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  • La diva et le parachute

     

    Sur le vif - Vendredi 29.07.11 - 13.56h

     

    Donc, le Conseil d'Etat genevois a quand même fini par octroyer un parachute (sorry, Anne, je sais que tu n'aimes pas ce mot) de 100.000 francs, sur deux ans, à la directrice sortante de la Comédie.

     

    Anne Bisang, dont je répète qu'elle n'est pas en cause et qu'elle a bien raison, comme n'importe quel artiste, de solliciter des subventions, est une personnalité de gauche. Clairement sympathisante, même, du parti socialiste, sur les listes duquel elle avait failli se présenter au National.

     

    On peut donc imaginer que les trois conseillers d'Etat de gauche aient voté pour le parachute. Il reste qu'un magistrat de droite a bien dû se rallier.

     

    Vous ne voyez pas lequel ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Un jour, Christophe Darbellay devra sacrifier Mme Widmer-Schlumpf

     

    Sur le vif - Vendredi 29.07.11 - 11.18h

     

    J'ai lu le Blick d'hier, et ne comprends absolument pas l'insistance de Christophe Darbellay à s'accrocher  à la présence d'Eveline Widmer-Schlumpf au Conseil fédéral. Ou plutôt si, je la comprends : pour d'évidentes raisons tactiques ! Le président du PDC suisse veut garder avec lui le PBD, ce parti né de la crise du 12 décembre 2007, il espère pouvoir constituer, avec cet allié et d'autres, un groupe parlementaire plus important que ses éternels adversaires du PLR au lendemain des élections fédérales. Il ne va donc pas commettre l'erreur, en pleine campagne, de dégommer la conseillère fédérale de ce parti. Admettons. Encore faut-il attendre le verdict du peuple, au soir du 23 octobre, et nul ne peut le prévoir.

     

    Être un brillant tacticien est une chose, on a en a compté des dizaines, justement du côté du MRP (le centre-charnière, d'inspiration démocrate-chrétienne) sous la Quatrième République française. Les gazettes de l'époque, qui s'amoncellent dans mes caves et greniers, ne parlaient que d'eux, les Pfimlin, les Teitgen, les Bidault, les Pleven. Qui, aujourd'hui, se souvient d'eux ? À quoi bon la tactique (certes indispensable), si elle n'est au service d'une vision supérieure de l'Etat ?

     

    Cette vision, je sais que Christophe Darbellay la possède. Mais il doit faire attention aux signaux qu'il donne à sa propre famille politique, la droite suisse. Oui, la droite. La bonne vieille droite, qui commence au PDC et se termine à l'UDC. Il y a, en Suisse, une gauche. Et il y a une droite. Et ceux qui se proclament « centristes », observons l'ensemble de leurs votes. Et l'on constatera très vite que, sur la plupart des sujets, une fois passées leurs jérémiades moralisantes, ils finissent par voter beaucoup plus à droite qu'on ne croirait. Il faudra bien, un jour, que l'on torde un peu le coup à cette mythologie du centre. Relisez absolument les remontrances de Pompidou à son Premier ministre Chaban-Delmas, au lendemain du discours (oh, brillantissime) de ce dernier, le 16 septembre 1969, sur la « Nouvelle Société », un petit chef-d'œuvre signé Simon Nora et Jacques Delors. Chaban y multipliait les gages à la gauche. Pompidou lui a juste dit : « On ne trahit pas son électorat ». Or, l'électorat de Christophe Darbellay, dans les profondeurs du Valais, je ne suis pas sûr qu'il soit exagérément « centriste ».

     

    Signaux internes à la droite : s'accrocher désespérément à une conseillère fédérale arrivée à son poste par le seul jeu de la trahison interne, incarnant d'ailleurs le coup du 13 décembre, c'est se mettre à dos une partie considérable - et pas seulement UDC - de la droite suisse. C'est consacrer une logique de coulisses parlementaires qui, d'année en année, ruine le crédit du Parlement comme grand électeur. Il serait intéressant que Christophe Darbellay songe un jour à rompre avec ce passé, rompre avec cette dame, avec tout ce que sa présence au Conseil fédéral rappelle et signifie. Rompre avec l'apologie du pronunciamiento du 12 décembre 2007, qui fut une inutile brisure au sein d'une droite suisse que les électeurs, en octobre de la même année, venaient pourtant de plébisciter comme jamais.

     

    Ce jour-là, Christophe Darbellay avait choisi de sacrifier Blocher. Bientôt, pour survivre, il devra sans doute sacrifier Mme Widmer-Schlumpf. Ainsi va la politique, infidèle et cruelle. Avec ses griffes, impitoyables, de jeune tigresse.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Double appartenance

     

    Sur le vif - Jeudi 28.07.11 - 19.24h

     

    Guy Mettan a eu mille fois raison d'utiliser, à l'instant sur la RSR, le mot « double appartenance » pour parler des Valaisans de Genève. Ces milliers de Valaisans (combien sont-ils exactement ?) dont les parents, ou les grands-parents, ou eux-mêmes sont venus s'installer dans la ville de Calvin. Depuis, en tout cas, la seconde partie du dix-neuvième siècle, avec de puissantes poussées migratoires à la fin de chacune des deux Guerres mondiales.

     

    Double appartenance, oui. Les Valaisans de Genève aiment leur canton d'origine, d'un amour parfois plus intransigeant encore que certains indigènes. Et ils aiment profondément Genève. Comme les Jurassiens, les Fribourgeois de Genève, aiment Genève. Comme les Italiens, les Espagnols, les Albanais de Genève, aiment Genève. Oui, les identités sont cumulables, il n'y a nul reniement de l'un à s'éprendre aussi de l'autre.

     

    Oui, il y a la magie d'un lien direct entre le Valais et Genève, ne me demandez pas lequel, je serais incapable de vous l'expliquer. Toute ma famille est Valaisanne, une branche d'Orsières, l'autre de Salvan, tous mes ancêtres, à perte de vue, sur les arbres généalogiques. Je les aime, je me sens leur héritier, et pourtant j'aime Genève. Même si chaque entrée en Entremont, ou du côté du Trient, ou dans les splendeurs du Haut Val de Bagnes, me serre intensément le cœur.

     

    Catholique, je n'ai jamais ressenti à Genève le moindre ostracisme. Ni le moindre mépris. Les quelques protestants de « la haute » que j'ai pu fréquenter, à commencer par mon professeur, Olivier Reverdin, me sont toujours apparus d'une infinie délicatesse quant à la pluralité confédérée de leur ville. Il y a, de Gletsch aux Saintes Maries de la Mer, un petit miracle qui s'appelle le Rhône. J'ai toujours cru à la loi des fleuves et des bassins, d'extraordinaires géographes et poètes en ont si bien parlé.

     

    Bravo à Pierre Maudet, le Maire, d'honorer les Valaisans de Genève, aux Bastions, le 1er Août prochain. On dit qu'ils sont plus nombreux qu'en ville de Sion. J'ai la chance de faire partie de ceux d'entre eux qui ont un point d'attache dans le Vieux Pays, d'où j'écris ces lignes. Mais peu importent les bornes. Il n'y a, au fond, ni départ ni retour. Ni exil, ni royaume. Il n'y a que la richesse d'un cœur d'homme, ou de femme, à s'ouvrir à deux identités. La première et la dernière. Celle d'où l'on vient. Celle où l'on vit. Celle où l'on meurt. Celle où l'on aime.

     

    Pascal Décaillet