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Liberté - Page 10

  • La Saxe-Anhalt, vous connaissez ?

     

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.10.25

     

    Publié le 15 octobre, le baromètre électoral des intentions de vote dans le Land de Saxe-Anhalt, capitale Magdeburg, au centre de l’ex-DDR, est un séisme. Les élections régionales – les plus importantes en Allemagne, Etat décentralisé comme la Suisse, avec fort pouvoir des Länder – n’auront certes lieu que le 6 septembre 2026. Et, certes encore, il ne s’agit que d’une photographie des intentions de vote aujourd’hui. Mais séisme, quand même. L’AfD, qui avait déjà cartonné aux dernières élections et fait un tabac dans toute l’ex-DDR, culmine à 40% d’intentions de vote. La CDU, 26%. Die Linke, le parti très vivant de la gauche radicale, est troisième à 11%. Le SPD, le parti historique de Willy Brandt, 6%, à égalité avec l’incroyable Alliance Sahra Wagenknecht « Für Vernunft und Gerechtigkeit », Pour la Raison et la Justice, les libéraux (équivalent du PLR) tutoient le plancher avec 3%, à égalité avec les Verts (3%). En clair, l’AfD est plus de treize fois plus forte que les Verts.

     

    La Saxe-Anhalt : je connais très bien cette région, qui s’est forgée au cours des siècles autour du bassin de l’Elbe. Ce qu’on a appelé, pendant quarante ans (1949-1989), la « DDR », l’Allemagne de l’Est, était en fait la réunion de trois grandes identités historiques : la Prusse, la Saxe, la Thuringe. Allez absolument visiter la Saxe, comme d’ailleurs toute l’ex-DDR : vous y trouverez une Allemagne très différente de l’image d’opulence donnée par l’Ouest dans les années de reconstruction et de miracle économique. L’ex-DDR, la Saxe notamment, est une région pleine de vie et d’ambitions collectives, de haute tenue culturelle, riche de toute l’Histoire industrielle, théologique, spirituelle, artistique des Allemagnes. Mais elle est aussi, hélas, la grande victime de la Réunification, ou plutôt (les mots doivent avoir un sens) de l’absorption gloutonne, vulgaire, méprisante, de l’Allemagne de l’Est par le capitaliste rhénan Helmut Kohl, atlantiste devant l’Eternel.

     

    Ce phagocytage, sous les applaudissements béats de toute la crétinerie néo-libérale née de la chute du Mur, ces perroquets des Anglo-Saxons, nombreux en Suisse d’ailleurs, qui ne cessaient de nous annoncer « la victoire définitive du capitalisme ». Ah, les sottes gens ! Cette génération de décérébrés qui n’avaient à l’esprit (ou ce qui en tient lieu) que le Nasdaq, le mythe californien, la destruction de l’Etat, des nations et des ambitions collectives citoyennes.

     

    La Saxe-Anhalt est l’une des régions ayant le plus souffert de la brutalité de la « Réunification ». Tout le système social, associatif, culturel, de la DDR, a été jeté aux orties. Seule devait régner l’arrogance du marché. A cela s’ajoute, je le dénonce depuis l’automne 2015, la folie du « Wir schaffen das » d’Angela Merkel, dont le tissu social de la Saxe-Anhalt a été l’une des plus grandes victimes. Aujourd’hui, cette région est paupérisée, elle se sent seule, peu écoutée par le pouvoir fédéral. Elle a besoin d’une nouvelle donne, à la fois nationale, protectionniste et sociale. Alors, oui, elle plébiscite d’AfD. Vous pouvez hurler tant que vous voudrez. Mais ces 40% sont là, c’est un fait. On ne le contournera pas.

     

    Pascal Décaillet

  • Lionel Dugerdil, leader incontournable de la droite genevoise

     
     
    Sur le vif - Dimanche 19.10.25 - 16.09h
     
     
     
    Cette complémentaire, je l'ai toujours dit, opposait deux hommes de valeur. A Nicolas Walder, j'adresse toutes mes félicitations. Il a les compétences, la formation politique, l'expérience d'un exécutif, le passage par Berne, la vision générale des enjeux nationaux, pour exercer les fonctions de Conseiller d'Etat.
     
    Mais j'aimerais dire un mot de Lionel Dugerdil. Sa campagne, d'un bout à l'autre, a été magnifique. Populaire, joyeuse, pleine de bonne humeur, d'envie de vivre. La campagne d'un homme de droite, et la droiture d'un homme de la campagne.
     
