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Sur le vif - Page 636

  • Des diamants moins éternels

     

    Sur le vif - Jeudi 04.01.18 - 16.02h

     

    Chaque fois qu'Emmanuel Macron s'exprime sur le métier de journaliste, dont il ne connaît rien, il sort une énormité.

     

    La vérité, c'est que cet autocrate aux parfums orléanistes cultive fort peu le sens de la contradiction. Et ne souffre pas que son image, dûment mise au point, soit écornée par la moindre lecture critique. On a connu cela à Genève, au plus haut niveau.

     

    Ce qu'il appelle "fake news", ce sont en fait les nouvelles qui le dérangent. Ou qui nuisent à la vision qu'il voudrait imposer, comme tout pouvoir tente de le faire.

     

    Le prince charmant du printemps 2017 commence à laisser la place à la réalité des choses, parfaitement prévisible dès le début : un narcissisme solaire, autoritaire et galactique, en auto-pâmoison dans la galerie des glaces.

     

    Imbu de perfection dans l'image qu'il veut donner.

     

    Giscard. Avec des diamants moins éternels.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • 2018 : le journalisme vivra !

     

    Sur le vif - Lundi 01.01.18 - 23.43h

     

    Il y a juste 24 ans, janvier 1994, après des mois de chantier et de maquettes, nous lancions les nouvelles Matinales, sur la RSR. J'en étais, avec William Heinzer et Georges Pop, l'un des trois producteurs. Je revenais de Berne pour me lancer dans cette aventure. C'était un immense travail de rénovation radiophonique, de toute la rédaction. Un changement de génération. L'information prenait le pouvoir sur le continuum. Ce principe d'action, un quart de siècle après, est toujours en vigueur. Le virage était bien historique.

     

    Il y a juste 17 ans, janvier 2001, nous lancions Forum, dont j'étais le producteur. Là aussi, parce qu'il fallait absolument réinventer la tranche du soir, nous avions travaillé sur des maquettes pendant des semaines, avant le grand jour. J'ai tenu cette production pendant des années. Nous avons remporté de grandes victoires, des Prix radiophoniques, nous avons vécu ensemble de grandes heures. Dans cette aventure folle, j'ai laissé une partie de ma santé. Je ne regrette rien.

     

    Il y aura bientôt 12 ans, septembre 2006, je lançais Genève à chaud, sur Léman Bleu. Je suis très heureux et très fier de contribuer, au côté d'autres, au développement de cette chaîne pleine de promesses et de talents. Une chaîne où soufflent l'enthousiasme et la créativité. Le lieu le plus stimulant pour le journalisme audiovisuel à Genève.

     

    Trois chantiers. Trois émissions, qui existent encore aujourd'hui. Soit avec d'autres, dont je salue l'engagement. Soit, pour GAC, toujours avec moi.

     

    Je suis fier d'avoir créé, ou contribué à créer, des émissions qui existent encore, de longues années après leur lancement. C'est le plus dur : tenir, jour après jour, sur la durée. Tant d'émissions se cassent la figure après deux, trois, quatre ans.

     

    Je fais de la TV comme on fait de la radio. Avec le rythme, le souffle, l'énergie. Je ne sais pas faire autrement. Je ne suis qu'un homme viscéralement radiophonique, égaré au milieu des projecteurs.

     

    Nous autres, journalistes, allons au-devant d'une année très difficile, tout le monde le sait, le dit. Dans tous les cas, quoi que décide le corps électoral le 4 mars, nous devrons nous adapter, anticiper, inventer de nouvelles formes, nous battre comme des lions. Rien n'est acquis. Mais rien n'est perdu, j'en ai l'intime conviction. Pour ma part, je réfléchis déjà à des scénarios d'avenir pour le métier, des plans B, des plans C, et d'autres encore. Nous n'allons tout de même pas attendre le dimanche 4 mars, 17h, pour y songer !

     

    Tout entrepreneur doit avoir un plan B, et d'autres plans, sur plusieurs lettres de l'alphabet. Sinon, il n'est pas vraiment entrepreneur, mais juste administrateur de rentes acquises.

