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Liberté - Page 6

  • Référendums : la gauche gagne

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.10.25

     

    2023-2028 : Genève est en plein milieu d’une législature de droite. Au Grand Conseil, la droite domine. Dans les élections, la droite gagne. Mais souterrainement, la gauche prépare sa revanche. Et dans les urnes, elle accumule les victoires. Non sur le choix des hommes et des femmes, mais sur le fond des sujets politiques, ce qui est autrement important. La gauche, par exemple, remporte la plupart des référendums soumis au peuple.

     

    Cela signifie une chose : dans pas mal de domaines, touchant notamment aux finances, au rôle et à la dimension de l’Etat, le Grand Conseil est en décalage par rapport à l’état actuel de l’opinion genevoise. Exemple le plus récent : les fameuses « lois corsets », d’inspiration libérale, refusées clairement par le peuple, le 28 septembre.

     

    La majorité de droite du Grand Conseil, parfaitement légitime jusqu’au printemps 2028, doit se ressaisir. Oublier les arrogances libérales, style années monocolores (1993-1997), rétablir en ses rangs le sens de l’Etat, la primauté du politique sur les intérêts privés, centrer ses combats sur le pouvoir d’achat, au lieu de mener croisade contre l’Etat régalien. Bref, la droite genevoise doit être d’inspiration plus radicale, moins libérale. Elle doit respecter, en ses rangs, la tendance souverainiste, attachée à l’agriculture, à l’industrie et au marché intérieur. Et remettre à leur place les spéculateurs.

     

    Pascal Décaillet

  • Palestine : la droite suisse roupille !

     

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.10.25

     

    Vous connaissez ma position en faveur de la Palestine, et d’un Etat palestinien. Mon amitié aussi, égale, symétrique, pour le peuple d’Israël, je n’en dirais pas autant de l’actuel gouvernement, et sa politique à Gaza. Bref, vous me savez, sur le terrain du Proche-Orient, homme de dialogue et de paix. Mais une chose m’époustoufle : le silence glacé de l’univers des droites, en Suisse, face à l’horreur de ce qui se passe à Gaza. Tout au plus certains appellent-ils à l’urgence d’une action humanitaire, ce qui est bien le moins, et pour tout dire minimaliste. Aucune réflexion sur l’Histoire du peuple palestinien, au moins depuis 1948, ses souffrances, ses combats, ses déchirements entre factions adverses, son espoir d’être un jour reconnu, à hauteur d’Etat. Comme le fut Israël, à juste titre, trois ans après la fin de la Shoah.

     

    Aucune approche en profondeur, non plus, de l’Histoire et des identités mêlées du monde arabe. Je ne demande pas de remonter à Saladin. Mais au moins à Nasser, ce chef immense de l’Égypte, combattant de son pays, concepteur d’une unité arabe, qui demeure aujourd’hui à l’état de rêve ancien. Aucune conception, dans notre bonne droite suisse bourgeoise, celle notamment du PLR, le parti de M. Cassis, mais aussi au Centre et à l’UDC, de l’Histoire des mouvements d’émancipation dans le monde arabe, contre le colon français ou britannique. Aucune idée, dans la droite suisse, de ce que fut, dès le début de la présence française, avec l’Émir Abdelkader (1808-1883), puis les multiples courants des générations suivantes, l’idée, propagée dans l’ombre de la colonisation, d’une Algérie souveraine, indépendante.

     

    Ces choses-là, qui nous sont si proches, ne semblent pas intéresser la droite suisse. La seule orthodoxie est celle de M. Cassis, ancien vice-président d’un groupe d’amitié Suisse-Israël, totalement acquis à l’un des belligérants, Israël, totalement sourd à l’idée même de la Palestine. Au-delà d’une indifférence dans l’ordre de l’empathie, il y a pire : une abdication intellectuelle dans l’ordre de la lucidité. C’est comme si M. Cassis, un homme intelligent pourtant, fermait ses yeux quand on évoque devant lui l’idée palestinienne. Il ne ferme pas seulement son cœur, mais son regard, son accès au réel. Pour un ministre des Affaires étrangères, c’est une faute. La tâche première, à un tel niveau de responsabilité, est d’ouvrir son esprit au maximum d’informations, de tous les camps. La cécité volontaire, à un tel poste, tutoie la folie.

