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Sur le vif - Page 631

  • Coups bas

     

    Sur le vif - Lundi 12.03.18 - 12.32h

     

    Attaquer Anne Emery-Torracinta, par tous les moyens possibles, est le sport favori, ces jours, dans la classe politique genevoise, en pleine férocité de la campagne.

     

    Certains, comme des motionnaires PLR, le font de façon correcte, précise, ciblée, sur des sujets thématiques. C'est le jeu politique, il n'y a rien à dire.

     

    D'autres, ailleurs, exploitent éhontément une certaine actualité judiciaire, pour porter, à cinq semaines de l'échéance, une estocade dont l'opportunisme crasse ne les grandit pas.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Aigle royal et pie bavarde

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    Sur le vif - Dimanche 11.03.18 - 15.58h

     

    Il y aurait tant à dire sur le total dévoiement du mot "chroniqueur", depuis une dizaine d'années, dans les émissions radio et TV.

     

    A l'origine, un chroniqueur, ou une chroniqueuse, sont l'homme ou la femme d'une courte et intense apparition. Contrairement au meneur de toute une tranche d'émission, le chroniqueur surgit, dense et furtif, pour son moment de gloire. Il doit être silex, feu, étincelles. Puis, s'éclipser.

     

    Ainsi, Mauriac était chroniqueur au Figaro. Ou Clavel, au Nouvel Observateur. Un nombre de signes très réduit, un texte ciselé, serti. Une étoile filante.

     

    Ainsi, le chroniqueur radio. Une minute pour un papier, dense, envoyé, sans appel. Une minute trente pour un commentaire. Et puis voilà. La chute, la révérence, la disparition. Et le meneur qui reprend la parole. Pour passer à autre chose.

     

    Aujourd'hui, hélas, sous l'influence de quelques cercles parisiens où l'on ricane et se congratule entre soi, le mot "chroniqueur" ne désigne plus le sublime passant furtif, mais l'impénitent bavard. Il siège, là, comme un roitelet, tout le temps de l'émission. Il intervient sur tout et sur rien. Donne son avis sur l'ensemble des sujets de l'univers, à commencer par ceux qu'il ne maîtrise pas.

     

    Le chroniqueur était un aigle royal. Il est devenu une pie bavarde.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Anti-68 de la première heure !

     

    Sur le vif - Samedi 10.03.18 - 15.42h

     

    Mon opposition viscérale, féroce, intransigeante à Mai 68 date de... mai 68 ! Elle est née en parfaite contemporanéité des faits. J'allais sur mes dix ans, j'étais sur la fin de l'école primaire, que j'adorais, j'étais conscient des enjeux politiques français depuis la campagne présidentielle française de décembre 1965. Puis, celle des législatives (beaucoup moins spectaculaire, mais je l'avais suivie sur les écrans) du printemps 1967.

     

    Oui, j'ai rejeté Mai 68 au moment même des événements. Parce que mes aînés de dix ans manifestaient contre un système scolaire que, pour ma part (à mon petit niveau de l'école primaire), je trouvais affranchissant et passionnant. J'étais fou d'Histoire, de géographie, de compositions françaises, j'adorais les sciences naturelles, la récitation de poésies, bref je n'avais absolument pas à me plaindre de l'école. Je peinais donc, à tort ou à raison, à partager les griefs hargneux de mes aînés contre une institution scolaire que, pour ma part, là où j'étais, je trouvais ouvreuse de portes infinies, sur les chemins de la connaissance.

     

    Et puis, il y avait de Gaulle. C'était mon héros, depuis décembre 65, sans doute même avant. Nous en parlions beaucoup en famille, ma mère l'adorait, je l'imitais à table, c'était un personnage, il faisait partie de la famille. Et pourtant, à dix ans, je ne savais pas encore - ou à peine - le rôle de libérateur qui avait été le sien, 24 ans plus tôt, en 1944. Cela, je l'ai appris à partir de l'âge de 12 ans, en lisant ses Mémoires de Guerre. Puis, j'ai passé ma vie à creuser.

     

    Bref, j'aimais de Gaulle, passionnément. Et je ne comprenais absolument pas pourquoi mes aînés de dix ans, sous prétexte de lutter contre un mandarinat universitaire dont je veux bien admettre la pesanteur à l'époque, demandaient le départ de cet exceptionnel vieillard qui portait dans le monde la voix de la France.

     

    Alors voilà, j'aimais de Gaulle. Ils le détestaient. Donc je les détestais. C'est aussi simple que cela. J'ai tout rejeté, violemment, en bloc, toute ma vie, depuis exactement un demi-siècle. J'ai rejeté Mai 68. J'ai rejeté la mouvance intellectuelle, scolaire notamment, hélas portée pendant des décennies par ce mouvement. J'ai rejeté l'idée libertaire, par amour intransigeant de la République, austère, égalitaire et régalienne. J'ai rejeté dès le mois de mai l'insupportable personne de Cohn-Bendit. J'ai rejeté le refus de vieillir, et d'assumer sa génération, de tous ces adultes qui voulaient plaire au mouvement des jeunes. J'ai passé ma vie à lire des milliers de livres d'Histoire de France, d'Histoire allemande aussi, avec le récit des guerres et des batailles, des traités, la permanence du tragique, du sacrifice et de la mort.

     

    J'ai passé un demi-siècle à haïr 68.

     

    Haïr, oui je sais, le mot est fort. Mais c'est ainsi.

     

    Je n'ai pas eu besoin d'attendre Sarkozy, cet orléaniste gesticulant, pour prendre une totale, viscérale, absolue et définitive distance face à cette idéologie éruptive, jeuniste, individualiste et libertaire, qui représente ce que je rejette le plus au monde.

     

    Et ça n'a rien à voir avec la droite ou la gauche. J'ai maintes fois voté à gauche. J'étais pour Mitterrand en 81, et même encore en 88. Willy Brandt, Pierre Mendès France, font partie de mon Panthéon.

     

    Non. C'est la question de la République et de l'Etat, contre le désordre libertaire, donc au fond libéral.

     

    Bonne journée à tous.

     

    Pascal Décaillet