Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 640

  • Frères de la Côte

     

    Sur le vif - Vendredi 23.02.18 - 11.57h

     

    Il existe manifestement, autour de l'aéroport de Genève, une clique d'intérêts qui amène pas mal de monde à se tenir par la barbichette. Pas besoin de vous faire un dessin : on les reconnaît au parfum.

     

    Affaire de gros sous, en priorité. Mais pas seulement. Fraternité occulte dans l'ordre de la mégalomanie. Idéologie du Grand Genève, capitale du monde, qui aurait besoin d'une plateforme aéroportuaire en forme de blason de ses voracités planétaires.

     

    Dans cette chapelle, ils ne sont pas beaucoup. Mais puissants. Organisés. Disposant des leviers.

     

    Dénoncer la démesure de l'expansion de l'aéroport, souligner les nuisances pour la population, c'est immédiatement s'attirer les foudres de ces Frères de la Côte.

     

    C'est pourtant faire œuvre citoyenne. Je félicite ceux qui osent s'engager dans cette entreprise. Ils servent le bien commun. Le développement durable et maîtrisé. Je leur apporte ici mon soutien.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Quorum : 7% c'est trop !

     

    Sur le vif - Vendredi 16.02.18 - 16.29h

     

    Pour moi, c'est très clair : il faut abaisser le quorum (actuellement 7%) à Genève. Cette barre, placée beaucoup trop haut, privilégie pour l'éternité les bons vieux partis, bien installés, avec leurs ancrages historiques dans les communes et les familles, leur clientélisme, leur implantation dans tous les réseaux de la République, leurs innombrables petits copains à la tête des régies du Grand État (HUG, SIG, TPG, etc.), leur immersion dans la multitude des Fondations, etc. Sans compter, bien sûr, leurs moyens financiers.

     

    Il existe, à Genève, toutes tendances confondues, de gauche, de droite et d'ailleurs, de nouveaux partis, de nouvelles listes, riches d'énergie et de personnes, que ce quorum en forme de prime (bien imméritée) aux sortants empêchera d'accéder au Parlement cantonal. Il faudra bien, sans trop tarder, et même si la question s'est posée récemment à la Constituante, modifier les règles.

     

    Parce que le statu quo, c'est l'éternité au pouvoir pour ceux qui, depuis la guerre, ont pignon sur rue. Ils ont certes, parmi eux, de brillants éléments. Mais il en existe aussi sur les listes nouvelles. Il faudrait mélanger tous ces talents. Pour cela, il faut donner organiquement une chance aux outsiders d'entrer au Grand Conseil. La seule solution, c'est l'abaissement du quorum.

     

    Je plaide pour un quorum entre 3% et 5%.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Être conservateur

     

    Sur le vif - Jeudi 18.01.18 - 15.03h

     

    Être conservateur, pour moi, ça n'est pas revenir au passé. Je l'ai déjà écrit ici : j'étais enfant dans les années soixante, elles me laissent certes une profonde nostalgie, mais je ne prétends pas pour autant qu'elles aient été meilleures qu'aujourd'hui.

     

    Sur ce qui me passionne, en tout cas, l'acquisition des connaissances, les passerelles entre les différents domaines, il n'y a pas photo : enfant, puis ado, je passais mes jeudis et samedis à la Bibliothèque municipale, je dévorais les journaux et les encyclopédies. Aujourd'hui, tout cela, chacun d'entre nous l'accomplit face à son écran : internet est une invention absolument géniale pour tout esprit un peu curieux ! A cet égard, par exemple, pas question de refuser le progrès.

     

    Non. Être conservateur, pour moi, ça n'est pas une marche arrière vers le passé. Mais, assurément, c'est le connaître. Dans toute sa complexité. En écoutant toutes les voix de nos ancêtres, celles des vaincus comme celles des vainqueurs, celles des maudits comme celles des sanctifiés. Rien de moins idéologique que la démarche historique : comprendre les événements d'Algérie (1954-1962), par exemple, en se passionnant tout autant pour la vision des générations de colons, entre 1830 et 1962, que pour celle des différentes factions de la Résistance algérienne, depuis l'Emir Abdel Kader jusqu'aux Accords d'Evian, en passant par les grandes figures de Messali Hadj et de Ferhat Abbas.

     

    Être conservateur, c'est prendre acte du passé. Le monde n'a pas commencé avec nous. Il existe de puissants antécédents à notre irruption, il y a des chaînes de causes et de conséquences : tout cela, il faut l'étudier, en profondeur.

     

    Lorsque les guerres des Balkans ont éclaté, en 1990, il y avait ceux, très rares, qui avaient étudié de près l'Histoire complexe et passionnante de cette région. Et puis, en face, la masse de ceux qui n' y connaissaient rien, et n'ont jugé ces guerres que sur les présupposés moraux que nous balançaient les intellectuels parisiens à chemise blanche, immaculée. Celui qui connaît l'Histoire se méfiera des jugements moraux. Il usera d'autres clefs de lecture.

     

    Être conservateur, ça n'est pas refuser le présent : ce serait folie. Mais vouloir le vivre en respectant certaines valeurs qui vous semblent essentielles. L'humain, au centre de tout. Son épanouissement. La définition, par les communautés humaines, de projets collectifs, la seule réussite individuelle n'étant qu'un leurre. Le refus de l'économie spéculative, de casino. La présence de frontières, non pour isoler ni pour couper, mais pour définir les lieux d'appartenance. Le respect de l'environnement et des paysages. L'accès à la culture, pour tous. La lecture, à voix haute, dès les petites classes de l'école, des grands textes, avec la ponctuation bien marquée par la respiration. Avec le rythme, les silences, la mise en valeur de chaque syllabe, au bon endroit. Des lieux pour la musique, qui est au fond ma passion première : n'appelle-t-on pas cela un "Conservatoire" ?

     

    Le Conservatoire, tiens musical par exemple, que doit-il nous transmettre ? Les compositeurs du passé, certes. Mais aussi, ceux d'aujourd'hui ! Toute musique est contemporaine. Et là, dans cet exemple, il s'agit tout autant de faire connaître, en les "conservant", les créations les plus audacieuses, les plus récentes, avec ce qu'elles impliquent de transgression pour nos oreilles, que les chefs d’œuvre de Brahms ou de Haendel.

     

    Être conservateur, ça n'est pas aimer la poussière. C'est prendre la peine, délicatement, de souffler sur elle pour partager l'éclat de vie que les modernistes voudraient donner pour mort. Être conservateur, c'est cheminer vers l'idée, totalement révolutionnaire en soi, transgressive, insensée, de résurrection.

     

    Pascal Décaillet