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Sur le vif - Page 90

  • Le patron, c'est le peuple !

     
    Sur le vif - Vendredi 12.05.23 - 18.23h
     
     
    Hallucinant ! À peine élu, le nouveau Grand Conseil se pare des airs détestables de la supériorité de la « démocratie représentative », et certains de ses membres, deux PLR hélas, se permettent des jugements particulièrement malvenus sur notre démocratie directe ! Nous ne sommes pas dans le système parlementaire britannique, encore moins dans la parodie législative du "Parlement européen" : nous sommes en Suisse, le pays du monde où le peuple a le dernier mot ! Nous y tenons comme à la prunelle de nos yeux !
     
    Le personnage principal, dans notre démocratie suisse, ça n’est pas l’élu, mais la citoyenne, le citoyen ! C’est de lui, c'est d'elle, que tout procède. Nous tous, si nous sommes Suisses, et que nous avons 18 ans !
     
    La démocratie directe est notre bien le plus précieux : elle permet au peuple d’intervenir DIRECTEMENT sur le destin collectif. L'initiative populaire est un outil extraordinaire, par lequel une poignée de citoyens donne rendez-vous, un beau dimanche, au peuple souverain. Le peuple se donne rendez-vous à lui-même ! Le Parlement n'a pas à porter d'appréciation sur ce processus, ni à le qualifier : son rôle est de faire des lois, non de donner des leçons au souverain.
     
    En aucun cas, il n’appartient à un Parlement de porter le moindre jugement sur la démocratie directe. Ça ne le regarde pas ! On a entendu, de la part d'un député PLR aguerri, manifestement plus rompu aux murmures d'initiés qu'au combat citoyen, des accents de condescendance, élitaires, méprisants, ignorants de la primauté citoyenne, qu'on ne veut plus jamais entendre.
     
    Plus jamais le corps des citoyens ne doit accepter de tels propos d’élus intermédiaires sur l’action directe du peuple. La démocratie directe, en Suisse, est une institution. A entendre certains députés, dont les deux mentionnés, on la confond avec le "pléthos", la foule rugissante, en effet détestable, alors qu'elle est l'incarnation la plus pure du "démos", le peuple qui vote pour la Cité, Lisez les Grecs, bon sang, avant de venir faire la leçon au suffrage universel ! C'est de lui que vous tenez votre pouvoir !
     
    La démocratie directe doit être l’affaire du peuple, et de lui-seul. Ses règles de fonctionnement doivent être édictées, amendées, corrigées par le peuple, et lui-seul. Par voie constitutionnelle. Elles ne doivent être, in fine, ni l’affaire du Conseil d’Etat, ni celle du Parlement.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'Autre droite

     
    Sur le vif - Mardi 09.05.23 - 15.29h
     
     
    La gauche a perdu complètement le contact avec les classes populaires. Elle achève de le perdre, tout aussi totalement, avec les classes moyennes. Les unes et les autres votent de plus en plus à droite, et pas vers la droite libérale, casseuse d'Etat, à genoux depuis trente ans devant le Marché.
     
    Non, les classes populaires, mais aussi les classes moyennes (qui, n'en déplaise à la gauche, existent), évoluent vers une autre droite, qui aujourd'hui se retrouve à bien des égards au PLR, mais surtout à l'UDC, voire (pour Genève) dans une partie importante du MCG.
     
    La gauche adorerait que cette "autre droite" ne rêve que faisceaux flamboyants, de noires phalanges, de République estourbie par des factieux, une sorte de 6 février 34.
     
    Une fois de plus, la gauche a tort. Cette "autre droite" est au milieu du monde. Au milieu de nous. Nulle crypte pour se réunir, nulle cagoule, nul dessein de pronunciamiento pour abattre la République. Mais des idées, précises, inventives, pleines de vie, pour la réinventer. De l'intérieur.
     
