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  • L'éclat bleuâtre du crachat dans la soupe

     

    Sur le vif - Lundi 15.08.11 - 15.11h

     

    Incroyable, le record mondial de crachat dans la soupe que nous révèle ma consoeur Aurélie Toninato, sur le site de la Tribune de Genève, en fin de matinée ! Sur la page « 1er Août » de l'agenda universitaire 2010-2011, la définition suivante : « Fête nationale en Suisse, terre de racisme et d'intolérance ».

     

    L'éditeur responsable ? La CUAE (Conférence universitaire des associations d'étudiants), à côté de laquelle, de toute éternité, même les syndicats de pédagogues en sandales font figures de noires phalanges. Et ce fameux agenda, dûment stipendié par l'Alma Mater, à travers un fonds alimenté par les taxes universitaires !

     

    Cette affaire appelle, au plus vite, les réactions suivantes : plus un seul centime d'argent public pour cet agenda. Une condamnation vive et sans appel du Recteur (aura-t-il ce courage ?). Faut-il rappeler que l'Université vit d'argent public, celui de nos impôts ? Qu'elle représente le Canton de Genève, et, à travers lui, la Confédération helvétique tout entière. En aucun cas, les plus hautes autorités académiques ne peuvent laisser insulter le pays. Si elles n'ont pas la trempe de réagir, qu'elles se démettent.

     

    Et si c'est de l'humour, on invitera les charmants auteurs de cette si délicieuse phrase à aller s'essayer au même second degré dans des pays comme l'Iran ou la Syrie. Histoire de soupeser et de comparer un peu les différents degrés de « tolérance ». Vivifiante perspective, non?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Président du jury ou Epurateur en chef ?

     

    Sur le vif - Lundi 15.08.11 - 10.48h

     

    Je n'ai pas encore vu « Vol spécial », le film de Fernand Melgar, et ne manquerai pas, dès que j'en aurai l'occasion, de le visionner.  Trois ans après « La Forteresse », ce film évoque les renvois forcés d'étrangers en situation irrégulière, en Suisse, et nous fait découvrir l'enceinte de « Frambois », établissement dont les Genevois ont souvent entendu parler. Sujet ultrasensible, on l'imagine.

     

    Ce que nous savons, c'est que Paulo Branco, président du jury de Locarno, a gravement insulté cette oeuvre et son auteur, samedi, en parlant de « film fasciste ». Le mot est incroyablement fort, rappelle la rhétorique d'une certaine gauche des années 70, associe un créateur suisse de films documentaires à une vision totalitaire du monde. Tout cela, pourquoi ? Parce que Melgar, apparemment, y donne la parole, entre autres, aux « bourreaux ». Entendez les fonctionnaires chargés du sale boulot, celui qu'on ne veut pas trop voir, parce qu'il ne sent pas très bon. Mais boulot qu'une majorité du peuple, un certain dimanche, a légitimé. C'est cela, la démocratie : on prend des décisions, mais on se cache parfois les yeux lorsqu'on les applique jusqu'au bout. Melgar, lui, déjà dans son film précédent, a choisi de montrer ces choses-là. N'est-ce pas son honneur de cinéaste ?

     

    Et puis, quoi ! Quand bien même la démarche serait « fasciste » (mais où donc, dans quel archaïque arsenal suintant le manichéisme lexical post-68, Branco est-il allé chercher ce mot ?), il y aurait peut-être argument à condamner moralement. Mais artistiquement ? Le président du jury d'un festival de films a-t-il pour mission de jouer les censeurs idéologiques ? Ces propos sont indignes de lui, de sa fonction. M. Branco ne s'est pas comporté en président. Mais en épurateur en chef. En grand inquisiteur, garant d'une ligne politique. Il n'y a certainement, à Locarno, aucun scandale Melgar. Mais un vrai scandale Branco,

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Les mots justes et forts de Jacques-André Haury

     

    Sur le vif - Dimanche 14.08.11 - 19.21h

     

    J'étais au volant, au milieu d'une forêt de montagne, il y a quelques minutes, lorsque ont fusé, à la RSR, les mots si forts de Jacques-André Haury. Il s'agissait d'un débat sur l'initiative populaire vaudoise du 4 septembre prochain « Vivre et voter ici », à propos des droits politiques cantonaux des étrangers.

     

    Médecin, député, président des Verts libéraux, Jacques-André Haury a campé le sujet en moins d'une minute, en ouverture de discussion, avec le talent, la douceur et la chaleur qui sont les siens. Il a rappelé à quel point la démocratie suisse, loin d'avoir été consentie d'en haut, tenait son fondement tellurique, le miracle de sa légitimité, d'en bas.

     

    Contre les constructions intellectuelles, contre la démocratie de supermarché, contre la fragmentation des droits et des devoirs (j'en prends un peu ici, au plan cantonal, je laisse tomber le niveau fédéral, vous m'en donnerez sept kilos), le politicien vaudois a eu des mots magiques sur ce que d'autres, sous d'autres cieux, appellent le lien indivisible. Je dis ici qu'il a tenu un discours républicain. Peu m'importe qu'il soit de droite ou de gauche : ré-pu-bli-cain !

     

    Hommage lui soit rendu. Les Vaudois, le 4 septembre, voteront comme ils voudront. Mais il fallait, dans cette campagne, que ces paroles puissantes, au moins une fois, fussent dites.

     

    Pascal Décaillet