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Sur le vif - Page 647

  • Ils ont fini par avoir sa peau

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    Sur le vif - Dimanche 17.12.17 - 19.16h

     

    On l’a appris ce soir, sur le coup de 18.52h : Yannick Buttet tire la prise. Il démissionne du Conseil national. Soumis à une pression médiatique sans précédent, celle d’une véritable meute affamée de sa peau, et qui a fini par l’obtenir, l’homme, juste avant Noël, sans doute épuisé nerveusement, a préféré quitter le terrain. C’est sa décision. Elle lui appartient. Qui d’entre nous, face à une telle pression, une telle hargne, aurait pu tenir ?

     

    Pour ma part, toute cette affaire, depuis le début, me donne la nausée. Il y a eu un cas, très précis, celui de la scène de Sierre, où une plainte a été déposée. Fort bien : on aurait pu attendre qu'elle fût instruite, non ? Le reste, les « affaires bernoises » ce sont des « témoignages anonymes » : le rôle de la presse, celui du journalisme politique, n’était pas de les colporter avec une telle facilité, une telle automaticité, une telle sanctification idéologique du rôle de la victime. Tout cela, sans qu’il n’y ait eu ni plainte (à notre connaissance), ni instruction, ni procès, ni condamnation définitive, après épuisement des recours prévus dans notre Etat de droit.

     

    Ce qui a fait craquer l’homme, ça n’est pas le droit. C’est la pression de certains médias. La pression, aussi, d’une idéologie, tellement porteuse, tellement à la mode depuis quelques années, que nul n’ose lui résister, quitte à aller plus vite que le droit, plus vite que la justice, plus vite que la musique.

     

    Toute cette affaire me dégoûte. Et contribue à me détourner, encore un peu plus, de certains milieux, certaines méthodes, dans un métier qui est le mien depuis 32 ans. Et que je continuerai, jusqu’au bout, à pratiquer comme un journaliste politique, soucieux d’intérêt public. Et non de s’engouffrer dans la première meute venue, pourvu qu’elle soit de rage et de puissance, de hurlements, de stridence et de lacérations.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Cadets et grognards

     

    Sur le vif - Dimanche 17.12.17 - 16.32h

     

    C'est fou, le nombre de gens intarissables sur le journalisme, avant même d'avoir seulement commencé à exercer ce métier. Commenceront-ils jamais, d'ailleurs, par les temps qui courent ?

     

    Intarissables sur le service public, sans y avoir jamais travaillé. Jamais conçu une émission de grande écoute, pour en faire quelque chose de rassembleur, dans l'espace citoyen. Jamais porté cette émission, jour après jour, de longues années. Jamais sacrifié leurs jours, leurs nuits, leur santé peut-être, au service de l'intérêt supérieur d'une production.

     

    Intarissables, aussi, sur l'univers du privé, sans avoir jamais créé une entreprise. Rempli une fiche de salaire. Investi dans des locaux, du matériel, des projets. Eu peur, pour l'avenir.

     

    Intarissables. Il savent tout sur tout. Donnent leur avis, tous azimuts. Font la leçon. Ont la science infuse. Même pas encore cadets, ils voudraient nous tenir le discours du grognard.

     

    Mais enfin, quelle a été leur preuve par l'acte ? Qu'ont-ils FAIT (du verbe FAIRE, et pas du verbe pérorer), de nature à donner à leur discours du crédit, de l'autorité ?

     

    Quelle connaissance ont-ils, sur la longueur, des mécanismes du journalisme, de la presse, de l'audiovisuel sur le théâtre d'opérations de la Suisse romande ?

     

    Connaissent-ils le terrain ? Connaissent-ils les hommes, les forces et les faiblesses de chacun ? Sont-ils renseignés sur la réalité des choses ? Quels combats ont-ils menés ? Quelles victoires ont-ils remportées ? Sont-ils tombés ? Se sont-ils relevés ? Connaissent-ils seulement l'odeur de la poudre ?

     

    Quelles cicatrices, quelles blessures, portent-ils de ce métier magnifique, qu'ils ne connaissent tout simplement pas ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Parlement n'est pas une cour d'école !

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    Sur le vif - Mercredi 13.12.17 - 15.47h

     

    Si vraiment, ce matin, chacun des 246 parlementaires de notre Confédération a reçu, sur son bureau, une circulaire lui expliquant, comme à des élèves de 15 ans, la différence entre "flirt" et "harcèlement", c'est que notre Parlement cherche à pulvériser, dans l'ordre de l'infantilisation et celui du ridicule, tous les murs du son imaginables.

     

    Nous, les citoyennes et citoyens, pourquoi envoyons-nous des gens siéger sous la Coupole ? Réponse : pour qu'ils fassent des lois. Punkt, Schluss. Si ces lois nous déplaisent, attaquons-les par référendum. Le souverain, en dernière lecture, c'est le corps électoral tout entier, près de cinq millions de Suisses et Suissesses, ça n'est pas le Parlement.

     

    Nous les envoyons siéger pour qu'ils fabriquent des lois. Ce qui se passe entre eux, de bon ou de mauvais, de remarquable ou de répréhensible, de l'ordre de l'élévation de l'âme ou de la grosse lourdeur que je suis le premier à détester, tout cela doit nous laisser parfaitement indifférents.

     

    Si des parlementaires estiment que certains de leurs collègues ont transgressé la loi (qui doit être, en République, notre seule norme), ils peuvent évidemment déposer plainte, c'est le droit de tout citoyen. Si cette plainte n'est pas classée, qu'elle est instruite, aboutit à un procès, puis à une condamnation définitive, alors oui, l'intéressé doit démissionner. Non parce qu'il est un gros lourdaud. Mais, tout simplement, parce qu'il a enfreint l'une des lois de notre pays. Alors que, justement, il est censé les fabriquer.

     

    Pour ma part, comme je l'ai écrit dans d'autres textes, tant que la personne n'est pas condamnée par la justice, elle peut continuer - si elle le souhaite - à exercer ses fonctions.

     

    Quant à distribuer à 246 personnes adultes, vaccinées, choisies par les citoyens de 26 cantons pour les représenter au plus haut niveau de notre pays, une circulaire relevant de la cour d'école, il y a là, de la part du Parlement, une précipitation à s'agenouiller devant la pression médiatique, tout simplement hallucinante.

     

    Qu'ils fassent des lois, au mieux. Le reste ne relève pas du journalisme politique. Mais du potin. Ou de la délation.

     

     

    Pascal Décaillet