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Psychiatrie : la gauche innove

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.05.15

 

Et si, pour une fois, on parlait à Genève d’autre chose que d’argent, de sécurité, de chantiers ? Et si on prenait un moment pour évoquer le sort des plus précarisés d’entre nous, les personnes qui souffrent d’une maladie psychiatrique. Oh, le champ est vaste, c’est un univers, et c’est précisément parce qu’il est complexe, passionnant, qu’il existe des psychiatres, donc des médecins ayant choisi de se spécialiser dans ce domaine. Et le politique, que peut-il faire ? Que doit-il tenter ? Comment peut-il améliorer les conditions-cadres pour rendre plus efficace l’action de la psychiatrie à Genève ? Cela, au service de l’humain, qui doit être au centre de tout, oui le patient, et non la machine. Ces questions nous concernent tous, même si nous sommes « en bonne santé ». Elles touchent au corps social. Elles méritent absolument qu’on s’y penche. La gauche genevoise l’a fait. Il faut saluer son travail.

 

La gauche, ce sont trois partis : les socialistes, les Verts, Ensemble à Gauche (EàG). Entre avril 2014 et mai 2015, ils ont travaillé ensemble sur la psychiatrie à Genève. D’abord, pour un état des lieux. Puis, pour suggérer des pistes d’amélioration. Il y avait, notamment, Esther Hartmann, ancienne députée Verte, Christian Frey, député socialiste, Jocelyne Haller, députée d’EàG. Le groupe était présidé par la socialiste Ayari Felix. Le 14 mai dernier, ils remettaient à Mauro Poggia, ministre de la Santé, et aussi à la presse, un rapport articulé autour de quatre thèmes et six actions. Ils ne se sont pas seulement intéressés à la psychiatrie hospitalière (HUG, Belle-Idée, etc.), mais aux structures dites « intermédiaires » et au réseau de proximité. Bref, ils ont scanné en profondeur un tissu ne manquant certes ni de compétences, ni de dévouement, mais complexe, souffrant d’un déficit de cohérence et de communication interne.

 

A partir de là, les trois partis de gauche nous proposent des pistes. Articuler la psychiatrie genevoise autour d’une vision. Élaborer un plan d’action pour la psychiatrie, 2015-2020. Parler le même langage, communiquer, en mettant l’absolue priorité sur le patient. Ce dernier ne doit pas avoir le sentiment (et Dieu sait si, dans ce domaine, l’imagerie est fertile) d’être pris dans une machine. Tout cela, on espère vivement que le Département de M. Poggia en tiendra compte, l’intégrera à ses propres réflexions.

 

La moins qu’on puisse dire, c’est que le sujet en vaut la peine. Il ne s’agit en aucun cas, pour le politique, de dire aux spécialistes ce qu’ils ont à faire. Mais de créer les conditions d’une psychiatrie genevoise davantage au service de ses usagers. En prenant le temps de plancher à fond sur le sujet, la gauche rappelle que la politique, ce sont aussi des décisions de long terme, sur des sujets difficiles, délicats (nous le verrons le 4 juin,  avec le diagnostic préimplantatoire). Surtout, avoir le courage d’embrasser des thèmes dont l’aspect immatériel, voire quantité d’images d’Épinal, ont tendance à faire peur au public. C’est soi-même ne pas avoir peur, justement, de la perception, et au fond chercher le bien du plus grand nombre. On partagera ou non les conclusions du groupe de travail de gauche, mais on saluera vivement la démarche.

 

Pascal Décaillet

 

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