    Amour du pays, de la Patrie. Infini souci de cohésion sociale. Pas de génuflexion devant les puissants, ni d'arrogance face aux humbles. Préférence nationale, ou cantonale, pour l'accès à l'emploi. Régulation drastique des flux migratoires. Valorisation des toutes petites entreprises, des PME. Attachement à l'Etat pour ses fonctions régaliennes, mais sans inflation tentaculaire. Passion pour l’École, la transmission, la culture, la langue. Vous pouvez partager ou non ces quelques principes, mais reconnaissez au moins qu'on y est assez loin du putsch, de la Chambre renversée, de Brumaire.
     
    On est dans la République, avec simplement des valeurs autres que celle de la gauche. Et autres que celles des ultra-libéraux. On est dans une droite qui veut vivre, et faire vivre autour d'elle, stimuler, partager la connaissance, les émotions artistiques, le bonheur de la langue, la recherche historique.
     
    Seulement voilà. La gauche considère que la République, c'est la gauche, et elle seule. Et les ultra-libéraux n'ont jamais porté le moindre intérêt à la République : prisonniers de leur course au profit, ont-ils seulement entendu parler de cet extraordinaire projet commun qui s'appelle l'Etat ?
     
    Ce que la gauche veut nous faire passer pour des factieux, c'est un nombre grandissant de citoyennes et citoyens libres, adultes, vaccinés. Qui en ont juste marre de la gauche et ses leçons de morale. Et n'ont pas, pour autant, embrassé la cause du Veau d'or.
     
    C'est si difficile à comprendre ?
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • La vie, simple et sublime

     
    Sur le vif - Lundi 08.05.23 - 16.44h
     
     
    Le 12 septembre 1998, en direct de la Place fédérale, au milieu d'une foule immense, j'ai animé, pendant plusieurs heures, debout et en mouvement à travers la masse des gens, l'une des émissions les plus délirantes de ma vie.
     
    La radio debout, dehors, en mouvement. Micro sans fil dans la main droite. Montre radiocontrôlée dans la gauche. Casque sans fil, pour le retour de l'émission, pleins tubes dans mes oreilles. C'est tout, absolument tout. Aucune note. Juste des gens, autour de moi, la foule, des invités possibles, à l'arraché. Et la vie, oui simplement la vie. Loin du studio. Loin des structures, la vie, là où elle bat. La radio, c'est la vie.
     
    C'était le jour exact du 150ème anniversaire de la Suisse fédérale. Ce jour-là, la Diète fédérale avait accepté la nouvelle Constitution, moins d'un an après le Sonderbund. La Suisse devenait un Etat fédéral. Les radicaux avaient gagné. Il fallait réconcilier le pays.
     
    Alors, 150 ans plus tard, au milieu de la foule, j'ai aligné les heures d'émissions, en interviewant quasiment tous les conseillers fédéraux vivants : ceux en fonction en 1998, et tous les anciens, venus pour l'occasion. Pour la dernière fois, je crois, j'ai eu l'honneur, par exemple, de m'entretenir avec Kurt Furgler (1971-1986).
     
    C'était une émission folle. Pendant des années, nous n'avons fait que des émissions folles. Au 12.30h, puis à Forum. Mon concept était simple : pas de studio, on sort, on va à la rencontre de la vie, on se greffe sur l'événement, là où il se produit. Cette formule, simple et dynamique, fut tant de fois gagnante, pendant tant d'années. D'ailleurs, deux semaines plus tard, fin septembre 98, j'étais sur l'Oder, littéralement sur le fleuve, à Francfort, l'autre Francfort, celle que j'aime, ex-DDR, la ville de Kleist, avec plein d'invités en direct, sur la frontière exacte germano-polonaise, à l'occasion des élections allemandes, la fin de Kohl, l'arrivée de Schröder.
     
    Alors oui, j'aime le 12 septembre 1848, et il ne me gênerait que cette date devienne fériée. Mais j'aime, encore plus, la radio, le direct, le rythme, le souffle, l'imprévu. J'aime l'Histoire en marche. J'aime coller à l'événement, sans le lâcher. Frissonner avec lui.
     
    La vie, au fond. Simple et sublime.
     
     
    Pascal Décaillet