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  • Une vie - Juste une vie

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    Notes de lecture - Mardi 30.08.11 - 10.48h

     

    Il y a encore dix-huit mois, je ne connaissais pas Annie Ernaux. Et c'est la lecture du livre « Les années », au printemps 2010, dont j'avais parlé ici (http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2010/06/27/un-livre-d-ete-eblouissant.html ), qui m'a fait découvrir un auteur éblouissant, qui raconte avec une incroyable simplicité les choses de la vie. Un style. C'est si rare.

     

    J'ai donc récidivé, il y a quelques jours, au bord d'un étang, avec cet autre petit livre. Annie Ernaux raconte l'histoire de sa mère. Rien d'autre. C'est un livre sorti il y a plus d'une vingtaine d'années, il fallait qu'elle l'écrive, il ne pouvait en être autrement. Et le livre commence par la mort, celle de cette maman, le lundi 7 avril 1986, à la maison de retraite de Pontoise. Et le premier chapitre, avec la sobriété d'un aide-mémoire, ne raconte rien d'autre que la journée de cette mort, la préparation du corps, les formalités administratives, les rites de l'inhumation. Comme dans "Les années", c'est universel, presque chosifié : c'est la mère d'Annie et c'est la nôtre, c'est  la première phrase de « L'Etranger », le passage sans doute le plus difficile pour un humain : perdre sa mère.

     

    Et puis, sur 106 pages, c'est la vie de cette femme désormais défunte qui défile. La naissance, en 1906, quatrième de six enfants, à Yvetot, en Normandie. La précarité, et le mot est faible. Le mariage, en 1928, la mort du mari, les rapports avec sa fille, puis avec ses petits-fils. La vieillesse qui arrive, la perte de l'indépendance, la maison de retraite. Une  vie, dans le siècle. Oui, comme dans Maupassant : « Une vie ». C'est l'histoire d'Annie et c'est la nôtre. Son siècle, et le nôtre. L'infinie dévastation de sa solitude. Et la nôtre.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Annie Ernaux, "Une femme", Folio, février 2010, 106 pages.

     

     

  • Pelli KO face à Freysinger

     

    Sur le vif - Samedi 27.08.11 - 18.29h

     

    Tellement révélateur, le fossé de styles entre deux mondes, à l'instant, sur la RSR. Face au beaucoup trop conceptuel Fulvio Pelli, Oskar Freysinger vient de l'emporter largement. Peut-être même par KO. Il s'agissait de libre circulation, de concurrences déloyales de la part de certaines zones frontalières (la Lombardie, par exemple, face au canton de M. Pelli), de Schengen. Le Valaisan a su trouver les mots, exactement, pour dire ce dont souffraient sourdement des milliers de nos compatriotes.

     

    Il a appelé à une compensation du dogme libéral par un minimum de « préférence nationale » pour les Suisses. Ni une remise en cause du libre marché, ni un retour au Plan Wahlen, ni une fermeture des frontières. Non. Juste un minimum de rééquilibrage, de solidarité nationale, pour ceux d'entre nous qui se sentent totalement exclus de la Grande Jouissance Bilatérale.

     

    Les notables auront sans doute préféré, malgré sa grisaille, le discours de Pelli, se disant qu'il était sûrement très sérieux, puisqu'il était ennuyeux. Mais la Suisse n'est pas composée que de notables. De loin pas. Rendez-vous le 23 octobre.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • C'est à l'autorité élue de réparer ses bourdes

     

    Sur le vif - Samedi 27.08.11 - 09.40h

     

    Une fois de plus, ce matin, c'est Mme Bonfanti qui s'exprime. Claire, précise, dans la Tribune de Genève, elle nous explique comment elle pourra mettre en œuvre les décisions du Conseil d'Etat annoncées cette semaine. Là, elle est dans son rôle, celui de la fonctionnaire de haut niveau, cheffe opérationnelle, chargée d'exécuter une volonté politique. Elle maîtrise son dossier. Son discours est ancré dans le concret. Elle sait de quoi elle parle.

     

    Le problème - l'immense problème - c'est que ça n'est pas, en l'état, à elle de parler. Ça n'est pas son tour ! L'autorité politique élue a commis une bourde (c'est, depuis hier midi, le mot consacré, repris en boucle, sublimé poétiquement par les homophonies de Soli Pardo), c'est à elle de venir la réparer. À elle, et à nul autre. À elle, oui, même si la prise de parole n'est pas son fort, l'imminence du lapsus terrorisante, le manque de contrôle du langage, patent. Quand une autorité élue a foiré, elle foire encore plus en laissant un subordonné venir réparer les pots cassés.

     

    Pourquoi ? Parce que du coup, c'est ce subordonné qui marque des points. Qui gagne en crédit : « Sur lui au moins, se dit la population, on peut compter ». Tant mieux pour le subordonné, tant mieux pour Mme Bonfanti, dont je n'imagine pas une seconde qu'elle ait parlé à la Tribune sans le feu vert ministériel. Mais ce « tant mieux pour le fonctionnaire », c'est un pas de plus dans la descente aux enfers de l'élu. Dans la ruine de son crédit. Et c'est, plus largement, un échec républicain  face à un corps constitué où la tentation prétorienne (notamment dans certains syndicats) est permanente.

     

    Moralité : il nous faut élire, dans les exécutifs, des hommes et des femmes forts. De gauche, de droite, peu importe. Mais des gens qui se fassent respecter de la fonction publique. Des gens, surtout, capables d'inventer le langage. C'est au politique de tenir le diapason. Aux fonctionnaires, de suivre. Et s'ils ne veulent pas suivre, ils doivent se démettre. Maîtriser la communication, porter haut et fort la parole ministérielle, loin d'être un luxe, ou un détail, est au contraire au centre même du dispositif du pouvoir. Aux partis, peut-être, de se tromper un peu moins, à l'avenir, lorsqu'ils désignent leurs candidats. Puissent-ils craindre un peu moins les hommes forts. Aux électeurs, surtout, d'avoir le courage d'élire de véritables personnalités, puissantes, dérangeantes, visionnaires. Des sales tronches, sachant parler, et ne s'en laissant pas conter par les permanents de la fonction publique. Vaste programme.

     

    Pascal Décaillet