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Liberté - Page 13

  • Ma droite à moi

     
    Sur le vif - Vendredi 23.02.24 - 17.02h
     
     
    Je suis un homme de droite, c'est certain, et je l'affiche depuis un demi-siècle. Mais ma droite à moi n'est pas la droite libérale. Et j'enrage à l'idée que les libéraux dans le pire sens, celui des ultras et des golden boys des trente dernières années, aient pu prétendre, et souvent hélas réussir, à capter pour eux la totalité de l'image de la droite dans les esprits. Piratage éhonté, qu'il convient de dénoncer avec la dernière énergie. Il existe, au moins depuis la Révolution, une autre droite que celle des flux financiers.
     
    Ma droite à moi est à la fois nationale et profondément sociale.
     
    Elle est nationale, parce que je tiens, depuis toujours, la nation, au sens où l'entend la Révolution française et nullement dans un sens antérieur, comme l'échelon ultime d'une communauté humaine politiquement organisée. Il y eut les temps féodaux, nous sommes depuis quelque 235 ans dans le temps national. Il y aura un jour un autre temps, mais il est loin d'être advenu. Lisez Fichte, les Reden an die Deutsche Nation, 1807, prononcés dans Berlin occupé par les troupes napoléoniennes, lisez-les en allemand.
     
    Ma droite est nationale, et elle est patriote. J'aime mon pays, donc j'aime la Suisse. Et je trouve parfaitement normal qu'un Français aime la France, un Italien l'Italie, un Allemand l'Allemagne, etc. Je n'accorde aucune espèce de crédit aux prétentions supranationales de mammouths administratifs. En clair, l'Union européenne ne tient pas lieu, à mes yeux, d'espace politique. Elle n'a ni l'adhésion des peuples, ni celle des cœurs, ni le feu des âmes. Elle n'a ni politique étrangère, ni Défense communes. Je milite pour que mon pays n'adhère pas à ce conglomérat, et qu'il demeure intransigeant dans toute négociation.
     
    Mais ma droite est aussi profondément sociale. Je veux l'Etat, non celui des technocrates, mais celui qui sert d'outil à un grand dessein républicain. Je veux un Etat solide, surtout pas tentaculaire, au service du peuple, surtout pas pour l'asservir. Un Etat qui s'occupe des assurances sociales, de la cohésion nationale, de la solidarité à l'interne, du respect des plus faibles, de l'accès de tous aux soins, de la dignité des retraites, de l'école, son fleuron.
     
    Moi, Pascal Décaillet, citoyen suisse, je suis farouchement national et patriote. Et je suis pour la cohésion et la solidarité sociales. Je suis pour ces deux choses-là en même temps, l'une ne va pas sans l'autre, elles sont membres d'un même corps.
     
    Alors voilà, j'affiche la couleur, je n'ai jamais rien fait d'autre de ma vie. Ca vous plaît ou non. Mais moi, je suis ainsi.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Confiance en l'école

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.02.24

     

    Jeudi 15 février, Anne Hiltpold, ministre genevoise de l’Instruction publique, présentait sa feuille de route pour l’avenir de l’école, à Genève, d’ici 2028. En clair, son calendrier de législature. Horaire continu au primaire, meilleure orientation au Cycle, lisibilité dans les filières du secondaire supérieur, début de l’apprentissage plus tôt dans la vie, et pourquoi pas à 15 ans, comme à l’époque, aussitôt après le C.O. Enfin, apaisement du climat scolaire, retour à l’autorité des profs.

     

    Chacun peut contester l’une ou plusieurs de ces mesures. Mais il y a là un programme, une vision, une volonté d’action clairement annoncée. Le reflet, aussi, de la personnalité très pragmatique de la magistrate. Pas de grands mots, pas de mantras, style « inclusif », non des mesures scolaires et sociales pour notre époque, avec l’évolution des modes de vie. Qui, dans la vie active, aujourd’hui, rentre encore chez soi pour manger à midi ? Assurément, une minorité.

     

    Je l’ai dit, je le répète, cette magistrate discrète et rigoureuse, avec un sens pratique très développé, peu encline aux querelles byzantines, doit être soutenue. Non en acceptant toutes ses mesures, tout cela se discute en démocratie. Mais soutenue, sur l’essentiel. Elle doit sentir, sur les questions scolaires, que la population est avec elle. Cela porte un très beau nom : cela s’appelle la confiance.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Chacun de nous est un royaume

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.02.24

     

    La vie privée, ça existe. Il y a des domaines publics, et puis la part que chacun d’entre nous a le droit de revendiquer pour soi. Tracer une ligne. Soit pour se protéger, soit pour protéger les siens, mais plus fondamentalement parce qu’il existe, en chacun de nous, une boîte noire d’intimité. Celui qui veut la rendre publique, pourquoi pas, c’est son affaire, à ses risques et périls. Mais le droit à la garder pour soi doit être total, inaltérable. C’est l’un des fondements de notre civilisation. Il est des êtres pour lesquels l’intrusion de l’Autre, sous toutes les formes que peut revêtir cette altérité, n’est pas nécessairement bienvenue. Il est des humains moins grégaires que d’autres, voire franchement solitaires. Il faut respecter cela.

     

    Il en est même qui traversent la vie, comme des étrangers sur la terre, sans avoir vraiment contact avec le reste des humains. Qui sommes-nous pour les condamner ? Que savons-nous de leurs murs, leurs tréfonds, leurs carapaces de protection ? La société des grégaires n’a pas à imposer ses normes aux timorés du contact. Elle doit les respecter, comme des frères humains, ou sœurs humaines. Chacun sa vie, chacun son histoire, chacun ses mystères, ses secrets, sa part de silence, ou de non-dit. Non, tout n’est pas public, tout ne baigne pas dans la béatitude lumineuse du grand jour. En chacun de nous, le mystère d’une nuit. Chacun de nous a le droit de garder pour soi ce royaume des ombres. Chacun est libre. De parler, ou se taire. Se montrer, ou pas. Entrer en contact avec l’Autre, et puis peut-être pas. Nous devons respecter cela, vous m’entendez ?

     

    Nous devons réhabiliter la notion de vie privée. Réinstaurer des barrières. Ensuite, libre à chacun de les ouvrir – ou non – à ceux de son choix. Nous avons tous, dans nos vies, des moments d’ouverture, et d’autres, plus cloisonnés. Je ne prône ici ni la vie monastique, ni l’ermitage d’un Siméon le Stylite, qui vivait seul au somment de sa colonne, je vous renvoie au magnifique « Simon du Désert », de Luis Buñuel, 1965. Je ne fais l’éloge d’aucune austérité de solitude qui serait imposée par la société des humains, mais je demande le respect de celle qui est librement consentie. Car certaines solitudes sont plénitudes, tout comme, à l’inverse, la mondanité est désespérément vide. Le solitaire n’est peut-être pas si seul, le joyeux grégaire pas si entouré. Nous sommes, nous les humains, des êtres complexes, nous avons nos vies, nos souffrances, nos cicatrices, nos ruptures, nos regrets. Oui, les Regrets, comme ceux du poète Joachim Du Bellay, vous savez, celui qui préférait sont Petit Liré, en Pays de Loire, aux merveilles de Rome, Tibre latin, Mont Palatin.

     

    Tout humain est nostalgie. A chacun, sa part d’intimité. Secrets, emportés dans la tombe. Silences. C’est cela, au sens très puissant, la part privée de l’être. Chacun de nous est un royaume. Un trésor perdu. Dans la nuit.

     

    Pascal Décaillet