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Liberté - Page 937

  • C'est ça, le scrutin majoritaire ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.10.15

     

    Enfant, puis adolescent, j’étais un fervent partisan du système majoritaire. Notamment l’uninominal à deux tours des législatives françaises, depuis la Cinquième République. C’était sous de Gaulle. Dans ce mode électoral, j’admirais la clarté du choix, puis la cohérence des décisions prises à l’Assemblée.

     

    Eh bien cette admiration, c’est du passé. Quand je vois ce qui se passe chez nous, tiens par exemple à Genève pour le second tour de l’élection au Conseil des Etats, tout ce jeu de dupes, tout cet incroyable maquignonnage, toutes ces chutes de masques, me donnent la nausée. A moi, comme à l’immense majorité de l’électorat.

     

    Au premier tour, Mme Maury Pasquier et M. Cramer sont en tête. L’élection est à deux tours, et les autres (Entente, Nouvelle Force) ont bien sûr le droit de recomposer leurs forces, c’est le jeu. Mais il y a la manière ! Ces présidents de partis qui disent blanc un jour, noir le lendemain, oui avec la tête, non avec le cœur, devant un public qui n’est évidemment pas dupe, quelle image de la démocratie ?

     

    Alors voilà, j’ignore qui sera élu aux Etats. Mais je préfère désormais la bonne et brave simplicité du scrutin proportionnel : ceux qui arrivent en tête sont élus. Ça nous évitera la vanité des paroles, le piment sucré des contradictions, la dissolution du politique dans l’illisible, le règne du trompe –l’œil et des salamalecs.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • EWS : l'heure de l'addition

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    Édito publié ce matin, en italien, en première page du Giornale del Popolo - Jeudi 22.10.15


     
    29,5% ! Un résultat incroyable. Beaucoup plus fort qu’en 2007, car à l’époque, l’UDC comprenait encore les voix du futur PBD. La Suisse qui vire à droite : toute la barre à tribord, comme on dirait en termes de marine ! Cela, pour des raisons profondes, bien au-delà de la seule « peur des mouvements migratoires » mise en avant par de timides – ou perfides – analystes.
     


    C’est un véritable changement de paradigme pour notre pays, une mutation politique, mais aussi sociologique, culturelle même ! Sans doute, cette fois, enfin, l’adieu à Mai 68, à une toute une génération née de cette idéologie. Nous entrons maintenant dans autre chose. Une autre époque, qui rejette autant les rêves libertaires que le libéralisme financier sans entraves. Nous assistons au retour de valeurs traditionnelles. Le retour, aussi, puissant, de l’idée de frontière. Celle qui, à l’intérieur, protège le faible, le fragile, le chômeur, contre la concurrence trop facilement importée de l’étranger par certains employeurs hélas bien peu patriotes, ne voyant que leur profit immédiat.


     
    Face à l’étendue de cette mutation, face à l’importance du message délivré par l’électorat le dimanche 18 octobre 2015, je vous dirai franchement que le sort de Mme Widmer-Schlumpf m’est parfaitement égal. Elle peut rester au Conseil fédéral, partir, retourner respirer l’air (tellement plus sain !) des Grisons, cela n’a aucune importance. Et la focalisation des esprits, dans toute la presse suisse, sur le destin de cette dame révèle davantage les préoccupations de sérail de toute une génération de journalistes anti-Blocher, tellement heureux de son départ en décembre 2007, qu’ils ont passé huit ans, dans leurs circuits fermés, en adoration devant une ministre qui ne présente pas, en réalité, tant d’intérêt. Elle a peut-être fait de bonnes choses, et puis peut-être pas : cela n’a aucune importance !


