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Sur le vif - Page 632

  • Et ça surgit au moins du ventre !

     

    Sur le vif - Samedi 24.02.18 - 17.08h

     

    La radio est un métier. Il faut y faire ses gammes de longues années, pour apprendre tous les registres de la voix. Le rythme. Les césures. Les silences. Les ruptures de ton. Les éclats. La sourdine. La plénitude. Le murmure.

     

    Apprendre tout cela, comme il en va d'un solfège, les premières années de l'apprentissage musical. Travailler avec le ventre, le diaphragme, le souffle, les tripes parfois.

     

    Faire des centaines d'émissions. Des milliers, plutôt. Des flashes, des journaux, des revues de presse, des directs sur le terrain, des manifs de paysans sur la Place fédérale, de longues soirées électorales, des élections du Conseil fédéral, en décembre à Berne. Des directs à l'étranger, aux quatre coins du monde, au milieu des foules, sur la chaleur d'un événement.

     

    Faire des centaines d'émissions en direct dehors, oui. Et pas en studio. Greffés sur l'événement. Comme le reporter sportif, sur son match.

     

    Apprendre à improviser, tout en gardant la rigueur, l'exactitude, la densité de l'information. Mais sans texte pré-écrit. Juste un ou deux mots-clefs. Ou rien. Tout cela, dans un timing donné, à la seconde.

     

    Si l'on tient à avoir un texte, alors apprendre à lui donner volume, intensité, souffle et vie. Chaque syllabe, chaque virgule, est un empire, un univers. S'exercer sur les Fables de La Fontaine. Le Héron, par exemple, avec ses "h" aspirés, sa versification virevoltante, suffocante de surprises.

     

    Aujourd'hui, sur les ondes radiophoniques publiques, dans certaines chroniques, on balance le premier venu à l'antenne. On croit lui rendre service, en lui épargnant le parcours initiatique de l'apprentissage de l'oralité, comme si l'on pouvait accélérer la fermentation naturelle d'un vin. Hélas, on le tue.

     

    Envoyer sur le front des jouvenceaux non-préparés, c'est les flinguer. Il ne s'agit pas d'en vouloir à ces victimes expiatoires, mais bien à l'irresponsabilité de ceux qui leur offrent cet aller-simple vers le casse-pipe.

     

    Le jouvenceau, vous l'aurez compris, peut être sexagénaire. Il est, simplement, celui qui ne s'est jamais rompu à l'ascèse radiophonique. Ou qui s'imagine pouvoir échapper à cette dernière. Ainsi, dans les ineffables cénacles de bavards qu'on appelle aujourd'hui "chroniqueurs" (ce qui est un dévoiement du sens de ce mot), la glaçante solitude de celui qui, interrompant la palabre générale, a une minute pour nous lire, les autres soudain tus, son papier d'humeur. C'est ce moment-là le verdict, celui qui fait la différence. Tel roitelet de la presse écrite, qui règne par le syllogisme, soudain se perd et s'évapore, se meurt et balbutie.

     

    Parce que pérorer en rond, tout le monde peut. Mais habiter cette minute-là, seul, c'est un peu plus difficile.

     

    Mais d'où peut donc venir cette illusion que le premier venu puisse, comme ça, se saisir d'un micro et tenir une émission, ou une chronique, sans la lente, la patiente maturation d'un chemin personnel vers l'oralité ? Les cadres, mexicains dans le fatras de leurs armadas, qui affichent cette insoutenable légèreté en matière de formation, doivent être appelés à en répondre. Quand une bataille est perdue, on limoge le général, pas la soldatesque.

     

    Parce qu'une émission (ou, plus difficile, une irruption, c'est cela la vraie chronique) ne se fait pas en se contentant de remuer les lèvres. Mais par un don de soi, généreux et puissant, qui passe par toutes les fibres du corps, tout ce qui génère et produit la voix, et ça surgit au moins du ventre. Une émission, ce sont des fragments d'âme, jetés là.

    Ou alors, autant faire autre chose. Tiens, surintendant d'une usine à gaz, par exemple.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Frères de la Côte

     

    Sur le vif - Vendredi 23.02.18 - 11.57h

     

    Il existe manifestement, autour de l'aéroport de Genève, une clique d'intérêts qui amène pas mal de monde à se tenir par la barbichette. Pas besoin de vous faire un dessin : on les reconnaît au parfum.

     

    Affaire de gros sous, en priorité. Mais pas seulement. Fraternité occulte dans l'ordre de la mégalomanie. Idéologie du Grand Genève, capitale du monde, qui aurait besoin d'une plateforme aéroportuaire en forme de blason de ses voracités planétaires.

     

    Dans cette chapelle, ils ne sont pas beaucoup. Mais puissants. Organisés. Disposant des leviers.

     

    Dénoncer la démesure de l'expansion de l'aéroport, souligner les nuisances pour la population, c'est immédiatement s'attirer les foudres de ces Frères de la Côte.

     

    C'est pourtant faire œuvre citoyenne. Je félicite ceux qui osent s'engager dans cette entreprise. Ils servent le bien commun. Le développement durable et maîtrisé. Je leur apporte ici mon soutien.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Quorum : 7% c'est trop !

     

    Sur le vif - Vendredi 16.02.18 - 16.29h

     

    Pour moi, c'est très clair : il faut abaisser le quorum (actuellement 7%) à Genève. Cette barre, placée beaucoup trop haut, privilégie pour l'éternité les bons vieux partis, bien installés, avec leurs ancrages historiques dans les communes et les familles, leur clientélisme, leur implantation dans tous les réseaux de la République, leurs innombrables petits copains à la tête des régies du Grand État (HUG, SIG, TPG, etc.), leur immersion dans la multitude des Fondations, etc. Sans compter, bien sûr, leurs moyens financiers.

     

    Il existe, à Genève, toutes tendances confondues, de gauche, de droite et d'ailleurs, de nouveaux partis, de nouvelles listes, riches d'énergie et de personnes, que ce quorum en forme de prime (bien imméritée) aux sortants empêchera d'accéder au Parlement cantonal. Il faudra bien, sans trop tarder, et même si la question s'est posée récemment à la Constituante, modifier les règles.

     

    Parce que le statu quo, c'est l'éternité au pouvoir pour ceux qui, depuis la guerre, ont pignon sur rue. Ils ont certes, parmi eux, de brillants éléments. Mais il en existe aussi sur les listes nouvelles. Il faudrait mélanger tous ces talents. Pour cela, il faut donner organiquement une chance aux outsiders d'entrer au Grand Conseil. La seule solution, c'est l'abaissement du quorum.

     

    Je plaide pour un quorum entre 3% et 5%.

     

    Pascal Décaillet