     

    Moi, vous me connaissez, je suis un type de droite. Républicain, social, mais de droite. Mais je rends hommage à ces gens d’Ensemble à Gauche, et à leur manière de combattre. Entre les Verts indéchiffrables et les socialistes agrippés à leurs prébendes, il existe non seulement une troisième voie, mais une autre musique dans la partition politique genevoise. Cette Marge-là sent le bitume autant que les embruns du large. Elle fait plaisir à voir. Loin des pactes de salons. Et de l’altière éternité des notables.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les chaînes françaises aux ordres de Matignon ?

     

    Sur le vif - Lundi 23.03.15 - 12.49h

     

    La manière dont les chaînes françaises nous ont présenté, hier 20h, puis une bonne partie de la soirée, les résultats provisoires ou les projections pour les élections départementales, est pour le moins singulière. Sur tous les programmes auxquels j’avais accès, on nous donne le chiffre du Front national. Mais nulle part celui de l’UMP, toute seule (sans l’UDI-UC-MoDem et les innombrables Divers Droite). Nulle part, non plus, celui du PS seul (sans les Divers Gauche). Autrement dit, on nous balance le résultat brut d’un parti (le FN), et on l’affiche pendant des heures en comparaison, non d’autres partis (l’UMP, le PS), mais de galaxies nommées « bloc de droite » ou « bloc de gauche ».

     

    Il a fallu attendre 23h pour obtenir, enfin, le chiffre de l’UMP seule (déjà fort bon, d'ailleurs), et surtout celui du PS, seul. On le sait ce matin, ce dernier est clairement battu pas le FN. En clair, on a « gonflé » l’UMP avec les Divers Droite. Et surtout, on a gonflé à mort le PS avec une galaxie de Divers Gauche qui n’ont strictement rien à voir, non seulement avec le socialisme, mais surtout avec la social-démocratie de Manuel Valls. Pendant trois heures, on a mélangé des pommes avec des poires. Pendant ces trois heures, tellement précieuses, une immense partie des spectateurs sont allés se coucher, les rotatives de presse écrite ont tourné, certains journaux plaçant ce matin le FN en troisième position, en tant que parti, alors qu’il est clairement deuxième.

     

    Pendant trois heures, on a fait croire aux Français l’existence d'un « bloc de gauche » ou d’un « bloc de droite » qui ne sont, l’un comme l’autre, que pure fiction. La logique de ces départementales n’a strictement rien à voir avec le scrutin majoritaire, uninominal à deux tours, qui prévaut en France pour les législatives depuis la Cinquième République, à part la brève parenthèse proportionnelle inventée en 1986 par François Mitterrand pour affaiblir Jacques Chirac. Pendant trois heures, on a créé l’illusion de blocs idéologiques qui seraient sémantiquement homogènes, alors qu’ils se combattent. D’ailleurs, il suffisait de voir, hier soir, l’ambiance entre la gauche de la gauche, celle de Mélenchon notamment, et le PS, pour constater que la seule vraie nouvelle de ce 22 mars était la fin, à gauche, de la primauté socialiste conquise de haute lutte, de 1971 (Epinay) à 1981 (prise du pouvoir) par François Mitterrand. A l’époque, contre son grand rival, le Parti communiste.

     

    Pour Manuel Valls, il y a non seulement défaite face aux Français, mais revers historique, lourd de conséquences, dans les rapports internes à la gauche française. Tout cela, bizarrement, a été soigneusement tu, sur les chaînes françaises, de 20h à 23h. On a laissé Manuel Valls se précipiter à l’antenne quelques minutes après les résultats et projections de 20h. On n’a cessé, comme des perroquets, de répéter que le PS « limitait la casse », alors que ce parti subit une défaite majeure. L’UMP s’en sort fort bien, même sans avoir besoin de la gonflette des Divers Droite. Et le FN conforte largement son ancrage, son maillage dans la vie politique française.

     

    Pourquoi le résultat isolé, sans les Divers Gauche, du PS, n’a-t-il pas franchement été donné dès 20h ? Pourquoi, pendant trois heures, a-t-on mis en balance le résultat intrinsèque d’un parti avec celui de « coalitions » imaginaires ? Pourquoi, surtout, le grave revers du PS a-t-il été caché jusqu’aux environs de 23h ?

     

     

    Pascal Décaillet