     

    À toutes mes consœurs, tous mes confrères, dont l'inquiétude est légitime, j'adresse mon salut, et affirme ma foi intacte dans l'avenir de notre métier. Quitte à complètement le renouveler, si les circonstances l'exigent. Ne nous cramponnons pas aux acquis, inventons du neuf.

     

    De mon côté, j'attaque 2018 comme une année de combat intense, sans doute d'une extrême difficulté. Là où je suis, je ne resterai pas inerte. Quelles que soient les circonstances, j'agirai en entrepreneur, ce que je suis depuis douze ans. Je n'attendrai pas passivement les caprices du destin. Je n'agirai pas seulement pour moi, mais en faisant tout mon possible, à mon modeste niveau, pour aider les autres. Pour parler franc, je suis déjà à fond, dans ma tête, dans l'après-4-mars.

     

    Le métier n'est pas mort. Sa survie dépend de la capacité de chacun d'entre nous à se réinventer. C'est très angoissant, passablement vertigineux même. Mais c'est passionnant. Galvanisant.

     

    Je n'ai plus l'énergie phénoménale de mes années au Palais fédéral. Ni celle de 1994. Encore moins celle de Forum. J'ai besoin de deux fois plus de sommeil qu'il y a dix ans. Mais je prends ici l'engagement de me battre pour la survie du métier, quel que soit le vote du souverain, le 4 mars. Soyons ACTEURS de notre destin.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Comète et filiation

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    Sur le vif - Samedi 30.12.17 - 12.04h

     

    Enfant, puis adolescent, j'aimais passionnément les symphonies. A commencer par les neuf de Beethoven, que j'écoutais en boucle. Initié très tôt à Wagner (en Allemagne), j'étais fasciné par l'influence de Beethoven sur les premiers opéras du musicien qui allait jouer, dans ma vie, un rôle si important.

     

    Plus tard, j'ai découvert le lien - le même, si bouleversant - entre Wagner et Richard Strauss. De Buxtehude à Bach, de Mozart au jeune Beethoven, la magie de la transmission. Sur ce thème, qui me travaille, j'aimerais écrire. Tiens, je rêverais de me lancer un jour dans une Histoire des filiations au sein de la musique allemande. À destination du grand public.

     

    Et ce même Beethoven, qui reprend le thème du Judas Maccabée, de Haendel, qu'il désigne (sur son lit de mort) comme "le plus grand des musiciens". Toujours le lien, toujours le legs, la re-connaissance. Vous vous rendez compte : au moment de rendre son dernier souffle, l'homme qui a révolutionné la musique, lui, "la force la plus héroïque de l'art moderne" (Romain Rolland, Vie de Beethoven, 1903), rend hommage... à l'un de ses prédécesseurs ! Comme à un père. Mystère de la filiation. Il ne fait pas table rase du passé : il le sublime, pour le fondre dans l'avenir. Au cœur d'une galaxie de feu.

     

    En vieillissant, j'ai laissé venir à moi le miracle de la musique de chambre. Celle où chaque note, séparément, se perçoit et s'identifie. Aujourd'hui, je ne peux plus m'en passer.

     

    Oh, j'écoute toujours des œuvres pour grands ensembles. Y compris les plus contemporaines. Avec une prédilection pour la toute dernière de Béla Bartók, le Concerto pour orchestre, composée à New York (1943) dans le désespoir et la misère, où la présence de chaque instrument, par elle-même, illumine l'ensemble. Ultime chef d'œuvre d'un géant.

     

    Mais l'attrait des petits ensembles me fascine. Pour le lied, un piano et une voix. Ici un violon, un alto, un violoncelle. Et chaque fois, comme le passage d'une comète, la promesse d'un nouveau monde.

     

    Un jour, quelque part, avec une poignée de passionnés, pour mettre en valeur les jeunes, et placer la musique dans l'ombilic du monde, au coeur du lien de vie, je reconstituerai le Petit Conservatoire.

     

    Pascal Décaillet