    Il n'a pas été élu. Mais son résultat amène son parti à des niveaux jamais atteints. Au sein des droites genevoises, il est devenu non seulement l'homme fort, mais le rassembleur, par tempérament, par sa capacité à fédérer. Les acariâtres et les atrabilaires qui, à l'interne de son parti, avaient cru bon d'ourdir contre lui, peuvent aujourd'hui se rhabiller : l'UDC genevoise a un chef, digne de Céline Amaudruz qui avait déjà fait un boulot formidable. Pour ce parti, longtemps miné par des querelles d'ego, d'un singleton à l'autre, Dugerdil incarne le rassemblement, la capacité à nouer des alliances, le rapprochement continuel vers la victoire. Son avenir politique est devant lui.
     
    Hommage, aussi, au PLR. Ce parti a, quant à lui (.....), joué le jeu de l'alliance. Il s'est montré loyal, fidèle aux engagements. Il a tenu parole et soutenu Dugerdil au deuxième tour. Cette rectitude, symbolisée par l'impeccable loyauté d'un Cyril Aellen, crée des liens, pour l'avenir. Elle consolide la confiance. La droite genevoise, c'est désormais le PLR, et l'UDC. Ensemble. Il faut passer des alliances avec des partenaires fiables. Les autres, on peut les laisser vivre leur vie, dans le Marais.
     
    Au sein des droites genevoises, Lionel Dugerdil est désormais le leader. La grande gagnante, à droite, ce dimanche 19 octobre, c'est la tendance nationale, patriote, souverainiste, protectionniste, populaire, et surtout joyeuse.
     
    Car la politique n'a aucune raison d'être triste. Elle est humaine, incarnée, pleine de rires et de fracas, pleine d'amitiés, de sourires complices. Le style Dugerdil, pétaradant et festif comme une noce de campagne de Bruegel l'Ancien, c'est une touche d'ivresse de vivre, au milieu d'une invitation à la pénitence, dans l'austérité grise du Temple.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Pour une politique arabe de la Suisse

     
     
    Sur le vif - Dimanche 19.10.25 - 06.15h
     
     
    Depuis de longues années, déjà sous Trump 1, je dénonce ici l’absence totale de sensibilité d’Ignazio Cassis au monde arabe. Et son obédience aux États-Unis et à Israël.
     
    En lisant la presse alémanique, ce matin, je découvre qu’il va se rendre dans trois pays arabes : l’Irak, la Jordanie, le Koweït.
     
    Volonté bien tardive, une fois consommé le cataclysme de Gaza ? Ambition de corriger enfin une image de déséquilibre, et surtout d’ignorance des réalités d’une civilisation capitale dans les équilibres du monde ? Peut-être.
     
    Mais l’impératif de lucidité, dans l’observation de la politique, exige de prendre les terrains et les hommes tels qu’ils sont, non tels qu’on aurait voulu qu’ils fussent.
     
    Dans ces conditions, quel que soit le regard qu’on porte sur le Tessinois (le mien, vous le savez, est très négatif), il faut saluer, toute timide soit-elle, cette inflexion, enfin, de la politique du DFAE.
     
    Je plaide depuis toujours pour une politique arabe de la Suisse. Et en particulier, pour une politique palestinienne de la Suisse. Avec M. Cassis, jusqu’ici, elle est tombée à zéro.
     
    Le soutien sans faille à Israël pendant le massacre de Gaza, donc le soutien au colon face au colonisé, n’a pas grandi la Suisse. Dans le monde arabe, où elle avait de solides relais depuis l’époque du Secrétaire d’Etat Edouard Brunner, l’ère Cassis a isolé notre pays. Cette diplomatie est une catastrophe, qui nous a disqualifiés dans notre rôle d’arbitre.
     
    La Suisse doit avoir une politique arabe. Nos diplomates doivent s’ouvrir aux langues orientales, l’arabe, mais aussi le persan, clef indispensable pour commencer à tenir sur l’Iran historique des propos autres que ceux de la propagande américaine.
     
    Nos diplomates doivent se désintoxiquer de l’impérialisme de la langue anglaise, du monde anglo-saxon, du narratif imposé au monde par la Maison-Blanche et le Pentagone.
     
    La Suisse est un minuscule pays, mais par l’ouverture, l’écoute et la connaissance des langues, des cultures, des civilisations, elle peut accomplir de grandes choses. Pour peu qu’elle s’affranchisse des arrogances, des hégémonies, des volontés de domination, d’où qu’elles viennent.
     
     
    Pascal Décaillet