     

    Qui soutient la Palestine, en Suisse ? La gauche. Les manifs sont des liturgies de gauche, avec tous leurs attributs habituels, les mêmes que sur d’autres sujets. La gauche soutient la Palestine, et elle a raison. Mais la droite suisse ? Les droites, en Suisse ? Le massacre recommencé de Gaza ne les intéresse pas ? Elles ne veulent pas voir, pas entendre ? Elles ferment leurs cœurs, leurs yeux, leurs cerveaux ? C’est dommage. Elles méritent mieux. Les victimes de Gaza, aussi.

     

    Pascal Décaillet

  • Le Roi est nu, le Roi est seul, le Roi doit partir

     
     
    Sur le vif - Lundi 06.10.25 - 14.38h
     
     
    Emmanuel Macron : un homme intelligent, charmant, cultivé, doté d'une belle plume, ou alors bien entouré, beau parleur, excellent dans les discours.
     
    Bref, l'homme ne manque pas de qualités. Mais un homme d'Etat, ça n'est pas un homme tout court. Il faut qu'il y ait en lui le génie de l'Etat. C'était le cas avec Charles de Gaulle. Aussi, certes autrement, avec François Mitterrand.
     
    Chez Macron, la dimension d'Etat, celle d'un Philippe le Bel, celle d'un Louis XI, celle d'un Carnot, d'un Mendès France, n'apparaît pas. L'homme se donne à briller. Il aime la Cour. Il aime presque physiquement les puissants du monde, il adore les empoigner amoureusement, les embrasser. Chez lui, la diplomatie est une étreinte recommencée. Dans l'ordre de l'horizontalité de classe, les puissants en haut, les gueux en bas, il excelle.
     
    A lui seul, par réaction, il réveille Marx, la presse de gauche rhénane des années 1840, Engels, la dialectique hegelienne, la prise du Palais d'hiver, la Révolution allemande de 1919, le bain joyeux de Mao dans le grand fleuve.
     
    Que signifie l'inimaginable bordel de son second mandat, d'ailleurs déjà largement installé lors du premier ? Politiquement, l'échec du grand rêve MRP, très Quatrième République, de vouloir construire une majorité par le Centre. Pour une raison simple : en politique, il y a la droite, la gauche. Les dominants, les dominés. La lutte des classes. Au milieu de ces feux d'antagonismes, bienvenus dans une perspective dialectique, le Centre n'est qu'une illusion. Un Marais. Une eau de bénitiers, trempés des doigts de mille pécheurs et pécheresses.
     
    La preuve de cet échec ? Depuis 2017, Macron nous promet de résorber les extrêmes. Huit ans après, ils ne se sont jamais aussi bien portés. Les vrais chefs, en France, dans une forêt de prétendants futiles, sont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. La première est aux portes du pouvoir. Elle n'a plus qu'à introduire la clef.
     
    Alors voilà, Macron, cet homme intelligent, nous prouve par l'acte qu'en politique, briller seul dans un Palais des Glaces, entouré des seuls courtisans, ne sert à rien. Il faut une vision de l'Etat. Et il faut une vision POUR l'Etat. Car en France, depuis mille ans, rien ne se fait sans l'Etat. Que fait de Gaulle, en 44, pour éviter une guerre civile entre maquis communistes et partisans des Américains ? Partout en France dévastée, il rétablit l'Etat.
     
    Cette dimension, austère et sacrificielle, celle d'un Charles de Gaulle avant tout, Macron ne l'a pas. Alors, tel une divinité carthaginoise, flaubertienne, assoiffée de sacrifices humains, il envoie ses Premiers ministres, l'un après l'autre, dans la dévoration par le feu.
     
    Aujourd'hui, lundi 6 octobre 2025, le Roi est nu. Le Roi cherche la lumière, mais il a sacrifié tous les fusibles. Le Roi est seul. Le Roi doit partir.
     
     
    Pascal Décaillet