Sur le vif - Jeudi 09.08.18 - 06.33h
Les syndicats suisses ont parfaitement raison de se montrer intransigeants face à M. Schneider-Ammann sur les mesures d'accompagnement à la libre circulation des personnes.
La question fondamentale ne tient pas autour des quatre ou huit jours d'annonce. Non, elle est une stratégie de principe, donc une affaire politique : depuis quand le partenaire d'une négociation annonce-t-il la possibilité d'une concession, avant même d'entrer en discussion ? Nos deux conseillers fédéraux PLR, MM Cassis et Schneider-Ammann, ont-ils perdu la raison ?
Sur le fond, ces "mesures d'accompagnement", vaste plaisanterie du début des années 2000 pour faire passer auprès de la gauche le principe ultra-libéral de libre circulation, sont déjà le minimum du minimum - à vrai dire, sous le minimum - pour donner de frêles signaux de protection des travailleurs suisses contre la férocité de l'ouverture des frontières.
La réaction des syndicats suisses, bien tardive, constitue peut-être l'amorce du réveil d'une gauche suisse en béatitude internationaliste face au dérèglement systématique de notre cohésion sociale, entrepris par la pensée ultra-libérale, spéculatrice, négatrice d’État et de nation, vassale du profit.
Puisse la gauche suisse quitter cette alliance malsaine et insensée avec un courant politique contraire à ses valeurs. Faute de cette rupture de front, elle perdra son âme.
Puisse-t-elle retrouver le sens du périmètre national, de la protection des travailleurs suisses, des plus faibles et des plus délaissés à l'intérieur de notre pays. Comme nous l'avons déjà dit ici, si elle renonce à ce combat, d'autres le mèneront pour elle.
Pascal Décaillet