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Sur le vif - Page 97

  • La vie qui va

     

    Sur le vif - Mercredi 05.04.23 - 15.02h

     

    La Semaine Sainte, puis la Fête de Pâques, nous saisissent de vertige. Elles nous racontent une histoire simple, un jeu de mort et de vie, de nuit et de lumière. La nécessité d’un Passage. Pour aller où ?

     

    Le mystère de Pâques est celui de la vie elle-même, nul besoin de miracles, et surtout pas de surnaturel. Lire les textes. Ou mieux : les écouter, dans l’incomparable traduction de la Bible en allemand, par Martin Luther, acte fondateur de la langue allemande moderne (1522).

     

    Et comment les écouter, mieux qu’en musique ? Les Passions de Bach, Saint Jean (1724), Saint Matthieu (1727). Le texte, et lui seul. Sublimé par ce qu’il y a de plus beau dans la vie : la voix humaine. Bientôt trois siècles que ces versions saisissantes du récit évangélique nous accompagnent. Elles ne vieillissent pas.

     

    Vous le savez pourtant, ces œuvres immortelles ont dormi dans la seconde partie du dix-huitième, et même début dix-neuvième, jusqu’à leur redécouverte par un autre génie de la musique : Felix Mendelssohn. C’est une histoire extraordinaire : les partitions sombrent dans l’oubli, traversent un temps de mort. Et puis, un jour, la vie reprend. Comme dans l’histoire qu’elles racontent. On appelle cela une mise en abyme.

     

    Dans tout cela, pas de miracle, ni de surnaturel. Rien de ce kitch qui tue les grands récits. Non, juste une très vieille histoire, qui avait été celle de Déméter. Ou celle de la mer Rouge. La vie qui l’emporte. La vie qui va, tout simplement.

     

    Pascal Décaillet

  • La droite genevoise : "Voglio una donna !"

     
    Sur le vif - Mardi 04.04.23 - 13.56h
     
     
    La droite genevoise me fait penser à cette famille italienne qui s'en va, un beau dimanche ensoleillé, prendre dans sa carriole un oncle un peu spécial, dans sa maison de repos. C'est dans Amarcord, de Fellini, l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma. J'ai bien dû le voir vingt fois.
     
    Elle le sort, l'oncle au regard un peu perdu, pour un pique-nique champêtre, quelque part au milieu de rien, dans l'éblouissante beauté du Pays Romagnol. Il n'est pas 100%, mais il est de la famille, on l'aime bien.
     
    Tout juste un peu imprévisible, l'oncle. Là, il avise un arbre, se hisse sur la plus haute branche, et se met à hurler à la ronde, dans l'immensité de la plaine : "Voglio una donna !". Il y demeure longtemps perché, jusqu'à l'intervention d'une soeur naine, une religieuse, qui lui intime l'ordre de descendre.
     
    Toute famille a son vieil oncle. Tout conte, ses fantômes. Toute alliance, ses branches cassées. Toute géométrie, ses fêlures. Ainsi, la vie. Fragile, et pourtant souriante.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La droite, vous m'entendez ? La droite !

     
    Sur le vif - Lundi 03.04.23 - 15.51h
     
     
    Une victoire écrasante de la droite, au Grand Conseil. Nette. Propre. Le PLR. L'UDC. Le MCG. Un reflux mérité de la droite libérale, il fallait quand même un jour l'addition de trente ans de néo-libéralisme, casseur de cohésions sociales. Un progrès tout aussi légitime des droites nationales, patriotes, protectionnistes, populaires. Partout en Europe, elles avancent. Genève et la Suisse ne font pas exception.
     
    Ce qui se passera le 30 avril au Conseil d'Etat ne passionne que les quelques aficionados (dont je fais, par métier, partie) du jeu politicien. Mais n'a, au fond, guère d'importance. Le lieu du pouvoir, à Genève, c'est le Parlement. C'est lui qui fait les lois, contrôle l'exécutif, détermine le Budget. Et ce Parlement, pour cinq ans, que cela plaise ou non, il est à droite, très à droite.
     
    Le temps du retour au bon sens est arrivé. Protéger la planète, oui, Apocalypse climatique non. Adapter nos infrastructures, oui, folie dépensière de la "transition énergétique", non. Aimer et respecter notre environnement, oui, liturgie religieuse des Verts, non. Un Etat fort, oui, tentaculaire non. Une fonction publique efficace, oui, pléthorique non. L'immense niaiserie du langage inclusif, non, non et non. C'est aussi simple que cela. Le peuple, hier, a donné le signal d'une réaction. Il était temps.
     
    Quant aux petits malins qui jouent les éternels modernes sur la chansonnette du "Ni droite, ni gauche, valeurs ringardes", on se réjouit de découvrir leurs positions sur tous les grands sujets où ce binôme, né de la Révolution française, est au contraire plus pertinent que jamais : Budget, finances, fiscalité des classes moyennes, pouvoir d'achat, éducation, santé, primes maladie, retraites. Puissent ces nouveaux venus servir la République, plutôt que l'écurie d'un champion.
     
    En attendant, deux partis sortis vainqueurs des urnes, hier, réclament le contrôle des flux migratoires, l'un au plan national, l'autre au niveau cantonal. Ils exigent, depuis tant d'années, la préférence aux nôtres, plutôt que la pâmoison de la gauche caviar devant l'altérité. Il va s'agir, cette fois, de les écouter.
     
    Que les médias, les commentateurs, tous ceux qui n'en peuvent plus de trottiner derrière la mode, continuent, si ça les chante, à nous fredonner la petite chanson de la gauche sociétale. Pour cinq ans, le ton du réel sera tout autre. Conservateur, patriote, inventif, populaire, joyeux. Bref, tout, sauf les marques de fabrique de la gauche. Excellente législature à tous !
     
     
    Pascal Décaillet