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Liberté - Page 940

  • Les Verts : sauvés des eaux !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.05.15

     

    Curieux paradoxe que le résultat des Verts, lors de ces élections communales 2015. Dans les exécutifs (dimanche 10 mai), ils ont obtenu un fort bon résultat, maintenant les leurs, notamment, dans les six plus grandes villes du canton (Genève, Vernier, Lancy, Onex, Meyrin, Carouge). Dont acte. Mais trois semaines plus tôt, ils subissaient le plus important revers en pertes de sièges dans les Conseils municipaux (délibératifs) de nos 45 communes : ils chutent de 16 élus, ce qui est considérable.

     

    Voilà donc un parti désavoué dans les délibératifs. Mais se portant fort bien, avec le système majoritaire à deux tours, dans les exécutifs. Grâce au jeu des alliances. Saines (avec les socialistes, alliés naturels). Ou plus biscornues (Vernier, Lancy, Onex). Nous sommes donc dans un système, accentué depuis les travaux de la Constituante, où un désaveu populaire sur l’essentiel de la politique (le sens, les orientations, les idées), peut se trouver totalement corrigé dès qu’il s’agit du choix des personnes. On veut moins des idées vertes, mais n’a rien (pour l’heure) contre les gens qui les incarnent.

     

    Cela, pour deux raisons. D’abord, il faut reconnaître la compétence et le pragmatisme de nombreux magistrats Verts. Ce sont des gens avec lesquels on peut travailler, et dans une commune c’est précieux. Mais aussi, les limites d’un système où la puissance de transversalité s’avère plus payante que la force de persuasion intrinsèque de chaque parti. A cet égard, une évolution vers un système proportionnel, plus juste et plus représentatif, ne serait pas de trop, dans les années qui viennent. Qui osera le proposer ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les Artificiers du Matin Calme

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    Sur le vif - Mercredi 13.05.15 - 17.33h

     

    Exécuté au canon anti-aérien. Le Matin Calme, réveillé en trombe par un tir de DCA, dirigé contre le ministre de la Défense, lui-même. La méthode est raffinée, elle réhabilite avec une rare délicatesse l’usage d’une arme dont on parle un peu moins, en Europe, depuis la signature de la capitulation par les Allemands, le 8 mai 1945. Mais jusqu’à cette date, dans le ciel de Berlin, elle faisait, comment dire, fureur.

     

    Exécuté à la DCA, pour avoir juste un peu somnolé pendant un défilé militaire. C’est un peu rude, évidemment, surtout quand on pense qu’un Moritz Leuenberger, par exemple, a roupillé quinze au Conseil fédéral, continue dans d’augustes conseils d’administration, et que nul ne songe à lui en chercher la moindre noise. Le Soir de sa carrière, tout comme le Zénith, aura été tout aussi calme que le Matin des lointaines Corées.

     

    Et puis, pensez-vous, s’il fallait passer à l’arme lourde tous les responsables, en Suisse, qui, peu ou prou, somnolent dans leurs fonctions… Ou se contentent juste de gérer. Ou d’administrer. Ou de cadastrer. Ou de distribuer des prébendes culturelles aux oboles tendues des associations, chaque décembre, entre Saint-Nicolas et Noël. Vous imaginez : le ciel de notre pays ne serait plus qu’un feu croisé de missiles. Ce serait tous les jours le 1er Août. Ou pire : les Fêtes de Genève. Mais je vous laisse. Mes paupières, rien que d’imaginer la scène, se font pesantes. Et demain, j'aimerais conserver quelque légèreté. Pour l'Ascension.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Et si on inventait autre chose ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.05.15

     

    Des affiches, des sourires, des tronches. Tous, l’air sympa. Des campagnes, des stands, des raclettes, des saucisses. Du blanc de messe. Des grappes de militants, qui tentent de vous harponner. Des ballons, pour les enfants. Des annonces dans les journaux, des slogans. Des attaques, des missiles. Des baisers de Judas. Des chats, des chiens, des photos de famille, sur les réseaux sociaux. Ça fait un moment que ça dure, ce système. Les supports changent, en fonction de l’évolution des techniques, mais au fond, voilà bientôt deux siècles que le principe demeure : le citoyen délègue à d’autres le pouvoir de décider à sa place. Siéger en son nom. Dans le délibératif d’une commune (Conseil municipal, à Genève), le législatif d’un canton (Grand Conseil), ou celui de la Confédération (Conseil national, Conseil des Etats). Cela s’appelle la démocratie représentative. D’aucuns nous décrivent ce système comme inégalable, inattaquable : on n’aurait jamais fait mieux. Je ne suis pas certain de partager ce point de vue.

     

    Nous fonctionnons encore comme au temps des diligences. A l’époque où le système de délégation parlementaire se met en place (autour de la Révolution française, puis deux siècles, riches de soubresauts, jusqu’à aujourd’hui), la plupart des gens ne savent pas lire, n’ont pas grande idée de la vie politique de leur pays, ne connaissent pas les lois, seraient incapable d’argumenter, du haut d’une tribune. Alors, on délègue. A des gens instruits, combatifs, courageux, sachant s’exprimer. Et il faut bien dire qu’en ce temps-là, l’invention des parlements fut un progrès exceptionnel par rapport aux systèmes d’Ancien Régime. De sujet, vous deveniez citoyen. En élisant vos députés, vous participiez à la vie du pays. D’abord, seulement les hommes. Puis, beaucoup plus tard (1945 en France, 1971 au niveau fédéral en Suisse), les femmes. Aujourd’hui encore, ma foi, à part rêver à livre ouvert (ce à quoi je m’aventure ici), comment concevoir un meilleur système ?

     

    Il faudrait pourtant, doucement, commencer à inventer autre chose. Juste après l’antenne, ce dimanche 10 mai vers 18.45h, à Uni Mail, je discutais avec Pierre Conne, candidat PLR non-élu, mais fort bien placé, et ayant mené une belle campagne. Et il y a eu un moment, très fort, où ce paisible sexagénaire, ce gentleman aux yeux bleus, m’a glissé : « Il faut que les jeunes inventent autre chose. Nous sommes au bout d’un système ». Je crois qu’il a raison.

     

    Le lieu, certes, l’ambiance, avec cette surabondance de candidats, heureux ou déçus dans le jeu de miroirs de leurs ambitions, tout cela se prêtait à un sentiment de trop-plein, presque de nausée. Allons-nous, pour l’éternité, laisser se développer, comme une machine à Tinguely, la mécanique recommencée de ces cirques électoraux ? Candidats, assemblées, affiches, coups bas, alliances de dernière minute, promesses ? N’est-il pas temps d’inventer un nouveau système démocratique, où le citoyen, la citoyenne, serait en prise plus directe avec les décisions à prendre ? Je ne parle ici, vous l’avez compris, ni de demain, ni d’après-demain. Mais d’une évolution, dans les générations qui viennent, de notre rapport à la citoyenneté. En attendant, bonne chance à tous les élus communaux 2015-2020. Et surtout, bon courage !

     

    Pascal Décaillet