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Sur le vif - Page 634

  • L'intérêt supérieur du public

     

    Sur le vif - Dimanche 14.01.18 - 10.05h

     

    Pendant mes premières années au Journal de Genève, puis mes 17 ans à la RSR, puis mes 12 ans comme entrepreneur indépendant, je n'ai jamais varié d'un iota dans ma manière de faire du journalisme. Selon que je travaille pour un média public ou privé.

     

    Dans les deux cas de figure, j'ai toujours exercé mon métier en m'adressant à des citoyennes et des citoyens, sur des sujets jugés par moi comme relevant de l'intérêt collectif. La politique. Mais aussi la culture. A des citoyens, et jamais à des "clients" !

     

    À GAC, ces derniers mois, nous avons fait des émissions spéciales sur le soufisme en Égypte suite aux attentats du Sinaï, sur Boko Haram et les horreurs commises dans le Sahel, sur l'islamisme meurtrier dans la corne de l'Afrique (suite aux attentats de Mogadiscio), sur les multiples visages du Liban, sur l'Iran, sur la politique américaine au Moyen Orient, sur l'indépendantisme catalan. Sur la crise de l'industrie lourde à Genève. Nous avons présenté des artistes, des musiciens, des chefs d'orchestre, des metteurs en scène, de passage à Genève. Tout cela, en plus de la couverture intensive de l'actualité politique genevoise, et fédérale aussi.

     

    Où est la berlusconisation ?

     

    Mes confrères et consœurs de Léman Bleu, œuvrant pour d'autres émissions de la chaîne, travaillent tous, avec passion, dans le même état d'esprit : au service du public, de l'information, de la proximité. Je pense pouvoir dire la même chose des gens de La Télé, de Canal 9, etc.

     

    En quoi, parce que c'est privé, est-ce de moindre exigence, dans l'ordre de l'intérêt supérieur du public et de l'ouverture à l'autre, que si c'était public ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Eloge des réseaux sociaux

     

    Sur le vif - Vendredi 12.01.18 - 12.55h

     

    Les réseaux sociaux, j'y crois dur comme fer. Ils peuvent devenir le vecteur d'informations et de partage citoyen de demain. La possibilité, pour chacun, de contribuer à une forme d'intelligence collective, constitue une avancée majeure. Je plaide ici contre la cléricature longuement détenue par ma profession, c'est ainsi, c'est le sens de l'Histoire.

     

    Seulement voilà. Pour que les réseaux accèdent au stade de médias, il faudrait qu'ils s'activent à sortir de leur maladie infantile : mélange total entre vie privée et publique, fausses nouvelles (ne le nions pas, tout de même), primat de l'éruptif sur le réflexif, etc.

     

    Maladie infantile : je fais souvent la comparaison avec les premiers postes à galène, apparus au début du vingtième siècle, ancêtres de la radio.

     

    Quelques originaux avaient chez eux un émetteur TSF. Ils s'en servaient pour des conversations privées, entre eux, sans le moindre intérêt collectif. Et puis, un jour, avec exactement la même technique, on a commencé à inventer la radio, au tout début des années 1920. Et puis, un autre jour encore, ces radios ont commencé à faire de l'information.

     

    Comme les structures coûtaient très cher, et que l'enjeu était une aubaine pour toutes sortes de propagandes (et pas seulement dans les régimes totalitaires), ce sont les Etats qui ont géré les radios, puis (dès le début des années 50) les TV. Cela s'est appelé l'ORTF. Cela s'est appelé la BBC. Cela s'est appelé la RAI. Cela s'est appelé la SSR. Elle était loin, très loin, l'époque individualiste des conversations farfelues, sur les postes à galène.

     

    Les réseaux sociaux, comme les premiers postes à galène, doivent évoluer vers les notions d'intérêt collectif et de service public. Ils doivent à tout prix conserver le génie de liberté d'expression et d'universalité des auteurs qui constitue, aujourd'hui, leur puissance d'attraction. Oui, un média pour tous, et non pour les seuls clercs. Mais cheminant, au fil des ans, de la carte postale purement privée, vers une aventure plus collective, plus orientée sur la recherche de l'intérêt commun. Cela, tout en laissant la parole à tous.

     

    Les médias traditionnels peuvent se contorsionner tant qu'ils le veulent, se draper dans leur rôle de gardiens du Temple, ils ne freineront pas l'émergence des réseaux. Pas plus que les journaux, il y a un siècle, n'ont empêché l'avènement de la radio. Ni la radio, celui de la TV. Ni tout cela, l'arrivée d'Internet en 1995.

     

    Nous en sommes encore au poste à galène. À l'ère infantile. Mais les réseaux vont évoluer, dans les années qui viennent. A cet égard, la responsabilité individuelle de chaque contributeur est en cause. A chacun d'entre nous de décider quelle pierre - ou quelle fenêtre - il entend apporter à cette passionnante architecture collective.

     

    Pascal Décaillet

     

     
  • Ecrire pour tous

     

    Sur le vif - Jeudi 11.01.18 - 10.49h

     

    Lorsque je m'exprime, dans un commentaire politique, ici ou ailleurs, je ne le fais JAMAIS à l'attention de mes seuls pairs. Ni d'un parti. Ni de la droite. Ni de la gauche. Ni d'une quelconque faction.

     

    Lorsque j'écris, c'est pour tous. Toutes les citoyennes. Tous les citoyens. Toutes les tranches d'âge. Toutes les nationalités. Toutes les conditions sociales, avec un grand respect pour les plus modestes, les plus délaissées. Toutes les religions, ou absences de religion, sans JAMAIS en stigmatiser aucune.

     

    Toutes les personnes qui veulent bien - et je les en remercie - prendre deux ou trois minutes pour me lire.

     

    Trop de journalistes, tétanisés par l'ambiance de Jugement dernier de certaines séances de rédaction, n'écrivent, ou ne prennent la parole, que pour plaire à leurs pairs. Ou à l'armée de séraphins de leurs hiérarchies.

     

    Cette forme d'angoisse face aux semblables ne produit que de l'autocensure et de la complaisance. Elle est négatrice de liberté, castratrice , étouffante. Elle suinte le cercle fermé, sans la moindre fenêtre ouverte sur la vraie vie, celle qui palpite en-dehors de nos consciences.

     

    Pascal Décaillet