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Liberté - Page 7

  • Le printemps des peuples, c'est maintenant !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.03.24

     

    Le printemps des peuples : quelle belle expression ! Elle désigne, notamment, l’extraordinaire année que fut en Europe 1848. Chute de Louis-Philippe en France, de Metternich en Autriche, effervescence dans les Allemagnes pas encore unifiées, réveil en Italie. Partout, les têtes couronnées tombent, c’est la continuation de 1793. Dans ce maelstrom, un petit pays, tout au centre de l’Europe, quatre langues, deux grandes religions, se dote d’un Etat fédéral. Ce petit pays, c’est la Suisse, minuscule par sa taille, immense par ce que deviendront, au fil des années, ses institutions.

     

    Depuis 1848, la Suisse moderne se dote du droit de référendum facultatif (1874), puis d’initiative (1891), puis d’un système proportionnel (1919). Elle intègre toutes les grandes forces politiques dans son gouvernement fédéral, et dans les exécutifs cantonaux. Surtout, elle se dote progressivement d’un tissu d’assurances sociales que le monde peut lui envier. A commencer par l’AVS, en 1947. Cette Suisse des 175 dernières années, nous avons à en être fiers ! Elle a transformé une Confédération d’Etats en un Etat fédéral. Pour ma part, c’est cette Suisse-là, récente au fond, dont l’Histoire me passionne.

     

    La Suisse n’est pas membre de l’Union européenne. Elle discute, négocie, avec les Vingt-Sept, c’est difficile, laborieux, parfois chaotique. C’est le dialogue de David avec Goliath. Elle n’est pas membre, mais elle aime profondément les peuples d’Europe. Elle aime les langues de notre continent, le grec, l’italien, l’allemand. Elle aime l’Histoire de l’Europe, dont elle a partagé toutes les grandes secousses : Empire romain, Féodalité, Réforme, Contre-Réforme, Guerre de Trente Ans, Traités de Westphalie (1648), Lumières, Révolution française, Restauration, Réveil des Peuples (1848), Kulturkampf, aventure industrielle. La Suisse n’est pas dans la machinerie de l’Union, mais elle, est, jusqu’au fond des entrailles, un peuple d’Europe, ami des autres peuples européens.

     

    Le 9 juin prochain, nos amis des 27 pays de l’Union voteront. Formellement, ils enverront des députés à Strasbourg, mais l’essentiel n’est pas là. Ce que tout le monde attend, c’est le réveil des peuples contre la pesanteur des technocraties. S’affranchir de la machine. Laisser poindre les voix. Prendre en mains son destin. Je n’appelle pas mes voisins à copier le modèle suisse de démocratie directe : à chaque peuple, son Histoire, ses mécanismes, ses rapports avec le pouvoir. Copier, non, mais peut-être, s’ils le souhaitent, s’en inspirer, chacun selon son génie propre. Depuis le temps que nos voisins français articulent leur expression de « référendum d’initiative populaire », en gros quelque chose qui ressemblerait au modèle suisse, on a envie de leur dire « Mais allez-y, faites-le, arrêtez de vous triturer les méninges, foncez ! Refaites-la, votre Révolution ! Reprenez-les, vos Bastilles ! ».

     

    Mais nous ne le leur dirons pas. Car chaque nation est libre, souveraine. Et nul prosélytisme n’est bienvenu. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet

  • Le grand retour de l'Etat. Enfin !

     
    Sur le vif - Mardi 05.03.24 - 10.27h
     
     
    La Suisse est aujourd'hui partagée en deux camps. Ceux qui veulent l'Etat, ceux qui n'en veulent pas.
     
    Dans ceux qui veulent l'Etat, il y a les socialistes, les radicaux, et une partie trop silencieuse de l'UDC.
     
    De l'autre côté, il y a les libéraux (la fracture traverse donc, comme un Mur de fer, le PLR), les ineffables associatifs Verts, les approximatifs, trop de centristes, dans la tiédeur flasque du Marais. Ce sont souvent des gens de valeur, des citoyens soucieux du bien public, mais le legs de la Révolution française, avec sa tradition républicaine, le souci de précision géométrique de la loi, ne les habite pas trop. A eux s'ajoutent, bien sûr, les ultra-libéraux de l'UDC tendance Zurich, qui combattent frontalement, à l’américaine, la notion même d'Etat.
     
