Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 966

  • Deuil, prière, lumière

     

    Mercredi 07.01.15 - 14.38h

     

    Aujourd’hui à Paris, l’horreur s’est produite. Avant toute chose, il nous faut penser aux victimes, leurs proches, leurs familles. Et puis, il nous faut penser à ceux qui restent en vie après la mort des gens qu’ils aiment, cette étincelle qui à tout prix demeure, quelque part dans la nuit barbare.

     

    La question, en ce 7 janvier 2015, n’est pas de savoir si on aimait ou non Charlie Hebdo, je dirais même qu’elle n’a aucune importance. La question, c’est qu’à des dessins, ou des écrits, on a répondu par des armes. A l’insolence, on a opposé le visage de la mort. Aux sales gamins de la provocation, on a ôté la vie. Oui, un pas est franchi. Une barrière de civilisation.

     

    Pour le reste, nous verrons. Aujourd’hui, deuil et prière. Hommage aux victimes. De grâce, rien d’autre. Ajouter de la haine à la haine serait entrer dans le jeu des auteurs. Stigmatiser une religion pratiquée en France par des millions de personnes, en Suisse pas des centaines de milliers, serait aussi odieux qu’inacceptable, vous connaissez mon point de vue sur le sujet.

     

    En ce jour de deuil, je pense à la tuerie du Parlement de Nanterre, sur les lieux de laquelle je m’étais rendu, le 27 mars 2002, pour une émission spéciale avec mon ami Fabrice Junod. Là, c’était des élus municipaux, en pleine séance, qu’on avait massacrés. La lumière des survivants, le soir même du drame, avait dépassé en puissance l’obscurité glacée de l’acte. Parce que, ce soir-là, Nanterre pensait à l’essentiel : demeurer ensemble dans la République. Continuer à la construire. Garder son calme. Sans doute la seule réponse à la barbarie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Asile : une proposition irresponsable

     

    Sur le vif - Mardi 06.01.15 - 14.58h

     

    Il n’est pas question ici de sous-estimer l’ampleur de la tragédie syrienne. La masse des réfugiés doit nous sensibiliser, en Suisse comme ailleurs. Et les cris d’alarme du HCR (Haut-Commissariat aux Réfugiés) doivent être entendus. Mais pour autant, il ne faut pas accepter n’importe quoi. C’est hélas le cas de la proposition de faire accueillir cent mille réfugiés syriens par la Suisse, émanant de 500 personnes et 27 organisations.

     

    Comment ont-ils pu nous sortir ce chiffre ? En quel honneur un pays de huit millions d’habitants devrait-il consentir un tel effort ? La moindre règle de trois, effectuée en cinq secondes, obligerait l’Allemagne, pays de 80 millions d’habitants, à accueillir dans la même proportion un million de réfugiés syriens. Et la France, entre sept et huit cent mille. Que notre petit pays donne l’exemple, d’accord. Qu’il maintienne sa tradition d’accueil, d’accord. Qu’il déploie même, en cas de tragédie intense (nous y sommes, avec la Syrie), des efforts d’exception, d’accord. Mais désolé, Mesdames et Messieurs les signataires de cette lettre, la Suisse n’a pas à porter seule le poids de la misère du monde.

     

    Dès lors, articuler un tel chiffre relève soit de l’inconscience, soit de la pure et simple provocation. En allant chercher dans des algèbres aussi stratosphériques un nombre aussi disproportionné, les signataires de la lettre, et les « 27 organisations » discréditent leur démarche. C’est dommage, profondément. Parce que la situation en Syrie est catastrophique, mérite notre mobilisation et nos efforts. Mais dans une échelle qui reste à la mesure de la taille et de la démographie de notre pays.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La traversée qu'il nous faut

     

    Sur le vif - Lundi 05.01.15 - 14.33h

     

    Cette fois oui, un projet qui va dans le bon sens. Après la parenthèse erratique de l’épisode de l’initiative de petite traversée, qui avait surtout permis à l’UDC de faire parler d’elle en période électorale à l’automne 2013, mais représentait une vision dépassée de la mobilité à Genève, ceux qui veulent une traversée peuvent se réjouir. Avec 11'700 signatures, voici maintenant une initiative proposant le seul tracé possible, celui d’une grande traversée, une traversée du lac, en amont, de nature à désengorger vraiment le trafic en ville, et boucler enfin la ceinture autoroutière de Genève. En la mettant en lien avec la seule vision de mobilité qui vaille, le réseau français. Oui, enfin, pour une fois, sur du concret et non sur du vent, envisageons le « Grand Genève ».

     

    Je dis bien : « ceux qui veulent une traversée ». Une partie de la population n’en a jamais voulu aucune, ni petite ni grande, ni de la rade ni du lac. Ceux-là demeureront dans leur conviction, qui se doit d’ailleurs d’être respectée. Mais c’est bel et bien à l’intérieur du camp des partisans du principe de traversée que la bataille de la nouvelle initiative va se jouer. On espère, notamment, que l’électorat UDC saura se montrer bon joueur, et ne pas « faire payer » aux initiants d'aujourd'hui l’échec de son propre projet, en septembre 2014. Ce genre de vendetta au sein de la droite desservirait à coup sûr l’intérêt supérieur de la mobilité à Genève.

     

    Reste que rien n’est joué. Il faudra d’abord gagner l’initiative devant le peuple, c'est loin d'être réalisé. Et puis, si c’est le cas, il faudra s’assurer que tout cela n’est pas du vent. Solidité du financement. Rôle régalien de l’Etat comme maître d’œuvre d’une grande infrastructure d’intérêt public. Refuser l’esbroufe et la facilité de « partenariats » avec le privé, où la République perdrait la main. Surtout, faire de ce projet immense l’affaire de tous. Pas seulement les initiants d’aujourd’hui. Pas seulement le PLR, le PDC, les Verts libéraux, le patronat, bref la droite économique. Mais le projet de tout un canton, intégrant toutes les formes de mobilité, y compris celles que prônent les opposants d’aujourd’hui. Par pitié, ne pas penser ce projet comme un autel à la bagnole, une ode à la bagnole, dans la liturgie recommencée de la bagnole.

     

    Une dernière remarque, plus politique, qui s’adresse à l’Entente. Voyez, Mesdames et Messieurs, que les initiatives ont du bon. Elles permettent, lorsque tout est bloqué dans la classe politique, de faire redémarrer la machine en s’adressant au suffrage universel. Encore une fois, c’est loin d’être gagné. Mais au moins, la démarche est bonne. Le projet est bon. La vision est juste. Pour le reste, advienne que pourra. Pour ma part, je ne verrai pas cette traversée. Mais j’ai des enfants. Je suis né et je vis au bord du lac. Et surtout, j’aime Genève.

     

    Pascal Décaillet