     
    Pourquoi ? Parce que tout l’épisode Widmer-Schlumpf est né d’une trahison. A Berne, à l’approche du 12 décembre 2007, le socialiste Christian Levrat, le Vert Ueli Leuenberger, le PDC Christophe Darbellay ont aiguisé leurs poignards. On est allé chercher, à Coire, une ministre cantonale des Finances qui faisait sans doute du bon boulot, on l’a mise au parfum, elle est partie dans la combine, et au final le putsch anti-Blocher a pu se produire. Eh bien huit ans plus tard, Madame la Grisonne, voici venue l’heure de l’addition. Si, par hasard, elle devait s’avérer salée, je n’en serais, pour ma part, pas exagérément malheureux. Ai-je été assez clair ?


     
    Mais il y a maintenant, fin 2015, un tout autre son de cloche que celui de l’automne 2007 : il ne s’agit plus de Christoph Blocher. Elle s’est éloignée, l’ombre du Commandeur ! Au point qu’une nouvelle génération UDC, cella de sa fille Magdalena, par exemple, celle du brillant patron de la Weltwoche, Roger Koeppel, occupe maintenant la scène. Dès lors, l’ambiance entre l’UDC et les autres partis gouvernementaux paraît moins dramatique qu’il y a huit ans. L’UDC a gagné les élections, elle a réalisé son meilleur résultat historique, elle est en force, en puissance. C’est cela qui compte, et non le petit bal des prétendants au Conseil fédéral.


     
    Mieux que moi, mes confrères tétanisés pas le sérail de la Coupole fédérale vous diront tout de même qu’il y a un calendrier : 31 octobre, Assemblée générale du PBD, où Mme Widmer-Schlumpf pourrait nous éclairer sur ses intentions. 13 novembre : délai pour les candidatures des sections cantonales UDC pour un éventuel deuxième siège. 20 novembre : décision des groupes des Chambres fédérales. Enfin, mercredi 9 décembre, Jour J : réélection complète, comme tous les quatre ans, du Conseil fédéral.


     
    Mais rien de cela n’a de réelle importance. Intéressons-nous aux thèmes ! Le virage à droite du 18 octobre influencera directement l’avenir de nos assurances sociales, celui de nos retraites, nos rapports avec l’Union européenne, notre gestion des flux migratoires, nos décisions sur l’avenir de l’agriculture, de la défense nationale, toutes choses infiniment plus importantes que de savoir « quelle va être la décision de Mme Widmer-Schlumpf ». Ce que l’Histoire politique suisse retiendra de l’automne 2015, c’est le 18 octobre. Avons-nous simplement pris la mesure de ce qui s’est produit ce jour-là ?


     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Ni "peur", ni "repli", juste l'attachement au pays

     

    Sur le vif - Mercredi 21.10.15 - 02.39h

     

    Je conteste absolument que la "peur des migrants" soit l'explication principale de la victoire de l'UDC dimanche. Il faut d'ailleurs cesser d'imputer aux "peurs", "crispations", "mouvements de repli", le vote conservateur en Suisse.

     

    Il y a quelque chose de beaucoup plus profond : une part importante de nos compatriotes ne veut ni de la gauche, ni surtout de la droite libérale, libre-échangiste à souhait, gommeuse d'identité nationale et de valeurs.

     

    Cette droite-là, alliée à certains patrons peu soucieux de notre corps social, immigrationnistes par profit à court terme, adeptes d'une sous-enchère qui n'a absolument pas été contrôlée depuis 2002, régresse face à une autre droite, porteuse d'autres valeurs.

     

    Ne sous-estimons en aucun cas l'initiative de Franz Weber, ni celle du 9 février 2014. Sachons en lire les messages : attachement physique, émotif, filial, au paysage du pays, besoin d'équilibre et de régulation des flux migratoires, volonté de conserver une Suisse à taille humaine, où il fasse bon vivre.

     

    Il n'y a là rien de xénophobe, aucun abaissement de l'Autre, aucune "peur", aucun "repli". Il y a juste la volonté raisonnée de poursuivre avec simplicité la lente, patiente et magnifique construction de nos ancêtres.

     

    Pascal Décaillet