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Sur le vif - Page 643

  • La Vérité du dimanche a parlé

     

    Sur le vif - Dimanche 07.01.18 - 11.50h

     

    L'éditorialiste de la Bible hebdomadaire nommée Matin dimanche nous gratifie d'une vive condamnation des "fake news", qui infestent les réseaux sociaux.

     

    Il est vrai que dans son journal, vérité unique et révélée du Septième Jour, tout est, tout a toujours été, parfaitement exact.

     

    Jamais manipulés par un conseiller d'Etat genevois expert en communication. Jamais versé dans l'hystérie au sujet de thèmes de société à la mode, tiens le harcèlement, par exemple. Jamais de foi aveugle dans des "témoignages anonymes". Jamais collaboré à l'entreprise de démolition d'un magistrat valaisan, UDC, ou PDC bien conservateur.

     

    Des fausses nouvelles sur les réseaux ? Assurément. Comment dire le contraire ? Mais surtout, des fausses nouvelles partout. Et toujours. Dans la communication politique. Dans tout acte de pouvoir. Dans les conférences de presse, qui ne sont que mise en scène de la vérité imposée par les puissants. Dans l'usage de "témoignages anonymes" pour détruire la carrière et la réputation d'un homme. Dans la foi aveugle accordée, au printemps 2003, par une majorité de la presse romande, à la théorie des "armes de destruction massive", pour justifier l'invasion de l'Irak. Dans la reprise fidèle de l'actuelle doxa américaine, sur l'Iran. Dans la manière dont ont été couverts les évènements des Balkans, dans les années 1990.

     

    Faut-il ici rappeler les gentils reportages de gentils envoyés spéciaux auprès des gentils combattants de l'UÇK, la si gentille Armée de libération du Kosovo, en 1999 ?

     

    Que les réseaux soient encore bien peu crédibles à cause de la possibilité de ces abus, c'est une certitude. C'est leur maladie infantile, comme le bavardage privé, dénué de tout intérêt, était celui des premiers postes à galène, ancêtres de la radio, juste au lendemain de la Grande Guerre. Oui, les réseaux doivent s'auto-réguler (mais pas avec des lois imposées par le pouvoir politique !), s'ils veulent devenir - ce que je crois possible - le mode de communication fédérateur et informateur de demain.

     

    Mais les médias d'aujourd'hui ? Nos bons vieux journaux ? Tiens, la presse dominicale, par exemple ? En quoi leur nature de papier les préserverait-elle d'une immense fragilité face au risque de fausse nouvelle ? Ou, tout au moins, de nouvelle sous influence, de manipulation par les puissants, de collaboration à des vagues d'hystérie de l'opinion publique, à des chasses aux sorcières ?

     

    Dans cet édito du Matin dimanche, perle une volonté désespérée de sauver la peau du papier, celle des bonnes vieilles rédactions hiérarchisées, avec leurs armées d'archanges et leurs légions de séraphins, en discréditant par nature les modes de communication et d'information qui montent. Et qui leur font de l'ombre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Expert et orfèvre

     

    Sur le vif - Vendredi 05.01.18 - 09.00h

     

    Le pouvoir - tous les pouvoirs du monde - passe son temps à jouer avec la véracité du réel.

     

    Le principe même d'une campagne électorale, où s'entrechoquent les promesses les plus folles et les attaques les plus immondes, est tissé d'intox et de torréfaction de la vérité.

     

    Une fois au pouvoir, le détenteur manipule l'information comme il l'entend, organise la vérité officielle en l'arrangeant, promène les journalistes dans des conférences de presse, fait circuler les fausses nouvelles par ses commis de basses œuvres.

     

    C'est cela, le rapport du pouvoir avec la vérité. Tous les pouvoirs du monde, toujours et partout. C'est ainsi que ça fonctionne. C'est une donnée.

     

    Le détenteur du pouvoir, a fortiori le président de la République française, qui cumule le plus de pouvoirs dans un pays européen, est donc bien le dernier à pouvoir s'exprimer sur le principe des fausses nouvelles. Sur le principe de la vérité manipulée, contorsionnée, arrangée, retouchée.

     

    Et le plus fou, c'est qu'il se trouve des journalistes, comme l'éditorialiste du Temps ce matin, pour considérer benoîtement qu'il va dans la bonne direction.

     

    Il faut assurément lutter contre les fausses nouvelles, et déjà commencer par les nommer en français. Mais ce combat ne relève en aucune manière du pouvoir exécutif. Qui en est, par essence, expert et orfèvre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Des diamants moins éternels

     

    Sur le vif - Jeudi 04.01.18 - 16.02h

     

    Chaque fois qu'Emmanuel Macron s'exprime sur le métier de journaliste, dont il ne connaît rien, il sort une énormité.

     

    La vérité, c'est que cet autocrate aux parfums orléanistes cultive fort peu le sens de la contradiction. Et ne souffre pas que son image, dûment mise au point, soit écornée par la moindre lecture critique. On a connu cela à Genève, au plus haut niveau.

     

    Ce qu'il appelle "fake news", ce sont en fait les nouvelles qui le dérangent. Ou qui nuisent à la vision qu'il voudrait imposer, comme tout pouvoir tente de le faire.

     

    Le prince charmant du printemps 2017 commence à laisser la place à la réalité des choses, parfaitement prévisible dès le début : un narcissisme solaire, autoritaire et galactique, en auto-pâmoison dans la galerie des glaces.

     

    Imbu de perfection dans l'image qu'il veut donner.

     

    Giscard. Avec des diamants moins éternels.

     

    Pascal Décaillet