Sur le vif - Mardi 15.08.23 - 10.12h
Je hais le people. Ce que les gens sont, en bien ou en mal, ne m'intéresse pas, nous avons tous des défauts et des qualités, aucune importance.
Je hais le people en politique. Un exemple : la manière dont une certaine presse parle d'Alain Berset. Toujours le mettre en avant lui, jusqu'à sa vie privée. Le photographier. Lui demander son avis sur tout.
Sur tout ? Sauf sur l'essentiel ! Et l'essentiel c'est quoi ? C'est son mandat politique, depuis plus d'une décennie, comme ministre de la Santé.
En plus de dix ans, qu'a-t-il FAIT ? Lui, le remuant Conseiller aux États, le plus jeune de tous, brillant, qu'a-t-il entrepris concrètement, une fois au pouvoir, pour soulager nos compatriotes du fardeau des primes ? Contre les Caisses, quelle victoire a-t-il remportée ? Ce sont les vraies, les seules questions qui vaillent.
On ne doit pas faire du people avec les politiques. Peu importe ce qu'ils sont, gentils, méchants, bons pères de famille, sportifs ou non, brillants pianistes, ces choses-là ne doivent pas entrer en considération. Pour ma part, il m'est parfaitement égal qu'un élu soit une charmante personne ou une abominable teigne, ce qui compte, c'est ce qu'il FAIT. Je suis un existentialiste politique.
Les gens que j'admire. Charles de Gaulle, parce qu'il a restauré la République et l'Etat dans une France en lambeaux, en 44-45, entre Soviets locaux du PCF et volonté de tutelle des Américains. Pierre Mendès France, parce qu'il a dit, le 18 juin 1954, dans son discours d'investiture : "Je me donne un mois pour trouver une solution politique en Indochine". Un mois après, jour pour jour, il y est parvenu. Willy Brandt, parce qu'il a lancé l'Ostpolitik, et qu'il s'est agenouillé devant le Mémorial du Ghetto de Varsovie, en décembre 1970. L'immense Conseiller fédéral Hans-Peter Tschudi (PS, BS), parce qu'il a, en quatorze ans (59-73), engagé et mené à terme trois réformes complètes de l'AVS, au service du peuple suisse. Des actes, des actes, toujours des ACTES.
J'invite chacun de nous à se contrefoutre de ce que SONT les politiques. Et à s'intéresser (c'est évidemment un peu plus complexe, et ça exige un peu plus de lectures) à ce qu'ils FONT. En cela, oui, je nous invite tous à un existentialisme politique.
Pascal Décaillet