    Pour ma part, je suis un homme de droite. Patriote. Amoureux du pays, de son Histoire, de sa démocratie directe, de sa cohésion sociale, patiemment construite depuis 1848. Je suis un admirateur des radicaux historiques, ceux de l'économie comme ceux des institutions. Je suis foncièrement souverainiste, et n'accepte aucune instance supérieure à celles de la nation pour décider du destin de la Suisse. Toute cette conception, qui est mienne depuis l'adolescence, se construit autour de la notion d'Etat. Oh, surtout pas tentaculaire, ni armada de fonctionnaires, mais l'Etat, au service du peuple.
     
    La grande ligne de fracture du dimanche 3 mars 2024 est celle du rapport à l'Etat. En forçant le destin par le miracle de la démocratie directe, le peuple et les cantons ont commis un acte de solidarité remarquable, historique, avec les personnes âgées. Mais ils ont inscrit cet acte dans une tâche d'Etat : la Constitution maintenant modifiée, il appartient aux corps de l'Etat de mettre en oeuvre sans tarder l'impératif de solidarité nationale exigé par le souverain.
     
    Il y a eu les années golden boys, haïssables. Nous voilà dans les années de retour de l'Etat. La Suisse y retrouvera son âme, sa cohésion interne, sa joie d'être ensemble, au coeur d'un continent européen que nous aimons.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • PLR : l'aggiornamento, ou le déclin !

     
    Sur le vif - Lundi 04.03.24 - 12.06h
     
     
    "Fier d'être Suisse !". C'était mon commentaire d'hier, ici même, 14.42h, où il s'agissait de dire l'essentiel. Saluer ce dimanche 3 mars 2024 comme une journée qui restera dans notre Histoire sociale, donc dans notre Histoire tout court.
     
    Il y a des jours où il faut prendre de la hauteur. La plupart de nos commentateurs, ou éditorialistes, ont beaucoup trop le nez dans le guidon ! Où est leur vision de l'Histoire suisse, depuis 1848 ? Où sont le souffle, le long terme ? Que la droite libérale ait cru bon de nous imposer, pendant toute la campagne, un langage d'actuaire, pointilliste à souhait sur le financement, donneur de leçons comptables, n'oblige pas les journalistes de ce pays à reprendre servilement ce discours. La diversité, ça commence par la rupture avec toute tonalité imposée.
     
    Bien sûr que la question du financement est capitale, je suis moi-même entrepreneur, je sais remplir une fiche de salaire, je n'aime pas la légèreté de la gauche quand elle dit "Il n'y a qu'à augmenter les cotisations". Idem pour la TVA, que je paye depuis 18 ans, et qui vient de subir une augmentation en janvier. Donc c'est vrai, le chemin à trouver sera difficile.
     
    Mais enfin hier, il fallait de la hauteur ! Penser à la joie de centaines de milliers de retraités qui voient dans le OUI de ce dimanche, en plus d'une amélioration concrète de leurs revenus, un signe de reconnaissance, de respect. Ca n'était pas seulement un vote sur l'AVS : c'était un test sur la Suisse elle-même, sa capacité à remettre la cohésion sociale au centre du jeu. C'était un adieu à l'odieux libéralisme sauvage des trente dernières années, tueur de lien social, défaiseur d'Etat. Les golden boys, on ne veut tout simplement plus en entendre parler.
     
    Reste le PLR. Ils ont dû se donner le mot, mais tous, hier soir, disaient "Nous aurions dû présenter un contre-projet". Il n'ont pas tort. Mais c'est un peu court, comme débriefing ! A la vérité, ce parti, grand perdant d'hier, doit se livrer à un aggiornamento en profondeur, et j'amorce cette réflexion dès ce soir, à GAC, avec une personne de qualité sur la scène genevoise. La gauche, en Suisse, ne fait pas 58% du corps électoral, pas plus qu'elle ne ferait 75% à Genève. Un nombre considérable de voix de droite, y compris du PLR, ont donc dit OUI à la 13ème rente.
     
    Eh oui ! Il existe, dans ce pays, une autre droite que celle des libéraux, des dérégulateurs, des mondialistes, des libre-échangistes, des spéculateurs sur le profit financier. Une droite qui veut la nation, la patrie, l'Etat, les PME, une industrie nationale et non délocalisée, la frontière, une agriculture forte et protégée. L'économie oui, c'est la base de tout, mais au service du peuple.
     
    Si le PLR ne se livre pas à un aggiornamento en profondeur, s'il ne tient pas compte de la masse de ses membres qui ont voté OUI hier, s'il ne réhabilite pas les petites entreprises, le marché intérieur, les exploitations paysannes, s'il ne fait pas le ménage avec les golden boys qui ont tué l'âme radicale, fondatrice du grand parti qui a fait la Suisse moderne, alors ils devront se résoudre au déclin.
     
    A eux de choisir.
     
     
    Pascal Décaillet